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EAN : 9782709662437
180 pages
J.-C. Lattès (29/05/2019)
3.81/5   13 notes
Résumé :
Dans ce récit charmant, intime, souvent émouvant, l’auteur retrace ses plus jeunes années jusqu’à ce qu’à l’âge de dix-sept ans elle s’émancipe de sa famille et vienne vivre à Paris.
Son enfance n’a pas toujours été heureuse. La petite Rosie et sa sœur Jo, ont été éduquées par leur Nanny adorée, Véra, seule adulte à leur avoir réellement donné l’affection et l’amour que leurs parents n’ont pas su leur offrir. Le père est absent, la mère, Jamie, au tempérame... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Merci à NetGalley et aux Editions JC Lattès pour m'avoir offert la chance de découvrir en avant-première cette autobiographie de l'écrivain anglaise Rose Tremain.


L'auteur se remémore son enfance après-guerre et son adolescence dans les années cinquante, au sein d'une famille de la grande bourgeoisie anglaise qui ne cultivait guère l'amour parental. Entre un père absent, une mère indifférente et rigide, et des grands-parents presque hostiles, la petite Rosie ne trouve l'affection qui lui permet de se construire qu'auprès de sa chère nounou Nan, jusqu'à ce qu'elle doive affronter la rigueur des pensionnats de filles, d'abord anglais puis suisses. Douée pour l'écriture et le dessin, Rosie aurait pu poursuivre de brillantes études, si sa mère n'en avait décidé autrement, en cette époque où les femmes ne pouvaient envisager d'autre destin que de servir l'avenir de leur mari. Pourtant, la jeune femme finira quand même par s'affranchir et réussir à suivre sa voie, dans une longue éclosion littéraire qui lui apportera le succès qu'on connaît, un épanouissement dont le symbole identitaire sera la transformation de son prénom en Rose.


Tout n'est que pudeur et retenue dans ce récit que l'on devine douloureux, mais qui, toujours relate objectivement, et jamais ne verse, ni dans l'auto-apitoiement, ni dans la rancoeur. C'est à peine si, ça et là, transparaissent quelques éclairs de souffrance, qui viennent révéler la profondeur des blessures et une émotion par ailleurs soigneusement contenue : nécessaire mise à distance sans doute, si bien révélée dans la manière dont Rose ne mentionne ses parents que par leurs prénoms et à la troisième personne, comme s'ils n'étaient que des étrangers.


C'est donc en filigrane que se révèle au fil du récit la sensibilité de l'écrivain, tissée au travers d'expériences intimes qui ont nourri son oeuvre, et qui a pu s'épanouir grâce à l'attention et l'influence de quelques professeurs d'exception, certains anonymes, d'autres plus célèbres : ils ont en commun d'avoir su partager leur passion pour la littérature, mais aussi d'avoir respecté et encouragé le talent en germe chez leur jeune élève.


Cette bienveillance aura été salvatrice pour l'équilibre de Rosie et essentielle pour l'épanouissement de sa personnalité et de son talent littéraire. Comment ne pas se laisser charmer par l'élégance et la finesse de cette écriture, grâce auxquelles les pages semblent se tourner d'elles-mêmes ?


