Vers nonsensiques
À Potsdam, les totaux absteneurs,
Comme tant d'autres titotalleurs,
Sont gloutons, omnivores,
Nasorubicolores,
Grands manchons, et terribles duffeurs.
Un vieux duc (le meilleur des époux)
Demandait (en lui tâtant le pouls)
À sa vieille duchesse
(Qu'un vieux catarrhe oppresse) :
« Et ton thé, t'a-t-il ôté ta toux ? »
« Cassez-vous, cassez-vous, cassez-vous,
O mer, sur vos froids gris cailloux ! »
Ainsi traduisait LAURE
Au profit d'ISIDORE
(Bon jeune homme, et son futur époux).
Il existe une Espinstère à Tours,
Un peu vite, et qui porte toujours
Un ulster peau-de-phoque,
Un chapeaux bilicoque,
Et des nicreboqueurs en velours.
Il naquit près de Choisy-le-Roi ;
Le Latin lui causait de l'effroi ;
Et les mathématiques
Lui donnaient des coliques,
Et le Grec l'enrhûmait. Ce fut moi.
Un Marin naufragé (de Doncastre)
Pour prière, au milieu du désastre,
Répétait à genoux
Ces mots simples et doux :
« Scintillez, scintillez, petit astre ! »
Il était un gendarme à Nanteuil,
Qui n'avait qu'une dent et qu'un œil;
Mais cet œil solitaire
Était plein de mystère ;
Cette dent, d'importance et d'orgueil.
« Oui, Français, votre patrie est belle,
Et chez vous le soleil étincelle !
Mais l'on n'a pas chez vous
Ces deux objets si doux,
Le Pôqueur, et la Côle-escoutelle ! »
p.106-108
George du Maurier (1834-1896)