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Citation de Sycorax


Isabelle, plus tard, et les autres se rappelleraient toujours avec un serrement de coeur indicible ces soirées de leur jeunesse, où il ne se passait rien, et qui leur demeureraient plus inoubliables que les plus grandes joies. Cette soirée, et d'autres déjà, sur une herbe foulée par de jeunes corps, ou ailleurs devant un jet d'eau, avec le murmure grondant de Paris au loin derrière les murailles, et la sensation unique que tout est bref, et qu'il y en a pour peu d'années. Alors, parfois, les dents serrées sur leur poignet, ils laisseraient venir à eux ces nuits douces, ces fins d'après-midi à peine libérées d'un soleil pesant, l'odeur des bancs de classe aux vieux vernis, les poussières disparues, le craquement d'un plancher usé, les conversations à voix basse qui souvent se prolongeaient jusqu'aux confins du jour. Déjà, ils y pensaient. Déjà leur mélancolie future faisait partie de leur plaisir présent, s'installait au centre, et, musique invisible, prévenait en sourdine qu'un seul été encore, peut-être deux, peut-être trois, leur offriraient les merveilles gratuites de la jeunesse, et qu'il faudrait songer ensuite à être sages. [...] C'était un soir d'été commençant, dans ce Paris qu'ils quitteraient un jour, et où les moins sensibles savaient qu'ils avaient enfermé le plus précieux d'eux-mêmes.
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