AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de coco4649


Les Ténèbres (1927)

VIII. DE LA FLEUR D’AMOUR
ET DES CHEVAUX MIGRATEURS


La fleur de la forêt dont je conte l’histoire est un
chrysanthème
Les arbres sont morts les champs ont verdi les villes
sont apparues
Les grands chevaux migrateurs piaffent dans leurs
écuries lointaines
Bientôt les grands chevaux migrateurs partent
Les villes regardent passer leur troupeau dans les rues
dont le pavé résonne au choc de leurs sabots et parfois
étincelle
Les champs sont bouleversés par cette cavalcade
Eux la queue traînant dans la poussière et les naseaux
fumants passent devant la fleur
Longtemps se prolongent leurs ombres
Mais que sont-ils devenus les chevaux migrateurs dont
la robe tachetée était un gage de détresse
Parfois on trouve un fossile étrange en creusant la
terre
C’est un de leurs fers
La fleur qui les vit fleurit encore sans tache ni faiblesse
Les feuilles poussent au long de sa tige
Les fougères s’enflamment et se penchent aux fenêtres
des maisons
Mais les arbres que sont-ils devenus
La fleur pourquoi fleurit-elle
Volcans ! ô volcans !
Le ciel s’écroule
Je pense à très loin au plus profond de moi
Les temps abolis sont pareils aux ongles brisés sur les
portes closes
Quand dans les campagnes un paysan va mourir
entouré des fruits mûrs de l’arrière-saison du bruit du
givre qui se craquelle sur les vitres de l’ennui flétri fané
comme les bluets du gazon
Surgissent les chevaux migrateurs
Quand un voyageur s’égare dans les feux follets plus
crevassés que le front des vieillards et qu’il se couche
dans le terrain mouvant
Surgissent les chevaux migrateurs
Quand une fille se couche nue au pied d’un bouleau
et attend
Surgissent les chevaux migrateurs
Ils apparaissent dans un galop de flacons brisés et
d’armoires grinçantes
Ils disparaissent dans un creux
Nulle selle n’a flétri leur échine et leur croupe luisante
reflète le ciel
Ils passent éclaboussant les murs fraîchement recrépis
Et le givre craquant les fruits mûrs les fleurs effeuillées
l'eau croupissante le terrain mou des marécages qui
se modèlent lentement
Voient passer les chevaux migrateurs

Les chevaux migrateurs
Les chevaux migrateurs
Les chevaux migrateurs

p. 118-119
Commenter  J’apprécie          30





Ont apprécié cette citation (2)voir plus




{* *}