Roselyne de Ayala

Ce livre est pour tous ceux qui voient en Arthur Rimbaud une idole inégalable. Idole, idolâtres… Quoique le mot est mal choisi car Rimbaud aurait horreur d'être placé sur un piédestal. On ne peut pas l'aimer trop, on peut l'aimer à peine assez ! Qui n'aurait pas rêvé de sillonner les quartiers de Charleville, les itinéraires parisiens de Rimbaud, ses déplacements en Asie ou en Europe, toucher le papier et sentir l'encre de ses manuscrits ?... Pourtant quand je regarde le nombre de lecteurs Babelio pour ce livre je me dis qu'on n'est pas sur une route très fréquentée.

Ce beau livre est le fruit du travail des historiennes Nathalie des Vallières et Roselyne de Ayala. Il fait partie de la collection des « Plus beaux manuscrits de ». Les manuscrits de Rimbaud ne sont pas toujours uniques, et le choix de la bonne transcription et la date de leur composition alimentent les universitaires depuis près de cent ans comme c'est le cas des manuscrits des grands compositeurs classiques Bach, Beethoven ou Chopin…

Je cite le nom des dix chapitres du livre car je trouve cela très parlant : « Je est un autre », Charleville, Satan au milieu des docteurs, L'art de la fugue, Rimbaud et Verlaine, L'homme aux semelles de vent, L'ange blasphémateur, Rimbaud en Afrique, Rimbaud et les femmes, La dernière année.

Aujourd'hui, au fil des legs, peu de documents demeurent en main privée. À la Bibliothèque nationale de France, on trouve toutes sortes de manuscrits : des devoirs scolaires de Rimbaud, des cahiers raturés de son enfance, des poèmes impeccablement calligraphiés aux lettres écrits en Afrique. Ils reflètent les méandres de son oeuvre et le parcours d'une vie tumultueuse jusqu'au solde ultime qu'Arthur s'impose : la liquidation de sa vie littéraire. Mais on reconnaît partout la même écriture, toujours à l'encre brune. Quant à la plume, neuve ou cassante, elle aussi suit à sa manière, les voyages de son possesseur. le papier, toujours de qualité, est peu altéré par le temps. Pourtant il parle aussi car il est parcimonieusement recoupé aux moments de solitude ou de précarité…

Ici, il ne s'agit pas de l'ensemble des manuscrits conservés de Rimbaud mais d'une sélection, en couleurs, pour bien illustrer la vie de Rimbaud. Car ce livre représente une sorte de biographie. La force des bonnes biographies est dans le fait qu'on y perçoit un homme célèbre comme une personne très proche, il devient presque un copain. C'est le cas des « Plus beaux manuscrits de Rimbaud » ! Je suis toujours émue, quand au début d'une partition de musique, je tombe sur une page manuscrite de Bach ou de Chopin, un autographe m'impressionne toujours. Il va jusqu'à stimuler mon travail d'interprétation des oeuvres musicales. Une écriture, c'est un dessin, un trait, c'est plein de vie, on y découvre toujours quelque chose d'insoupçonné !

Mais dans le livre de Nathalie des Vallières et Roselyne de Ayala, il y a aussi un grand nombre de reproductions de tableaux en rapport avec la vie de Rimbaud (Raoul Dufy, Camille Pissarro, Claude Monet, Jean-François Millet, Jean-Baptiste Corot, H. Fantin-Latour, Erich Ekel, Eugène Delacroix, Édouard Manet…), de croquis et de caricatures. C'est un grand plaisir esthétique, cette lecture !

Rimbaud, le poète de sept ans… Je me suis posé la question quel âge faut-il avoir pour approcher Rimbaud. Par un jour de l'un, j'ai lu à mon enfant de six ans le début des Étrennes des orphelins. Cela semblait se produire par hasard. Nous avons compté les syllabes, examiné de très près les métaphores du poème. Une admiration se lisait sur le visage du petit. Il n'est jamais trop tôt pour toucher à la poésie, pour toucher au Beau. Était-ce vraiment le hasard ou cela a couronné ma lecture de Roselyne de Ayala ? Une lecture en appelle une autre…

Très beau recueil de lettres et manuscrits de Victor Hugo.

Ce génie n'écrivait pas seulement des romans et des recueils poétiques mais il entretenait également une correspondance considérable avec ses proches. Notamment avec son épouse Adèle, alors qu'il voyage en compagnie de sa maîtresse Juliette Drouet. Ce sont par ailleurs, de magnifiques lettres, décrivant les lieux où il se trouve et illustrées par de splendides dessins à la plume. À l'heure de la correspondance électronique maladroite, brève et abondante, on peut regretter l'usage, parfois intempestif, de tous ces messages sans saveur, lorsqu'on découvre les lettres écrites par la main de Victor Hugo !



C'est émouvant de voir l'écriture brouillonne, pointue, parfois illisible de ce grand écrivain. Quelques ratures, ajouts dans la marge confessent des hésitations, certes, mais elles me paraissent moindres quant au dernier jet obtenu.



Bref, un bien bel ouvrage, qui présente Victor Hugo, de façon chronologique et thématique, afin de mieux percevoir et comprendre ce monument de la littérature française.

