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Citation de Cannetille


Notre moniteur, M. Borloz, était un homme jovial d’une quarantaine d’années, bronzé par la réverbération du soleil sur la neige et la glace. Les Allemandes et une ou deux filles du contingent anglais savaient déjà slalomer ; elles ont été retirées du groupe de Borloz et ont grimpé plus haut sur la montagne avec le téléphérique. Nous, nous sommes restées sur les pentes pour débutants, passant de longues heures de chaque séance à monter en crabe pour retourner là où nous pouvions risquer quelques manœuvres pour glisser. Avant chaque descente, M. Borloz était obligé de nous rappeler que nous devions être face à la pente, et au vide. Son expression pour résumer cette directive était de rester « nénés côté vallée », ce que des filles de seize ans considéreraient non sans raison aujourd’hui comme une blague sexiste, mais qui en 1960 nous faisait simplement rire. Et toute ma vie, avec ma famille et mes amis proches, l’expression a été utilisée comme une invitation comique à persévérer et affronter bille en tête l’adversité – exemple pertinent de la façon dont l’humour peut désamorcer la peur.


(...)


Dans le calme de la nuit aux Diablerets, dans notre « Maison Chardon », Carol, Ginny et moi avons passé de nombreuses soirées à chuchoter en parlant de notre avenir. Mais qu’y avait-il à en chuchoter ? Notre enfance était terminée, et pourtant, il n’y avait pas grand-chose devant nous qui fût susceptible de nous donner envie d’avancer vers nos vies d’adultes. Un cours de secrétariat. Un travail monotone de secrétaire, à promouvoir les ambitions des autres. Les hommes. Le sexe. Une robe blanche. À mes yeux, cela ne suffisait pas. « Alors, m’a dit Carol, tu vas devoir t’armer de patience, La Rose. Que peux-tu faire d’autre ? Et pointe tes nénés côté vallée. »
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