Ce récit initiatique intime et émouvant est l'histoire d'une métamorphose, l'éclosion de Rose, considérée aujourd'hui comme l'une des plus grandes romancières anglaises contemporaines.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Rosie , c'est un roman autobiographique de l'auteur Rose Tremain ,
Rosie c'est le nom qu'on lui donnait enfant .
Une enfance dans la campagne anglaise dans un milieu très aisé mais sans amour .
Ses grands parents maternels ont une grande propriété où Rose et sa soeur viennent passer chaque été .
Malheureusement pour elle , la guerre a emporté les fils , les frères de sa mère ce qui rendra sa
grand - mère encore plus incapable de donner de l'amour , même pas un peu de tendresse , sa mère sera également incapable de les aimer elle et sa soeur .
C'est bien des années plus tard que l'auteur se rendra compte qu'elle a tout de même reçu de l'amour pendant son enfance , elle a été aimée par sa nounou , elle comprendra bien tard qu'elle était importante à ses yeux .
Cette enfance dans un milieu privilégié mais très froid ne m'a pas convaincu, il y a peu d'émotions mais sans doute est ce lié à l'époque , les enfants nés pendant la période de la seconde guerre mondiale ont sans doute vécus la même chose .
Rose Tremain vivra le divorce de ses parents , une grande première pour l'époque où on ne se séparait pas facilement, elle verra très peu son père qui s'éloignera insensiblement.
Heureusement il lui restera l'amour des mots , le désir de devenir écrivain et qui la sauvera du désert affectif de son enfance .
Beau témoignage d'une époque révolue mais qui ne m'a pas touché en tant que lectrice .
Je remercie NetGalley ainsi que les éditions JC Lattes , mention spéciale à la jolie couverture du livre .
Du même auteur j'ai lu Lettres à soeur Bénédicte et Les ténèbres de Wallis Simpson que j'ai beaucoup aimé .
.
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La découverte en 1994 du Royaume interdit avait été pour moi, comme pour beaucoup d'autres un choc émotionnel. Là, sous des dehors très policés, une auteure envisageait un thème ,quasi inédit en littérature : le fait qu'une petite fille voulait devenir un garçon.
J'ai suivi ensuite, de loin en loin, les romans de Rose Tremain, qui s'était ensuite beaucoup tournée vers des romans historiques, ce qui n'est pas du tout ma tasse de thé.
Quel plaisir de renouer avec son écriture dans ce récit de son enfance au sein d'une famille bourgeoise aisée, où l'argent circulait plus facilement que les sentiments.
Sans autoapitoiement, Rose Tremain, née en 1943,  revient sur ses relations avec sa mère, analysant avec précision les parcours de cette femme malaimée par ses propres parents,  incapable d'aimer ses deux filles, posant un couvercle sur ses sentiments et aussi, il faut bien l'avouer, furieusement égoïste et futile, même si ces mots ne sont jamais écrits.
Pas de règlements de compte donc, mais une prise de conscience tardive, lors d'une rencontre avec une autre écrivaine, Carolyn Slaughter, que celle qui a offert généreusement un socle affectif, qui a été "un ange gardien", "la personne à qui [elle] devait [sa] santé mentale- et sans doute celle de [sa] fille unique Eleanor" était sa gouvernante adorée, Nan.
Grâce à elle, Rosie et sa soeur ont pu affronter la séparation de leurs parents et l'attention en pointillés qu'ils accordaient à leurs enfants.
Mais, c'est vers l'art et plus précisément vers la fiction littéraire que Rosie se tournera quand, envoyée dans différents pensionnats, plus ou moins confortables,  elle ne pourra réaliser son rêve: aller à Oxford; destin   refusé par sa mère, qui refuse d'en faire "un bas bleu" difficilement mariable.
La dernière partie relate, un peu trop rapidement à mon goût, l'émancipation de Rosie, qui deviendra Rose, mais il n'en reste pas moins que j'ai pris beaucoup de plaisir au récit de cette vie, marquée par la capacité de résilience d'une auteure que j'ai envie de redécouvrir.
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Très belle écriture dans ce roman autobiographique, toute en pudeur, en retenue.
Nous découvrons comment une petite fille de bonne famille, Rosie, dans la période d'après guerre en Angleterre, au sein d'une certaine aristocratie, va parvenir à trouver sa voie.
La chose ne sera pas simple car entre un père artiste adoré mais qui va quitter sa famille, une mère capricieuse peu aimante, des grand parents insensibles suite à la mort de leur deux fils, et une nounou Nan, la seule à montrer aux enfants un amour maternelle, elle devra trouver sa place.
