Citations de Robert Thorogood (154)
Une fois que Sir Peter eut abandonné le champ de bataille, les invités firent la seule chose que pouvaient faire d'authentiques Anglais et Anglaises bien nés : ils reprirent leurs petites conversations comme s'il n'y avait eu aucun problème.
Judith évalua silencieusement la détective Malik. Personne efficace et même compétente, mais totalement dépourvue d'imagination. Le genre première de la classe, conclut-elle sans aménité. A sa décharge, il convient de préciser qu'adolescente Judith s'était fait virer du pensionnat très chic où ses parents l'avaient envoyée. Ainsi que du pensionnat beaucoup moins chic où on l'avait admise ensuite. Puis du pennsionnat suivant. Dans ces conditions, il va de soi que ses relations avec les fameuses premières de la classe n'avaient jamais été au beau fixe.
Bette Davis avait raison, pensa-t-elle : vieillir, ce n'est pas pour les petites natures.
Après la disparition de sa tante, Judith avait adopté son rituel par fidélité : un verre de scotch chaque soir, c'était juste de la bonne éducation. Pour faire honneur à sa tante. (...)
Son trait de whisky du soir en main, elle bâtit son plan d'action. (...).
Elle but d'un trait, ce premier trait .
Elle s'en versa un autre. Ça l'aidait à penser.
La colère de Becks était surtout provoquée par une prise de conscience : ce manque d'autorité au sein de sa famille, elle le devait à elle-même au moins autant qu'à ses proches. À l'époque de ses fiançailles, elle avait hâte d'avoir la bague au doigt et de prendre le nom de son mari ; mais des années plus tard, dépouillée de tout jusqu'à son nom, elle se sentait larguée, à la dérive.
Si l'on ne faisait que des choses intelligentes, on n'irait pas loin , pas vrai?
Judith était installée dans son fauteuil à oreilles préféré, caressant un petit verre de whisky, quand la sonnette de la porte d'entrée retentit. Elle en fut très agacée. A quoi servait-il de vivre seule s'il fallait laisser entrer les gens chez soi ?
Partager la vie de quelqu'un. Non, se dit-elle : impossible. Soyons sérieuse. Elle adorait vivre seule, même si avec Daniel, son chat, elle n'était pas tout à fait seule.
Vers 18 heures, elle eut une petite faim. Comme elle essayait, depuis quelques temps, de perdre un peu de poids, ce serait un oeuf poché sur un toast. Mais un seul oeuf, ce n'était tout de même pas sérieux, alors elle se fit deux oeufs sur deux toasts généreusement beurrés, Et quelques frites au four, pour boucher les trous, puisque le reste du repas avait été tellement diététique.
Les trois amies échangérent un regard. Si Sophia affirmait avoir un mari parfait, c'était la preuve qu'elle mentait.
Qu'est-ce qui a foiré dans ma vie, et quand ? se demanda Becks. Pourtant, elle n'était pas malheureuse. Loin de là. Mais elle n'était pas heureuse non plus.
Judith pensait que malgré son âge, elle avait gardé une certaine beauté, mais que cette beauté était devenue un état d'esprit et avait cessé d'être une apparence.
Quand la police vient chez vous, ce n'est jamais pour vous demander l'heure.
Son plus grand bonheur était de vivre seule sans homme. Ainsi personne ne lui demandait chaque soir ce qu'il y avait à diner ni pourquoi elle sortait des qu'elle mettait le nez dehors.
- Je sais, le stéréotype de la belle-mère impossible, mais elle est bien pire que ça : c'est le mal incarné.
- Voilà un terme très fort, releva Judith.
- Le jour de mon mariage, elle portait sa robe de mariée.
... une seule solution, se trouver une occupation. C'était toujours la solution. Elle alla vers la table du salon, où s'étalait un puzzle inachevé. Oui, voilà une bien meilleure idée : sans risque, succès garanti, et divertissant mais pas trop. Ce puzzle représentait un West Highland terrier en gilet écossais et le château d'Edimbourg en arrière plan. Judith n'aimait pas spécialement les West Highland terriers et pas du tout les West Highland terriers en gilet écossais. Mais comme elle achetait tous ses puzzles dans les dépôts-ventes de Marlow et les y rapportait une fois terminés, elle était bien contente d'en avoir trouvé un qu'elle n'avait jamais encore fait.
Elle se demanda s'il était possible de maîtriser la maman cygne en l'attrapant par le cou, mais, comme toute personne ayant été éduquée en Grande-Bretagne, elle savait qu'un cygne "peut vous casser un bras d'un coup d'aile."
elle savait que, bien souvent, le meilleur moyen de faire parler quelqu'un était de garder le silence.
Pour me souvenir, dit Judith.
De quoi ?
De mes erreurs.
Elle avait prononcé ces derniers mots d'un ton si froid que Suzie eut la vision d'un étang couvert d'une épaisse couche de glace, solide en apparence mais susceptible de craquer à tout moment, révélant sous la surface des tourbillons noire.
Vous êtes sûre ?
Sûre et certaine.
Vous êtes sûre que vous êtes sûre ?
Je vous dis que tout va bien !