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Citation de Dude76


" Que fais-tu ici, mon garçon ?" s'enquit une voix familière.
Je me redressai aussitôt, pour constater que la grande silhouette sombre qui avait émergé de dernière le bloc de glace ne s'adressait pas à moi. L'homme souriait Jurt de la tête.
"De la figuration dans une histoire de fou, répondit le spectre de mon demi-frère.
- Et je présume que voici le fou en question. Il cueille une fleur. Une rose en argent d'Ambre - celle du seigneur Corwin, si je ne m'abuse. Bonjour, Merlin. Serais-tu à la recherche de ton père ? "
Je retirai un des fermoirs de rechange que je gardais dans la doublure de mon manteau et l'utilisai pour fixer la rose à gauche de ma poitrine. Mon interlocuteur n'était autre que le seigneur Borel, duc de la Maison royale de Swayvill et - selon certaines rumeurs - ancien amant de ma mère.Il était aussi censé être un des plus redoutables bretteurs des Cours. Tuer Corwin, Bénédict ou Éric était devenu pour lui une véritable obsession, jusqu'au jour où son chemin avait croisé celui de mon père. Malheureusement pour lui, papa était pressé - et ils n'avaient pas eu l'occasion de croiser le fer. Corwin s'était contenté de lui jouer un tour à sa façon et de l'éliminer à l'issue d'un combat peu loyal sur le plan technique. Je n'y trouvais rien à redire. Cet individu ne m'avait jamais été sympathique.
" Vous êtes mort, Borel, lui dis-je. Le savez-vous ? Vous n'êtes que le spectre de l'homme que vous étiez le jour où vous avez traversé le Logrus. Dans le monde réel il n'existe plus de seigneur Borel. Souhaitez-vous en apprendre la raison ? Parce que Corwin vous a tué le jour de la bataille entre Ambre et le Chaos.
- Tu mens, morveux !
- Pas du tout, avança Jurt. Vous êtes bien mort. Transpercé de part en part, à ce qu'on dit. Mais je ne savais pas que c'était Corwin qui vous avait trucidé.
- C'est bien lui", confirmai-je.
Borel détourna les yeux et je vis les muscles de sa mâchoire se contracter et se détendre à plusieurs reprises.
" Et nous nous trouverions dans une sorte d'après-vie ? demanda-t-il un peu plus tard, toujours sans nous regarder.
- Je suppose qu'un tel nom est approprié, lui dis-je.
- Risque-t-on d'y mourir à nouveau ?
- Je le pense.
- Qu'est-ce que c'est que ça ? "
Il avait baissé les yeux et je l'imitai. Quelque chose reposait sur la glace non loin de nous. Je fis un pas dans cette direction.
" Un bras, déclarai-je. Humain, dirait-on.
- Que fait-il ici ?" demanda Jurt qui vint me rejoindre et donna un coup de pied dedans.
Le mouvement qui lui fut ainsi imprimé nous démontra qu'il n'était pas posé sur la glace mais qu'il en saillait. Il se plia et fut agité de contractions spasmodiques pendant plusieurs secondes. J'en remarquai alors un autre, un peu plus loin, et ce qui paraissait être une jambe. Au-delà, il y avait une épaule à laquelle était rattache un bras, une main...
" Le congélateur d'un cannibale", suggérai-je.
Jurt gloussa.
" Tu es donc mort, toi aussi, conclut Borel.
- Non, répondis-je. Je suis le Merlin, authentique. Je ne fais d'ailleurs que passer, sur mon chemin pour un monde meilleur, bien meilleur.
- Et Jurt ?
- Il pose un problème intéressant, à la fois physique et théologique. Il bénéficie d'un étrange don d'ubiquité.
- Dire que j'en bénéficie me paraît exagéré, fit observer l'intéressé. Mais compte tenu de l'alternative je dois m'estimer heureux d'être ici.
- Voilà bien le genre d'attitude positive qui a permis au Cours de réaliser tant de prodiges au fil des ans", commentai-je.
Nouveau gloussement de Jurt.
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