En contemplant chaque toile de maître Redon, je voyais bien que cette rose était ardente comme l'Eté, piquante comme l'amour, docile comme un baiser; et que ce tournesol, brave garçon et pas artiste, était dessiné et peint selon la volonté du Bon Dieu, c'est à dire carrément, sans recherche dans sa brutale vérité de soleil trapu ou de rustre d'or; et qu'il était naturel qu'au cœur des eaux ce chrysée étalât paradoxalement, afin que l'air ne la froissât pas, sa soie....
Redon est l'homme des "noirs" ces fusains énigmatiques, souvent inquiétants qui ont suscité l'admiration et la convoitise de collecteurs initiés et rares. Mais il est aussi le coloriste flamboyant de sujets historiques, de portraits, de fleurs, de décors recherchés par des amateurs mondains mais tout aussi passionnés.
Sur ces lueurs de météores qui, irradiations de lumière, sont comme des incendies de vérité, redon fait se recueillir des visages qui front hermétique, aux lèvres finalement secrètes et qui, fermant les paupières sur un éblouissement intérieur, contiennent en leur profil le respect du mystère chatoyant de la création.
Si luxuriant était ce noir qu'on le sentait pour ainsi dire chatoyer en dessous de toutes les pourpres du prisme. les voici désormais qui vont éclater d'elles mêmes, ayant jailli es ténèbres, toutes frémissantes de les avoir traversées et rayonnantes ainsi que pour les dissiper encore.