Au XIVème siècle, l'énorme bloc sylvestre de Brocéliande, la forêt celtique qui, jadis, sur trente lieues de long, quinze de large, hérissait la rude échine des monts de Bretagne, a été scindé en larges et impénétrables bastions.
Le nom de Brécélien, adouci en Brocéliande par les poètes de la table ronde, ne désigne plus qu'un vaste pan de futaies, l'actuelle forêt de Paimpont, à l'ouest de Rennes.
Brocéliande, dressée jusqu'au XIème siècle entre le sud et le nord de l'Armorique, comme une profonde muraille arborescente, s'ouvrit pour les romains, les francs, les normands, les anglais qui y entrèrent mais n'en sortirent plus. On s'y égarait mortellement ainsi que dans la forêt canadienne.
Les porchers qui la connaissent pour y conduire leurs troupeaux à la glandée y trouvaient souvent des corps aux trois quarts dévorés. Ceux qui avaient échappé au prodigieux fourré racontaient, une fois rentrés chez eux, de lugubres histoires. [...]
Duguesclin s'y jeta à vingt et un ans. Il en sortit à trente-six...
(extrait du quatrième chapitre "Brocéliande")