"L'hypothèse que la randonnée s'arrête là où l'échelle pour la haute montagne commence , est un grave malentendu, toujours et encore source de situations délicates. En réalité, une randonnée alpine en haut de l'échelle de difficulté (T5,T6) est en règle générale nettement plus exigeante que, par exemple, une course de montagne cotée F [...]"
(copié par l'auteur sur le site du Club Alpin Suisse)
Ce cirque* représente incontestablement l'un des hauts lieux de la montagne luchonnaise. En venant de l'Ouest, après le Grand-Vignemale, l'incomparable Gavarnie et l'immense Troumouse, en aucun point la crête frontière n'atteint ce caractère de haute montagne. Et au-delà, vers l'Est, elle ne le retrouvera plus.
*Du port d'Oo au col de Litérole
Ce soir, les horizons familiers nous paraissent empreints d'une beauté nouvelle plus étonnante, plus lumineuse. Est-ce parce que le soleil, sur la fin de sa course, les éclaire d'une lumière oblique, qui projette sur les vallées et les pentes inférieures des ombres allongées, dont les teintes, d'un bleu obscur, contraste violemment avec les pics éclatants de chaudes couleurs cuivrées? Sans doute, l'heure inusitée à laquelle nous arrivons au sommet nous permet d'admirer un spectacle fort rare, que les sages excursionnistes des voies normales, esclaves d'horaires bien réglés, ne voient que par accident, parce qu'à ce moment-là, ils ont fui depuis longtemps vers les basses vallées, inquiets de manquer l'apéritif, le souper et le lit.
Même en notre douce époque "contestataire", les lois de la montagne ne sauraient être transgressées sans risque. L'insouciance, la fanfaronnade, le mépris des règles et de la prudence sont parfois pardonnés, pour un temps, mais pas toujours, ni pour longtemps.
La face nord de la Pique-Longue, haute de 800 m, peut être considérée comme l'une des plus belles parois des Pyrénées. Elle n'oppose pas de difficulté supérieure à IV, mais la hauteur de la paroi, la nature calcaire du rocher, l'absence d'échappatoire, trois éléments qui y rendent le mauvais temps redoutable, en font une grande course. Elle est réservée aux grimpeurs expérimentés, ou conduits par d'excellents guides et, de toute façon, sérieusement entraînés à l'escalade. Cette ascension se déroule dans un cadre grandiose.
Arriver sous une plate-forme d'éboulis, écarter quelques pierres et se rétablir sur celles qui restent (danger pour le second).
De cette journée de lutte sur la muraille de Pombie, j'ai conservé un merveilleux souvenir : âpre journée cependant, épicée d'averses de grésil, de petites chutes de neige, en prévision desquelles nous avions gardé aux pieds nos souliers à ailes de mouche, qui adhéraient fort mal sur ce porphyre beaucoup moins rugueux que le granit. Les difficultés s'en trouvèrent considérablement augmentées. La paroi nous fit une impression de sévérité, qu'il est difficile d'imaginer quand on grimpe ces rochers solides et francs en espadrilles et par un chaud soleil.
Les schistes du Grand-Batchimale ne présentent évidemment pas un rocher très noble pour les grimpeurs, mais cette montagne ne manque pas de grandeur, et son panorama immense mérite une visite.
L'Oule
Le mot "oule" signifie en dialecte pyrénéen : cirque au fond d'une vallée. L'oule qui n'était autrefois que pâturages a été barrée pour les besoins en énergie électrique de la SNCF et il en est résulté un grand lac de très belle allure entouré de pentes boisées où convergent de nombreux vallons faciles à skier. Des cols très ouverts et très accessibles permettent de passer de la région de l'Oule dans les vallées voisines.
Quelques pitons de trop dans une paroi valent mieux que quelques croix supplémentaires dans le cimetière des alpinistes. Pour qui veut faire son petit Mummery et avoir le plaisir d'enfoncer 50 ou 100 pitons, il reste encore, qui qu'on en pense, bien des rochers vierges, à défaut des grandes parois qui, dans les Pyrénées tout au moins, ne sont pas toutes vaincues.