Le chemin deviendra encore plus ardu suite au remariage de sa mère. Non que son beau père ne fasse pas des efforts pour montrer son attachement à ses beaux enfants. Mais son envoi dans un pensionnat et donc son arrachement à Nan, la petite Rosie va se sentir perdue.
C'est alors que l'écriture deviendra un vrai soutien. D'abord dans le pensionnat Suisse ou elle va s'essayer à l'écriture de pièces de théâtre.
L'auteure va ainsi prendre confiance en elle, se prouver qu'elle existe autrement qu'à travers les yeux des autres.
Rose Tremain nous livre donc, toute en retenue, ses premiers pas d'écrivain. Aurait- elle pris ce chemin dans un entourage aimant, donnant confiance à ses enfants? Nul ne le saura. Nous pouvons le penser mais peut être pas avec un tel talent pour décrire les émotions et les liens familiaux complexes au sein d'une famille recomposée.
Petit bémol: le rythme lent et l'application de l'auteure à aller dans les détails de chaque relation, rendent parfois la lecture un peu froide. La petite Rosie est attachante, certes, mais pas au point de ne pas pouvoir la quitter pour ne la retrouver que le lendemain.
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J'avais découvert Rose Tremain avec Sonate pour Gustav, que j'avais beaucoup aimé et quand j'ai eu l'occasion de lire son autobiographie en service de presse, j'ai sauté sur l'occasion. Et j'ai passé un très bon moment de lecture. Rosie nous entraîne en effet dans l'Angleterre de l'après seconde guerre mondiale, dans une famille mi-bohème ( le père est un auteur de théâtre de seconde zone), mi-gentry ( la mère est la seule enfant survivante d'une famille de la haute bourgeoisie anglaise, avec maison sur la côte, comme il se doit). On retrouve donc tous les attendus d'une enfance anglaise de ce milieu a priori huppé : les vacances avec Granny au bord de la Manche, la vie londonienne ( Chelsea) avec la nounou Nan, puis le pensionnat glacial dans la campagne. Mais l'intérêt de ce livre est de montrer que derrière cette image d'Epinal, se cache beaucoup de violence. En effet, au centre de cette autobiographie, règne la figure de la mère, bien peu aimante , parfois jusqu'à la cruauté. Le père n'est pas en reste, lâche, abandonnant... Ces parents défaillants ne sont pourtant pas des cas isolés. La mère surtout représente la violence faite aux femmes à une époque qu'on espère révolue : opération du vagin afin de l'aider à mieux " accueillir" son mari, viol... l'inceste est présenté comme un fantasme très présent, et évidemment il est hors de question pour toutes ces générations de femmes de pouvoir choisir leur destin ( faire des études à Oxford est un déshonneur...). Pourtant l'auteur , jamais plaintive, montre comment elle a réussi à se construire malgré tout, grâce à des figures aimantes et stables dans son entourage ( sa soeur, sa nounou, quelques professeurs...mais aussi la littérature et les arts en général ) et elle incarne ainsi une forme de résilience.On retient l'image d'une jeune anglaise, curieuse, sensible, avec une force vitale impressionnante. Le livre s'achève au moment où elle prend son indépendance par rapport à son milieu d'origine. Et on a envie de dire : well done...
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critiques presse (1)
LeFigaro
07 juin 2019
La romancière anglaise raconte sa jeunesse sans amour parental et la naissance de sa vocation littéraire.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Notre moniteur, M. Borloz, était un homme jovial d’une quarantaine d’années, bronzé par la réverbération du soleil sur la neige et la glace. Les Allemandes et une ou deux filles du contingent anglais savaient déjà slalomer ; elles ont été retirées du groupe de Borloz et ont grimpé plus haut sur la montagne avec le téléphérique. Nous, nous sommes restées sur les pentes pour débutants, passant de longues heures de chaque séance à monter en crabe pour retourner là où nous pouvions risquer quelques manœuvres pour glisser. Avant chaque descente, M. Borloz était obligé de nous rappeler que nous devions être face à la pente, et au vide. Son expression pour résumer cette directive était de rester « nénés côté vallée », ce que des filles de seize ans considéreraient non sans raison aujourd’hui comme une blague sexiste, mais qui en 1960 nous faisait simplement rire. Et toute ma vie, avec ma famille et mes amis proches, l’expression a été utilisée comme une invitation comique à persévérer et affronter bille en tête l’adversité – exemple pertinent de la façon dont l’humour peut désamorcer la peur.


