AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de VincentGloeckler


Après dix ans dans la marine, et dans la perspetive d'une vie terrestre nouvelle, il n'est pas improbable que tu te sois acheté une moto - une BSA peut-être, et pourquoi pas le modèle A65 puisque tu en avis les moyens.
Chevauchant cette belle mécanique, les haies de broussailles, les gras pâturages, les hameaux de pierre s'évanouissant au coin de tes yeux en nappes de couleur fondues dans la vitesse. Le glouglou profond du moteur réverbéré par le bitume te montait à la tête avant de s'élever jusqu'au ciel, et la fragile puissance de ton corps accouplé à la machine te procurait à chaque virage d'enivrants vertiges.
Tous les jours à l'heure où le soleil va s'éteindre dans la mer, tu fendais les prairies galloises parsemées de bosquets d'ajoncs et, au printemps, de tapis de fleurs mauves. Si la lumière était belle, tu t'arrêtais pour marcher jusqu'en l'un de ces points où la lande se brise en une roche noire et gibbeuse, là où la mer d'Irlande, sous l'effet d'un vent endémique, dessine un délicat liseré d'écume. Eventuellement les lièvres, ou quelque mustélidé, t'entendaient réciter les vers qui toujours s'écoulaient de toi en longs murmures mélodieux, jusqu'à ce qu'enfin, parvenu aux confins littoraux, ivre du grand air et de la solitude des lieux, tu t'abandonnes à déclamer à tue-tête une poésie du fond des âges, gagné par cette eurythmie qu'inspire le chant lancinant des eaux sauvages.
(pp.82-83)
Commenter  J’apprécie          20





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}