Il attrapa le sac de toile qu'il avait rapporté du camp et prit à l'intérieur une longueur de corde de chanvre.
-Tendez les mains.
-Je vous demande pardon? Fit-elle en fixant la corde avec une horreur croissante. Vous n'allez pas...
-Certainement.
Il lui arracha le sac de serge et le lança sur le lit, puis il prit ses deux mains dans la sienne.
-Votre parole ne vaut rien, ajouta-t-il. Seul un idiot pourrait vous faire confiance maintenant.
-Vous n'allez pas m'attacher, aboya-t-elle en s'écartant pour se libérer.
Il la retint facilement, puis entoura la corde à ses poignets et la serra d'un geste vif, mais sans trop la tendre. Pas besoin d'abîmer sa peau délicate. Puis il la tira jusqu'au lit et attacha l'extrémité de la corde au montant.
-Asseyez-vous.
Elle le foudroya du regard, refusant d'obéir.
Il secoua la tête devant son obstination et la poussa légèrement.
Elle tomba sur le matelas de bruyère en émettant un gargouillement rageur.
-Espèce de fils de pute répugnant.
Étonnement, ces paroles avaient encore le pouvoir de le heurter. La blessure n'était pas profonde, mais elle n'en n'était pas moins douloureuse.
-Vous pouvez insulter ma mère si ça vous plaît, mais ça ne changera rien à votre sort.
(...) comme c'est la beauté qui a provoqué la chute de Samson, de Jules César et d'Achille, ce n'est pas vraiment la plus admirable des qualités.
-Je vais boire quand j'en aurai besoin.
-Oh, ne vous gênez pas, buvez jusqu'à satiété. Buvez jusqu'a ce que la lune se lève. Buvez jusqu'à l'arrivée des vents d'été. Parce que vos besoins ont tellement plus d'importance que ceux des autres.
Il lui jeta un regard dur. Sa colère semblait excessive dans les circonstances.
-Qui a déclenché une telle colère chez vous?
-C'est vous.
-Sûrement pas. Je travaille dans les celliers depuis des heures.
-Exactement.
Il fronça davantage les sourcils.
-Vous parlez par énigmes.
Elle grimaça.
-Vous êtes un misérable salaud.