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Citation de Ledraveur


Ainsi, dans les représentations symboliques, le même mot « mère » (yum) désigne aussi l'épouse ou la parèdre. C'est l'union des deux qui donne la Grande Félicité ou le Bodhicitta (byang-sems, « pensée de bodhi », mais aussi assimilé à une “goutte”, sorte de correspondant psychique du sperme).
Ce système explique le procédé de méditation ou, au contraire, s'explique par lui. Le monde phénoménal a une sorte d'utilité. La Vacuité (etnyatà) ne peut exister sans la Compassion active (karunà) ; la Réalité Absolue n'a pas de sens sans qu'il y ait un monde d'existence phénoménale. Mais cette existence, de son côté, ne peut exister sans la Vacuité ou la Réalité Absolue. Ce monde des apparences est alors comparé au fiancé. Sans lui, la fiancée sùnyatà serait comme morte. Mais inversement, si la fiancée était séparée, ne fût-ce qu'un instant, de son fiancé, celui-ci resterait éternellement lié. Le Saint réalise la simultanéité des apparences et de la Vacuité.
Aussi la méditation est-elle une réalisation (sàdhana ; sgrub) en ce sens qu'elle répète, si on peut dire, la relation perpétuelle et jamais commencée entre la Vacuité ou « l'Absolu » et l'existence phénoménale. Elle consiste essentiellement en deux parties : la “création” (mentale) à partir de la Vacuité, qui correspond à l'existence phénoménale (utpannakrama ; bskyedrim), et « l'achèvement » ou le retour à l'unité de « l'Absolu » (nispannakrama ; rdzogs-rim). Seule la première partie est relativement facile à comprendre et à exécuter, du moins dans le système purement tibétain. La seconde y comporte des procédés psycho-physiologiques du yoga (surtout « souffle » et forces sexuelles). L'utilité de la méditation réside donc dans le fait qu'elle permet une sorte de démonstration expérimentale, une expérience vécue, non seulement de la Réalité suprême, de la Vacuité, de « l'Absolu », mais encore de la nature de l'existence phénoménale qui n'en est que la création mentale. Cet exercice, surtout sa seconde partie de réalisation de la Vacuité ou Grande Félicité, a pour but le salut, la libération. Mais il se trouve qu'il a aussi, surtout par sa première partie de création mentale d'existence phénoménale une conséquence pour ainsi dire secondaire, une sorte de sous-produit, à savoir des pouvoirs surnaturels (siddhi ; dngos-grub). Ceux-ci ne sont pas essentiels, mais le saint peut s'en servir pour convertir par des miracles, pour protéger la religion contre des ennemis humains ou non humains et pour faire en général « le bien des êtres ». La réalisation de la Vacuité par la méditation est en effet faite pour soi-même, mais aussi pour les autres : par la compassion (karunà) active, on met les forces qui en découlent au service des êtres.
p. 187-88
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