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Citation de GabySensei


Elles marchèrent jusqu'au triste perron déjeté à l'arrière de la maison. Les planches des marches étaient pourries, donc elles grimpèrent sur le côté en s'appuyant sur la poutre porteuse. Lorsqu'elle s'appuya sur la porte, celle-ci s'ouvrit aisément. L'air sec et chaud dégageait une odeur de poussière et, imaginait-elle, de solitude. Mais les murs étaient en bon état, hormis quelques morceaux de papier peint qui se décollaient par endroits, la peinture était défraichie et, bien que le plancher craquât, il était résistant. Elle reconnut le travail soigneux et attentif des vieux outils ainsi que la précision et l'assurance des mains calleuses sur le bois brut, un retour vers des jours anciens, flous, dont elle se souvenait à peine et qu'elle revivait encore moins. C'était une maison de travailleur. Elle admira les lambris, les moulures et les angles sculptés des montants des portes et des fenêtres. Le pilastre au bas de l'escalier était couvert de poussière qu'elle enleva de la paume de la main afin de voir le grain du bois ; elle s'émerveilla du lustre qu'avaient laissé une ou deux générations d'enfants, d'aînés et de proches au cours de leurs passages quotidiens dans l'escalier et dans cette maison perchée en bordure de pâturage, au creux d'une vallée bordée de montagnes. C'était une maison sortie du sol avec une vision juste et patiente. Une maison bâtie en communauté. Emmy était sensible à l'énergie de son édification, à la vibration des impulsions et des trajectoires des vies qu'elle tenait sous sa coupe, les nourrissant jusqu'à ce qu'elles prennent leur envol, enfermant pour toujours leurs cris, leurs appels, leurs rires, leurs murmures et leurs paroles dans le bois, les poutres et les murs. Il y avait dans cette vieille maison une part d'elle-même qu'elle reconnaissait et une part qu'elle ne reconnaissait pas du tout. Ça la rendait mélancolique et lui donnait envie de pleurer. Finalement, elle s'essuya les yeux et monta l'escalier, sa fille trainassant derrière elle.

(P68-69)
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