Si tu dois faire quelque chose de pas bien catholique, mais pas trop quand même, fais-le. Les remords s'effacent un jour ou l'autre, la misère laisse des cicatrices qui ne se referment pas.
(La vie des gueux amadouée en proverbes, Jean-Pierre Misset)
Drak concentrait les problèmes : il s'agissait tout de même du genre de lieu où, lors d'un cas avéré de nécrophilie, la première étape était de savoir si la victime était consentante au moment des faits. (Debout les morts !, Mélaine Legrand)
Bonheur ! Bonheur ! Aspiration basse, brouet pour les êtres à groin, narcotique ! Jeune homme à l'âme d'envergure, ne vise jamais le bonheur ! Lève les yeux ! Que tes semelles ne collent pas ! Sois de ceux qui volent !...
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Au petit matin, un aigle royal survole les alpes rhétiques dans un ciel d’azur glacial. Le manteau blanc de la neige recouvre presque uniformément vallées, cols et sommets. L’aigle n’a donc aucun mal à repérer la colonne de fumée qui s’échappe de la construction humaine installée sur un petit plateau. Des étendards d’un rouge sanglant y battent au vent, frappés d’un aigle impérial doré, proclamant à qui peut les voir qu’ici aussi l’Empire de Rome impose sa paix. Au pied de l’un de ces étendards le tribun Marcus Aurelius Celsus observe l’aigle en retour. Sa mâchoire est entourée d’une bande de tissu maculée de sang. Comme presque tous les jours, il envie le vol libre de l’oiseau et sacrifierait volontiers sa solde pour pouvoir quitter le camp fortifié de Mons Cæli et la demi-cohorte qui l’occupe en quelques battements d’ailes. Ce qui s’y passe ne lui plait pas et moins encore les missions que le medicus castrorum Petrus Moriatus Ludovicus lui confie. Lui, un médecin ? Un boucher, plutôt ! Un être amoral, d’une insensibilité glaçante, dont les expériences magiques contre nature défient l’entendement. Les hommes du tribun, des légionnaires aguerris qui ont connu maints carnages sur les champs de bataille, participé à des pillages et à des exactions condamnées par les Dieux, regimbent depuis quelque temps à lui fournir de nouveaux prisonniers. Le tribun s’en est ouvert par écrit au légat de la troisième légion. Le légat lui a assuré en retour avoir transmis son courrier à Rome.
La réaction de Rome s’est avérée particulièrement rapide et surtout d’envergure, cela n’a pas laissé d’interpeller le tribun : L’Imperator Cæsar Lucius Ælius Aurelius Commodus est attendu sous peu au fort de Mons Cæli. L’Empereur Commode lui-même !
(Philippe-Aurèle Leroux, Atrium Miraculorum)
Et tout ce beau monde, proies et prédateurs, s’évanouit dans les airs sous les yeux hébétés d’un spectateur planté au bord du chemin, une vieille botte pourrie à la main, une bouteille de vin presque vide dans l’autre.
Quand le rectangle se fut dissipé, les cailloux qui recouvraient le sol perdirent leur éclat et disparurent. Il ne restait plus trace de l’évènement. Les oiseaux piaillèrent à nouveau, un lapin montra l’oreille, et le jardinier barbu accorda un long regard inquiet à sa bouteille avant de se prononcer d’une voix blanche :
- J’arett demin.
Plus tard, dès que la gargouye fut sortie de son sommeil, Ophéline lui parla d’une voix tendre et persuasive :
- Je veillerai sur toi, nuit et jour. J’irai chasser et je te nourrirai. Tu reprendras des forces. Tu ne mourras pas. Tu ne seras jamais seule.
Sa protégée émit une petite plainte qu’Ophéline se plut à considérer comme un signe de complicité. Elles échangèrent un sourire, Ophéline glissa sa main dans celle, énorme, de la gargouye. Un pacte venait de naître.
- Il est gentil, ce prêtre... Un peu alcoolique mais on peut pas lui en vouloir. La voix du Christ ne peut pas venir toute seule.
(La valse des miracles, Ethel Karskens)
- L’écran va se matérialiser à un endroit où le défilé s’élargit. Il y a là un espace dégagé, une espèce de cirque naturel dont les bords sont très escarpés. L’idéal serait d’y aller par la voie des airs, mais on n’a pas le temps d’attendre que les ailes nous poussent.
- J’aime bien ton humour, tu sais.
- Je voudrais que tu fasses attention. Il n’y a pas de milliardaires dans ma famille, il n’y en a jamais eu.
- Et alors ?
Il osa lui toucher la main, très légèrement, et lui révéla le fond de sa pensée :
- Peut-être que ces pirates, ce n’est pas moi qu’ils cherchent, mais toi.
Ophéline parut troublée par la remarque, comme si Loup avait fait surgir dans son esprit une hypothèse inattendue, une hypothèse qui ne l’avait jamais effleurée mais qui n’était pas dénuée d’une certaine vraisemblance.
On me prend pour quelqu’un d’autre. Sur l’île du Salut, on m’a posé beaucoup de questions, on m’a fait passer des tests, intellectuels, sanguins, ADN, tout ce que vous pouvez imaginer. Résultat : zéro. Je ne suis pas quelqu’un d’important, monsieur Yépi. Je ne suis qu’un Grain de sable, comme ils m’ont dit là-bas. Je n’ai pas de valeur.