TEDX Lille 2016 : Robert Branche nous invite à réfléchir sur le rôle du citoyen dans l'avenir de la citée. Et si chacun faisait sa part est une façon d'inviter à être acteur des changements désirés. Se sentir responsable des choix de société et impliqués dans la vie publique.
1 JEAN.
Assis sur le rebord du mur,le visage balayé par la pluie,frissonnant malgré la chaleur de cet après-midi de debut d'été, je regardais mon manuscrit se dissoudre devant moi.Des heures,des jours,des semaines de travail coulaient là depuis le papier détrempé. Comme un fleuve de sang ,l'encre rouge se répandait,et mon roman inachevé agonisait sans bruit sur les pierres du mur.( Page9).
Pourquoi avais -Je changé constamment de partenaire? Par ennui.Oui par ennui,car généralement au bout d'une nuit,ou au maximum au bout de quelques jours, je m'ennuyais à ses côtés. Passé le charme de la découverte ,j'avais tout compris de lui,et je pouvais finir ses phrases dès les premiers mots prononcés.Je me sentais proche de la poésie désabusée de Léonard Cohen,j'aurais pu écrire comme dans sa chanson 《 I tried To leave you》: 《 Me réveiller chaque matin à tes côtés, les années passent,tu perds ton charme 》,simplement je n'avais pas besoin d'années, quelques jours me suffisaient ! Plutôt que vivre une succession monotone et prévisible de moments sans intérêt, ni relief,j'avais préféré vivre une succession d'amants nouveaux ,exotiques et imprévus. ( Page 77).
Personne ne sut jamais que la solution proposée n'était pas la solution voulue.Le monde put ainsi s'extasier devant la beauté de ce roman,roman dont je m'étais attribué la paternité.Après tout,personne ne connaissait Jean à part moi,alors pourquoi faire compliqué?
Et ,comme le corps de Jean disparut mystérieusement ,je n'eus même pas à m'en préoccuper.....(Page 155).
MARC,
Une dernière fois,je réajustai mon noeud de cravate.
Voilà, il était parfait,ni trop gros ,ni trop petit ,parfaitement symétrique, l'ensemble surgissant avec détermination du col à l'anglaise de ma chemise blanche.
Un équilibre en suspension ,un jet bleu et soyeux.Plus que cinq minutes,avant le début de la conférence. Je sentais l'adrénaline se promener dans mes veines .Pas de stress ,non juste de l'adrénaline.
Avec ma petite quarantaine ,j'avais déjà une longue pratique de la parole en public : saisir l'attention dès les premières minutes ,une plaisanterie apparemment improvisée alors qu'elle a été longuement préparée et répétée; un flux continu,un story telling supporté par quelques visuels qui défilaient derrière moi;une conclusion en forme de pirouette; pour finir ,le jeu des questions -réponses avec l'auditoire.Non,rien à craindre,tout allait bien se passer.( Page 9).
La nuit,allongé sur mon lit,au cours de mes fréquentes insomnies ,je repensais souvent à ce spectacle.Allégorie de ma propre vie: mes amants n'avaient pas plus de réalité que ces mannequins.Je faisais l'amour aux portemanteaux de mes fantasmes et de mes espérances. (Page 68).
Pendant longtemps ,j'ai été Jean.J'ai fui cet autre qui était moi-même. Pour le malheur de ma moitié que je désertais.Puis,je m'étais réveillé Paul.Triste et fissuré.
Maintenant je suis Jean-paul.( Page 168).
Plus tard,bien plus tard,ma conscience resurgit.Petit à petit ,je me recompose et réémerge en tant que personne. Mon intégrité se reconstitue: ces mains sont mes mains ,ces pieds sont mes pieds,cette tête est ma tête. Je renais .
Je retrouve mon Jean, et maladroitement, l'enfile et le reboutonne.Je suis la courbure du mur pour trouver mon chemin,et sors de la backroom .Bien que faible,la lumière ambiante m'éblouit. Je cligne des yeux en m'extrayant de ma tombe.(Page 85).
Nous serons riches de notre diversité, de nos connexions et de nos échanges entre nous et avec le reste du monde.