Presque deux kilogrammes de lettres illustrées avec des dessins talentueux , des graffitis pleins de verve , des crobars humoristiques, des gribouillages spirituels, des lavis, des encres, des aquarelles, des collages... qui reflètent le grand talent de leurs auteurs , reproduites en couleurs, et pour certaines, traduites, publiées dans un ouvrage magnifique de deux cent vingt pages !

Une correspondance intime, des mémorandums poétiques, des plis satiriques , des billets savoureux, des poulets moqueurs, des messages plaisants… , adressée par des écrivains, des peintres, des musiciens…, artistes connus ou restés dans l’ombre, à des célébrités, des inconnus ou à des proches.

Des explications d’une grande pertinence accompagnent chacun de ces courriers permettant de mieux apprécier le contexte dans lequel ils furent rédigés : le lieu de résidence, l’humeur du moment, l’actualité …

Ces lettres permettent de découvrir d’autres facettes intéressantes de ces personnages.

Un beau livre d’art.

Très bel ouvrage retraçant bien les classiques de la littérature française. Chaque double page comporte un manuscrit accompagné d'une petite explication sur celui-ci, sur son auteur, ainsi qu'une version tapuscrite (dans certains cas elle demeure utile car le manuscrit est parfois difficilement déchiffrable).

Une belle idée pour se replonger dans le contexte de l'écriture d'un texte/poème/pièce de théâtre et de s'approcher un peu plus de son auteur. Et lorsqu'il a raturé son texte pour remplacer des mots, on entre vraiment dans son processus de création, c'est très intéressant.



Coups de cœur : - Demain dès l'aube, de Victor Hugo, étant donné le contexte d'écriture de ce poème voir le manuscrit originel est assez émouvant.

- La Forêt qui marche, de Jean Cocteau. Poème écrit de plusieurs couleurs avec des mots inscrits dans n'importe quel ordre sur la page puis reliés les uns aux autres avec l'idée d'un ordonnancement précis.



Un seul petit bémol : la qualité des copies des manuscrits pourrait être revue à la hausse. L'ouvrage date de 2000 et avec l'évolution de la numérisation il serait possible d'avoir un rendu de bien meilleure qualité de ces pièces d'archives aujourd'hui...

J'emprunte à Théophile Gautier (1862) une critique admirable qui résume admirablement cet autre talent de Victor Hugo

"Victor Hugo, s'il n'était pas poète, serait un peintre de premier ordre ; il excelle à mêler, dans les fantaisies sombres et farouches, les effets de clair-obscure de Goya à la terreur architecturale de Piranèse ; il sait, au milieu d'ombres menaçantes, ébaucher d'un rayon de lune ou d'un éclat de foudre, les tours d'un burg démantelé et sur un rayon livide de soleil couchant, découper en noir la silhouette d'une ville lointaine avec sa série d'aiguilles, de clochers et de beffrois. Bien des décorateurs lui envieraient cette qualité étrange de créer des donjons, des vieilles rues, des châteaux, des églises en ruine ; d'un style insolite, d'une architecture inconnue, pleine d'amour et d mystère, dont l'aspect vous oppresse comme un cauchemar..."

Un siècle passe, un homme y grandit et son regards se met en rimes et en vers.

Contre tout et pour tous, avec colère ou justesse, oubli voire peut être remords pour ces instants devenus trop rapidement perdus.



Ouvrez et une page s'offrira à vos yeux, laissez vous guider et les rimes suivront….

Voici un livre magnifique consacré à la gloire de la littérature! Une promenade à travers sept siècles de manuscrits que l'on découvre grâce à de superbes reproductions accompagnés de commentaires rédigés avec fantaisie et élégance. Une belle double page permet aux auteurs de suggérer à chaque fois l'atmosphère sociale, politique et culturelle. De véritables chefs d'oeuvres nous sont offerts, tels les manuscrits enluminés laissés par le XVe siècle, sans oublié le Mémorial de Pascal. Ce sont des moments intenses jusqu'aux plus contemporains qui ont présidés à la page de la création que je qualifierais d'exceptionnelle.

Très beau livre, j'adore les illustrations.

Les points forts de ce dictionnaire consacré à Paris sont en même temps ses faiblesses. Le choix de la forme de dictionnaire offre une promenade hétéroclite dans le temps et dans l'espace. Derrière l'ordre apparent du classement alphabétique, le lecteur est invité à passer du coq à l'âne, ou plutôt de Abélard à la Zone en passant par les Fontaines et les Prisons. Les articles sont agréables à lire. Mais si on cherche une information précise, l'index limité aux noms propres ne permet pas de s'orienter très utilement.

A picorer de temps en temps pour parfaire sa connaissance de l'histoire et de la géographie de la capitale

Les architectes de ce travail ont nourri un pari très ambitieux. Ils n'ont pas seulement cherché à traiter des aspects attendus de l'histoire intellectuelle, architecturale, culturelle, institutionnelle, événementielle ou religieuse de Paris. Leur choix s'oriente plutôt autour d'un portrait en mosaïque de la capitale, afin de pouvoir en rendre au mieux l'esprit.
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..