(...)


Dans le calme de la nuit aux Diablerets, dans notre « Maison Chardon », Carol, Ginny et moi avons passé de nombreuses soirées à chuchoter en parlant de notre avenir. Mais qu’y avait-il à en chuchoter ? Notre enfance était terminée, et pourtant, il n’y avait pas grand-chose devant nous qui fût susceptible de nous donner envie d’avancer vers nos vies d’adultes. Un cours de secrétariat. Un travail monotone de secrétaire, à promouvoir les ambitions des autres. Les hommes. Le sexe. Une robe blanche. À mes yeux, cela ne suffisait pas. « Alors, m’a dit Carol, tu vas devoir t’armer de patience, La Rose. Que peux-tu faire d’autre ? Et pointe tes nénés côté vallée. »
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Jane et notre père en ont sans doute parlé entre eux pour savoir s’ils pourraient s’occuper de nous quelque temps. Y parviendraient-ils avec l’aide de la cuisinière à demeure, Mrs Hughes (surnommée Hughesie), et de la femme de ménage qui venait tous les jours, Mrs Warburton ? J’ai souvent imaginé la conversation. « Hughesie aidera, déclare Keith. — Ne dis donc pas de bêtises, répond Jane. Comment veux-tu qu’elle nous prépare notre petit-déjeuner sur le tard et qu’elle aille en même temps conduire les enfants à l’école ? — Je pourrais les conduire, propose Keith. — Ne dis donc pas de bêtises, répète Jane. Tu n’y es jamais allé. Tu ne sais même pas où c’est. — Mais si. C’est quelque part après le kiosque à journaux de Sloane Square où elles achètent leur illustré de Patty Patate. Est-ce que tu as lu la bande dessinée avec Patty ? L’idée est assez rigolote. » Jane ignore la remarque et demande : « Et qui va leur préparer leur dîner ? — Ça, tu pourrais le faire. C’est juste des tartines beurrées avec du Viandox, non ? Ou Hughesie pourrait s’en charger. — Et qui les mettra au lit ? — Je suppose que Hughesie le fera. — Ne dis donc pas de bêtises, répète une troisième fois Jane. Tu en attends trop de Hughesie. Elle risque de tomber malade et alors, fini la langue bouillie avec la sauce aux câpres. — Ah, dit Keith. Voilà qui compromet sérieusement l’affaire. Plus de sauce aux câpres, dis-tu ? Alors on va devoir se payer une autre nounou. »
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J’ai toujours eu le sentiment que les femmes de la génération de ma mère, nées juste avant la Première Guerre mondiale et ayant tant souffert pendant la Seconde, avaient reçu une bien mauvaise donne. Celles qui avaient survécu correctement avaient rué dans les brancards pour se débarrasser de tout ce qui bridait leurs aspirations et trouvé leur équilibre et leur raison de vivre dans le travail. Jane n’était pas de ces femmes-là. Humainement, sa plus grande faiblesse était d’attacher une importance excessive à l’apparence des autres, alors que sa paresse intellectuelle et affective l’empêchait de comprendre leur ressenti. Le cœur brisé dans son enfance, elle avait choisi de jurer, boire et fumer comme une cheminée tout au long d’une vie qui s’est déroulée comme une sorte de rêve étrange et complaisant, jamais interrogé ni totalement compris.
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Nous avons appris à taper à la machine. On nous avait dit que ce qui nous attendait une fois que nous serions « finies » (et avant notre mariage, bien évidemment un mariage avec un homme riche), c’était un travail de secrétariat. Nous travaillerions pour des hommes ayant été éduqués en fonction de l’avenir qu’ils étaient capables d’avoir, et nous répondrions à leurs besoins. Il n’était pas question que nous aspirions à avoir un avenir. (On était en 1960, et le féminisme n’avait pas encore fait irruption sur la scène mondiale.) Nous devions faciliter les rêves et les ambitions d’autres personnes, les mâles de l’espèce.
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Et je n’ai jamais oublié ce que m’a dit Carolyn pendant cette rencontre. Elle m’a réaffirmé avec véhémence une chose dont nous savons tous aujourd’hui qu’elle est vraie, à savoir que toute vie humaine, si elle est construite sur une enfance privée d’amour de la part des adultes, sera presque certainement perturbée. Elle m’a rappelé qu’il n’est pas indispensable que cet amour vienne du père ou de la mère ; il peut être prodigué par une tante, un oncle, un grand-père ou une grand-mère, ou même une nounou salariée, du moment que l’enfant reçoit cet amour de quelqu’un. À ce stade de la conversation, j’étais en larmes, mais Carolyn a posé sa main sur la mienne et m’a dit : « Pleurer fait du bien, Rose. Prends une de ces serviettes, mais attention de ne pas te mettre du homard dans l’œil. Et écoute-moi : tu as eu de la chance. Tu pourrais être une épave dépressive aujourd’hui, ou tu pourrais avoir succombé à la drogue ou à l’alcool, mais ce n’est pas le cas. Nan t’a sauvée. Elle a été ton ange gardien. »
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