Comme s’en souvient plus loin Nimrod, en reconnaissance fervente et active d’une commune pratique de l’éloge, personne je crois, n’a su mieux que Pierre Oster, et avec quelle économie de mots (ces quelques lignes), et avec quel luxe de précision (cette justesse sobre), dire cette permanence-là, à la fois intimidante et ouverte, majestueuse et accueillante, qui caractérise justement l’œuvre de Saint-John Perse : « Une sagesse très ancienne inspire le seul maître que nous puissions aujourd’hui honorer. Aussi bien le prix qui s’attache à son œuvre ne dépend-il pas de notre sentiment. Cette grande parole retentit à ciel ouvert. Une sérénité souveraine l’empreint. Sachons qu’il nous est loisible d’en tirer bénéfice. »{ 1} Il nous était tout aussi « loisible », en somme, cinquante ans après l’attribution à Saint-John Perse du Prix Nobel de Littérature, de considérer le demi-siècle, déjà, qui nous séparait de cette consécration, pour mieux mesurer le chemin parcouru pour la transmission de cette poésie.