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Citation de Ciryaher


J'étais au lit, tout éveillé, lorsque je l'entendis monter l'escalier en titubant et en chantant. Mylord n'avait pas le don musical : son frère possédait toutes les grâces de la famille; aussi quand je parle de chanter, il faut entendre une sorte de mélopée élevée, intermédiaire à la diction et au chant. Il sort quelque chose d'analogue de la bouche des enfants qui n'ont pas encore appris à se contraindre; venant d'un homme mûr, cela produisait un effet bizarre. Il ouvrit la porte avec des précautions bruyantes; jeta un coup d'oeil à l'intérieur, en abritant de la main sa bougie; crut que je dormais; entra, déposa son bougeoir sur la table, et ôta son chapeau. Je le voyais en plein; une vive surexcitation fiévreuse brouillait ses veines, et il restait à sourire devant la bougie d'une façon contrainte. Puis il leva le bras, claqua des doigts, et se mit à se déshabiller. Ce faisant, il oublia ma présence, et reprit sa chanson; et alors je compris les paroles. C'étaient celles d'une vieille complainte, "Les Deux Corbeaux", infiniment répétée :
Et sur ses os dénudés
Le vent soufflera pour jamais
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