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3.5/5 (sur 4 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Périgueux , le 15 juin 1989
Biographie :

Écrivain et reporter indépendant, Rorik Dupuis a grandi dans le Périgord et suivi des études de réalisation cinématographique à Paris. Il a exercé quelques années comme éducateur et enseignant, notamment en Égypte et au Maroc. Il est par ailleurs pianiste compositeur de musique électronique.


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Bibliographie de Rorik Dupuis   (2)Voir plus

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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Je vous regarde éplucher une orange, assis à la petite table de la cuisine.
C’est beau, votre concentration, drôle même – comme l’enfant absorbé par son jeu, qui lève un instant les yeux pour vous dire quelque chose d’absurdement rationnel et replonge aussitôt, avec la même passion, dans son monde imaginaire – l’ongle du pouce se glissant entre la chair et l’écorce, le pouce et l’index détachant méticuleusement l’écorce, la déposant en morceaux aléatoires sur la petite table de la cuisine.
Les doigts séparant la chair.
Je n’aime pas vous regarder dans les yeux, j’ai l’impression de vous violenter. Je vous regarde d’en bas ou d’en haut.
Profil droit je ne vous ai pas reconnu, dans le bus, pourtant c’était bien vous : quand vous avez tourné la tête, vous m’avez vu, ligne 62.
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La ville est un piège.
(...)
Je te rencontre en contre-plongée.
Au jardin botanique.
(...)
Allons boire un coup, allons marcher.
Mais, ne dois-je pas aller travailler ? Quelle heure est-il ?
(...)
Combien de temps avons-nous marché ?
Nous avons traversé la ville de long en large, les quartiers bourgeois, les bidonvilles.
Nous ne nous sommes jamais arrêtés, nous n’avons jamais fait connaissance.
Je me suis joyeusement laissé entraîner.
Quelle heure est-il, quel jour est-on ? Ne dois-je pas aller travailler ?
Il y a cette lumière basse, déclinante ou naissante, c’est difficile de dire quelle heure il est.
(...)
Je ne me préoccupe plus de l’heure, de mes responsabilités.
Les responsabilités sont relatives.
(...)
Il faut escalader les barricades, courir, ne pas se perdre de vue. Quand la lumière sera trop forte. Ou s’éteindra.
J’ai du mal à reconstituer la chronologie des évènements, s’il y a eu des faits prémonitoires, des faits anachroniques, je ne sais plus.
Confusion.
(...)
Nous nous sommes peut-être arrêtés, dans un bistrot, ou devant chez moi, pour nous regarder et nous congédier. Mais cela ne me revient pas.
Je ne me souviens que d’une étrange course-poursuite, l’effort, l’attention, pour ne pas te perdre de vue.
Puis il y a eu cette intrusion dans l’appartement labyrinthique de la vieille dame, la fuite, l’arrivée sur le balcon, l’impression de cul-de-sac, et le saut.
Traverser le jardin de la résidence à toutes jambes, franchir les palissades.
Et à nouveau la rue.
Les félicitations, le sourire.
Y avait-il réellement quelque chose à craindre ? Un jeu.
(...)
Où sommes-nous ? Je me souviens qu’à 18h j’ai quelque chose. Je ne sais plus ce que c’est, un rendez-vous galant, un rendez-vous professionnel ?
Jean, pouvez-vous me dire ?
Quand nous nous sommes rencontrés, sur les pelouses escarpées du parc, au pied de la statue d’Hippomène, nous nous tutoyions je crois.
Vous voyez, ce tiraillement permanent : « J’ai autant besoin de vous que de solitude ».
Vous voyez, c’est mathématique. Des forces compensatrices.
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SEPTEMBRE – Je ne sais si cela tient à l’architecture de l’œil, à sa luminosité ou sa composition chromatique ; d’où vient son pouvoir d’interception, sa force d’émotion. Après tout ce n’est qu’un œil, un organe. Mais dans cet œil il y a bien quelque chose que la biologie ne saurait expliquer, une fonction parallèle, secrète, qui ne profiterait qu’à quelques privilégiés de passage…

OCTOBRE – Alors de quoi précisément est-il chargé ? De quelle fluide irritant, quelle matière non organique, est constitué cet œil ? Quelles espèces d’ondes diffuse-t-il ainsi ? N’y a-t-il pas un peu de tyrannie dans son magnétisme, l’influence qu’il exerce, silencieusement, sur moi ? Cet œil est une leçon, une tendre et mystérieuse leçon. J’aimerais en savoir plus, mais sa mission est terminée : vous êtes parti, me laissant là, drôlement seul et désarmé. Mais... par quel effet, quel maudit effet ?...

