Il se passe en effet, quelque chose d’extraordinaire que je commence à entrevoir : des grenadiers, des mitrailleurs, des guetteurs et des canonniers qui redeviennent des hommes, pour la première fois depuis quatre ans ! Hier, on ne leur concédait qu’une âme uniforme, simplifiée, où l’on ne surveillait que l’obéissance et le courage. Aujourd’hui, brusquement, il faut compter avec leurs désirs, leurs instincts, leur passé inconnu auquel ils renouent le présent. Les voilà sortis de la tranchée qui les canalisait (...) Hier, une unité, c’était un régiment ; aujourd’hui, un matricule, c’est quelqu’un qui peut librement, jusqu’à minuit, penser, parler, vouloir, agir. (...) Si j’étais militaire et intelligent, j’en serais épouvanté !...