Des lettres tantôt fades, polies, courtoises, tantôt riches, poignantes et pleines de subtilité psychologique. Voici ce que dit Montesquiou lorsqu'il sent l'éloignement de Proust irrémédiable :"Il y a, entre nous, désormais, un mur de glace. Il contient, retient, maintient des fleurs colorées et fraîches ; on les voit, mais sans les atteindre "Robert de Montesquiou.
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Petit traité de moi. J'aime !
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Si on ne présente plus Marcel Proust, Robert de Montesquiou a en revanche perdu de sa notoriété avec le temps. C'était un poète prolixe qui avait une vingtaine d'années de plus que Marcel Proust. Notre cher Marcel a fait sa connaissance l'année de ses vingt ans, Montesquiou étant alors vite devenu son ami, son maître et son idole. Un confident de tous les moments, parfois lors de visites de l'un à l'autre ; très souvent dans le cadre d'échanges épistolaires. Mathilde Bertrand a fait une sélection de ces lettres pour nous présenter la relation entretenue par les deux hommes, l'un mobile et mondain, l'autre devenu assigné à domicile, en solitaire avec sa servante, du fait de sa santé précaire.
Or ce que nous présente Mathilde Bertrand témoignage d'une incroyable amitié : les deux écrivains avaient un fort caractère et tenaient à leur liberté de penser, laissant la place à d'innombrables querelles et réconciliations, comme pourrait l'être une relation fraternelle. Ces hauts et ces bas disséminent une certaine intensité dans la lecture du recueil.
Proust et Montesquiou échangent sur tout : leur famille et leurs amis, la vie mondaine, mais aussi, et c'est ce qui m'a le plus touchée, sur leurs écrits, la création de leurs personnages, leurs amusements littéraires, leurs publications, notamment les pastiches que Proust publiait dans Le Figaro. Ils évoquent leurs difficultés du quotidien et la mauvaise santé de Marcel. Frustré, incompris, le pauvre homme ne peut se lever de son lit que quelques heures par mois, l'écriture sur le papier lui est difficile, le sommeil, la fièvre, les éternuements et les douleurs le ralentissent, mais la motivation l'aide à se surpasser et Robert de Montesquiou le guide et l'encourage énormément.
Une magnifique ode à l'amitié et à l'amour de la littérature. Mathilde Bertrand évoque dans la préface les ressemblances entre Robert de Montesquiou et le personnage de Charlus, dans La Recherche du Temps perdu. Je vais relire cette œuvre avec un œil neuf et me ferai mon propre avis.
Quoiqu'il en soit, je vous recommande vivement cette belle lecture.
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