NOVEMBRE – Je vous parle de cet œil paradoxal, ce concentré de révolte, d’amusement, et de désinvolture... Mais moi, je ne sais comment y répondre, si ce n’est par une timidité solidaire... Peut-on croire ainsi en une complicité brute et silencieuse, d’un échange, un mélange de regards ? Y a-t-il une réciprocité instantanée possible ? Si cela relève de l’utopie, l’utopie ne relève-t-elle pas de la folie ? Oui, orgueilleusement, j’ai trop souvent eu peur de me tromper. La peur est une erreur, une mauvaise habitude.

DÉCEMBRE – Pouvez-vous m’en dire plus, sur les facultés de communication de cet œil, son pouvoir d’éloquence ? Pourquoi insiste-t-il ainsi, pourquoi s’attarde-t-il pour ensuite me fuir ? À quoi joue-t-il exactement ? Comme s’il attendait à chaque fois quelque chose de moi, un mot, un geste. Comme s’il me défiait, avec cette courtoisie, cette compréhension déconcertantes. Il n’a aucune raison valable de s’attarder ainsi. Non, vraiment. Il a dû y avoir une mésentente, une sur- ou sous-entente, je ne sais pas. Mais moi je n’ai rien à te donner, rien à te dire. Rien d’important en tout cas.
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Un message à la craie : pour être sûr : chambre avec : vue plongeante : sur le cours des choses : ou l’influence d’un décolleté : machinalement : des bonbons refusés : par idéologie par manie : (auto-éducation) : L’étape : Bonbons non merci : appliquer la formule : l’odeur du bitume après l’averse : des marrons chauds en sortant du métro : du chèvrefeuille de l’impasse : de ton cuir : Les odeurs du monde non civilisable : L’haleine singulière d’un enfant : T’aperçois dans une meurtrière : constate m’attarde en vain : dans l’herbe rare et décolorée : de la périphérie est : Le linge des manouches : étendu sur les berges : comme la toile manquant : à ce parapluie : que tu brandis : sans humour : comme pour : te protéger : des conventions : La revanche des timides : Des câbles : une cerne d’écolier au petit matin : Le torero : de dos : T’épouse : de dos : La scène : des câbles : l’ennui l’ambition : La notion : comme un lézard : se trémoussant : dans le creux : non coopératif : de ta main : Là : comme un homonyme : un traitement de substitution : la paresse : comme le risque de la flaque d’eau quand on est enfant : comme nuque échine cul et mollet : le reste : comme cette fois : comme (devoir) t’épargner mon amour : idem : de plus ou moins longue haleine : comme l’adolescent le torero : captant arrogamment : les derniers rayons du jour : son privilège : le privilège du comédien : comme un jeu : c’est comme mais ce n’est pas tout à fait : Un jeu
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Je suis à la fenêtre de son appartement. Tout le temps que je passe dans cet appartement, je le passe à la fenêtre. Elle a un tel pouvoir d’attraction, cette fenêtre. Des crachats passent, s’allongent, et s’écrasent en claquant contre les dalles de béton, ou sont emportés par le vent vers la pelouse, où un garçon aux cheveux noirs et polo bleu Klein est assis en tailleur, lisant passionnément une bande dessinée. Un autre garçon, blond celui-là, est assis sur un banc, traçant dans le gravier des figures géométriques, des damiers, des cercles qui s’entrecoupent, il les efface puis recommence – comme ce clarinettiste lointain qui fait ses gammes : l’instrument s’emballe, déraille, le silence se fait un instant, puis il reprend, obstinément. Sur la façade des immeubles en face, l’ombre des balcons s’étirent lentement, sensuellement, un ciel de traîne rose orangé se reflète dans les baies vitrées du dernier étage, comme un doux incendie, il pleut depuis 63 jours, et ce soir le vent a décidé de se manifester, repousser les nuages, les remodeler, la lumière est venue, sure et mystérieuse, comme l’élève près de la fenêtre, ayant attendu sagement ou distraitement son tour de parole. Une drôle de lumière. Et je ne veux rien perdre du spectacle, le passage de ces nuages-monuments, comme des monts éphémères, pleins de reflets orientaux.
