Lecture de la revue "Nos révoltes" au Viaduc des livres, 15 mai 2015. Poème de Rose-Marie Naime
Si j'avais une guitare
Et que je sache la toucher
Je te jouerais,
Petite amie,
Une ballade douce à pleurer.
Sur un do dièse
Au bleu du ciel
En cavale tu t'envolerais
Sur mon nuage te loverais
Bercer ta peine.
En cet inaccessible été
Se feraient oublier
Tes blessures lointaines
Oublier le trou noir
Devant lequel
Tu oscilles et tu trembles
Oublier sous tes pieds
La caverne du crabe
Où de pas en pas
Demain tu vas tomber.
Si j'avais une guitare
Et que je sache la toucher...
(Modeste élégie)
LE POÈTE A DIT…
“Je serai toujours du côté de ceux qui ont faim”
Federico Garcia Lorca
Toujours
Je serai aux côtés de ceux qui ont faim.
J’en suis des affamés.
Comme eux je crie
Et lance mes deux mains
Pour au vol attraper
Un sac de beauté
Du ciel précipité
Ration qui me permet
De vivre jusqu’à demain.
Cette beauté en pluie versée
De P’tit Chariot ou de Grande Ourse
Je la veux boire à gorge éployée…
En ce monde mal mené
De roture et de privilégiés
Tissée à cette rouge écharpe
Qui serpente la Terre
Je longue je longue marche
Ma soif a épousé leur faim.
Sidérale Balance
Trop haut fichée
En la voûte étoilée
Vois nos regards levés
Nos gorges asséchées
Béantes sur un cri de silence
Nous sommes millions
Que les pleurs n’abreuvent
Ni ne sustentent
Nous sommes millions
À qui l’on a
Beauté tête coupée
Je suis la mère du meurtrier
Dedans ma main
Je vois ses mains
Menottines d'enfants
D'il y a si longtemps
Dedans mon cœur
Cogne son cœur...
Mais... c'est du sang
Sur son visage !
Mais c'est du sang
Dessus ses mains !
Son visage en un baiser
Ensanglante le mien
Je me voudrais moi-même
Assassiner.