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Je devais m’arrêter, refaire mon lacet, ce foutu lacet, vous me rattrapiez, vous éloigniez, preniez le large, pendant que je me débattais, à essayer de me souvenir comment on fait
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1) La caravane passe mais on a muselé les chiens : 2) La métamorphose est facile mais l’être est complexe : 3) Guillaume Tell a visé juste mais l’enfant est mort de panique avant : 4) Le goulasch est bon mais le juge a faim : 5) La grisaille s’est dissipée mais le spleen est resté : La bonne blague comme : Un brouillon qu’on ne recopiera pas : La nonne et le toxico : La preuve par la fable : Ou l’inverse : Eltsine abstinent : Comme ça colle pas : Comme goûter aux premiers raisins de la saison : Retrouver le Périgord : Comme au lendemain des bitures : Un dernier appel dont on ne se fout qu’à moitié : La toilette du tyran : Comme la raison dans l’absurde : Une faille dans votre réputation : Ces instants que la réalité reprend : Ou comme dire à une vioque dans la rue : « Attendez votre col n’est pas bien mis » : Et le lui arranger : Parce qu’allez savoir pourquoi : Ça a quelque chose d’irritant : Un col pas bien mis
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Zoé, je fais souvent le même rêve : c’est la nuit, je rentre chez moi. Je pénètre dans un grand immeuble sombre et moderne – je prends l’ascenseur, jusqu’au dernier étage, mais l’endroit ne me dit rien. Alors je redescends, par l’escalier de service, je ne sais plus à quel étage j’habite. J’erre dans les couloirs, je cherche la porte de mon appartement, mais les lieux me sont de moins en moins familiers. Il n’y a personne, pas un bruit, je ne me repère plus. Je finis par me demander si c’est le bon immeuble. Au bout d’un couloir, qui ressemble à celui d’un lycée, je pousse une double porte et suis surpris par l’immense cage d’escalier vitrée offrant une vue vertigineuse sur la ville endormie. Je monte avec prudence et émerveillement ce large escalier de marbre en colimaçon, emprunte une passerelle et me retrouve sur un vaste toit-terrasse. Le jour se lève sur la ville. Je peux me réveiller.
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Migration : Le second accoudé au garde-corps : Tirant insatiablement sur sa Gauloise : Un ex-voto tatoué sur la poitrine : Comportant le nom d’un amour révolu : Une mer épouvantablement calme comme spectacle : Parcourant sa joue terreuse : Une cicatrice dont on ignorera l’histoire : Des pupilles fines et vengeresses : Vous accusant d’une inavouable détresse : Allons boire quelque chose : Pour tuer le temps : Des feuilles de menthe sauvage : Triturées du bout des doigts : En t’attendant près du calvaire : À l’entrée du village : Les pommes pourries qu’on balançait gratuitement : Comme ça par ennui : Dans la mare du vieux fasciste : Inconnu à cette adresse : Le bitume qui fond et crépite : Sous les roues d’un vélo engourdi : Odeur aigre et pesante des prunes écrasées : La demeure bourgeoise : Et ses molosses en liberté : Censés tous nous bouffer : Nous les avions raisonnés
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L’idiotie comme expérience : Mes araignées ne traceront leurs toiles : Que suivant ton Plan d’Occupation des Sols : Et vos mouches fonceront tête haute : Dans leurs chefs-d’œuvre autorisés : Si les uns font du bon sens un commandement : Si On est un mentor : Si les autres festoient divaguent et s’en enorgueillissent : Si tu t’en mouches : Pourquoi l’utopie : Ici et maintenant : On ne voudrait laisser échapper : Qu’un seul et même cri de révolte : Un cri bête et fiable : Mais il nous en vient bien trop à l’esprit : Alors dans l’doute : On s’la ferme : Je retrouve le quartier : Ses trottoirs accidentés : Le parc : Cette allée du parc : Ce banc : D’où je songeais à nous : La saison précédente : Quand les jeux : N’étaient pas encore faits : Je reviens vous oublier : Je ne m’attarde pas : J’ai appris à me méfier des bancs
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