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Critiques de Rudy Wiebe (3)
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Brut

Vous connaissez Fort Mc Murray, au Canada ? Non ? Et bien quand vous aurez terminé la lecture de mon billet, ou du livre, vous n’aurez sûrement pas envie de vous y rendre…



Nancy Huston, Melina Laboucan-Massimo, Naomi Klein, David Dufresne et Rudy Wiebe ont co-écrit cet ouvrage, absolument terrifiant. Et malgré le sujet très grave, j’ai eu un coup de coeur pour ce livre. Je vais essayer de ne pas trop m’étendre, mais ce n’est pas facile avec un pareil sujet.



Dans le nord-est du Canada, le pétrole lourd et le bitume reposent sous des sables qualifiés de bitumineux. L’exploitation de ce pétrole se pratique depuis une vingtaine d’années, pulvérisant tout au passage : la vie des gens, des bêtes et des arbres. Toute la nature est polluée, transformée, défigurée. La principale ville d’où partent des camions ressemblant à des wagons se nomme Fort Mc Murray, sorte d’Eldorado où vivent et transitent des milliers de personnes en quête d’une fortune rapide. C’est dans cette ville que les auteurs, une romancière, une activiste, un réalisateur de documentaire, un poète et une journaliste ont décidé de croiser et confronter leurs points de vue. Chacun et chacune apportent son témoignage. Leurs récits sont apocalyptiques. J’insère ici une photo pour donner une idée du gigantisme des chantiers car je peine à me les représenter, tout est hors-normes.



La ville de Fort McMurray regorge de centres commerciaux alors que la pauvreté augmente lentement mais sûrement. Et que dire des impacts environnementaux de ce type d’extraction ? Tout devient stérile face aux énormes quantités de saloperies chimiques déversées depuis 20 ans. Tous les animaux fuient, les rivières se meurent, les forêts sont rasées… Mais la plupart des habitants de l’Alberta semblent tout de même satisfaits : l’essentiel n’est-il pas de brasser de l’argent, même si on n’a pas le temps d’en profiter, faute de conserver une bonne santé ? Les éternels perdants sont les autochtones la faune et la flore.



Quant aux compagnies pétrolières, ce type de ville est une aubaine : on achète la conscience des élus locaux à grands renforts de constructions de salles de sport, de piscines, etc. Ils ont plus de mal à financer des bibliothèques ou des centres culturels, mais bon, on n’en sera pas étonné.



Un récit qui glace le sang parce que ces immenses zones de non-droit où tout se meurt pourraient très bien devenir notre futur proche (moi et mon syndrome Mad Max, que voulez-vous…). Heureusement qu’en France, des collectifs citoyens se battent contre l’exploitation du gaz de schiste. Mais ce n’est pas une raison pour détourner le regard de ce qui se passe à l’autre bout du monde…
Lien : https://labibliothequedefolf..
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Brut

La démocratie est-elle soluble dans le pétrole ?



« Les étendues de l’Athabasca, dans le Nord-est de l’Alberta au Canada : 90 000 kilomètres carrés de terre écorchée et d’eaux contaminée par l’extraction des sables bitumeux… ». L’éditeur souligne, entre autres, l’ampleur de la dévastation, « ce désert toxique qui s’étend au nord du monde est une dévastation de la culture humaine », la logique extractiviste et le gaspillage…



« Ce petit livre s’ouvre donc sur une catastrophe, un oléoduc usé vomissant 4,5 millions de litres de pétrole sur les terres des Cris lubicons, la nation amérindienne à laquelle appartient Melina Laboucan-Massimo ».







Sommaire



Mot de l’éditeur



Melina Laboucan-Massimo : Du pétrole en territoire Lubicon



David Dufresne : Les corbeaux (Trois hivers à Fort McMurray)



Nancy Huston : Alberta : L’horreur « merveilleuse »



Naomi Klein et Nancy Huston : La politique de la terre brûlée – Dialogue



Rudy Wiebe : L’ange des sables bitumineux







Melina Laboucan-Massimo revient sur sa jeunesse, le temps où « L’eau des rivières, des ruisseaux et de la tourbière était encore potable ». Elle aborde les transformations destructives, le mépris des droits humains « pourtant garantis par la Section 35 de la Constitution canadienne qui protège les droits ancestraux des Autochtones », l’extraction de sables bitumeux sur les territoires cri lubicon, les problèmes de santé, la dépendance aux services sociaux, les pollutions, l’air vicié, les paysages industriels, la rupture de l’oléoduc Rainbow et les « 4,5 millions de litres de pétroles » répandus, les permis d’exploitation au mépris de la santé et du bien-être des populations, les immenses feux de forêt, l’« écoblanchissement » des sables bitumeux, la perte des ressources hydrauliques potables, les dégénérescences de poissons, les changements climatiques liées aux énergies fossiles, la mise en péril des Premières Nations et des autres populations…



« Les Premières Nations s’unissent pour répondre au besoin urgent de protéger la terre et les réserves d’eau, comme le confirme la « Déclaration pour sauver le fleuve Fraser » signée par plus de 130 nations. Ce que les gens ne semblent pas encore avoir compris, c’est qu’en luttant pour sauver nos terres, nous luttons aussi pour les autres habitants de la planète ».



David Dufresne nous décrit un monde inouï, la « mesure de la démesure », une population fantôme « prix que l’industrie consent à payer pour régner », les camps et les travailleurs, les pistes atterrissage privées, la ville d’enfer « sans passé et sans présent », les fonctionnements 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, la mairesse et le laisser-faire, « Melissa Blake règne sur 1 milliard de dollars avec seulement 6 987 voix, pas même 10% du corps électoral », le Showgirls et les industries du sexe, ceux qui gagnent leur vie en ramassant des canettes, les prix extravagants de toutes les choses, les accidents de travail, les maladies sexuellement transmissibles, les destructions, les rapports de l’industrie, « Une certitude : tout est légal, légitimé », la censure permanente dans les propos, « Cette censure souriante est le contrepoint parfait du paysage et des efforts des pétrolières en ville : lunaire, dévastatrice. La fable démocratique tenait dans ce nuage de souffre »…



Nancy Huston propose un texte « document « brut » sur le monde de « brutes » que les compagnies pétrolières ont mis en place pour extraire du « brut » ». Elle souligne que ce qui extrait des sables est bel et bien du bitume, le circuit pour transformer en pétrole « cette substance gluante, puante et extrêmement corrosive ». L’autrice compare la situation actuelle avec celle de la ruée vers l’or de la fin du XIXème siècle. Elle aborde les « mots et les maux » de cet extractivisme, la malbaise (« les étreintes tarifés ») à l’image de la malbouffe, l’important taux de syphilis, l’arrogance et la vulgarité du « big », les gros véhicules et les vrombissements de moteur « pour que tout le monde sache qu’ils sont là ; ou plutôt, pas eux, mais leur véhicule », des jeunes femmes « que l’on semble avoir clonées », les paysages artificiels et terrifiants.



L’autrice évoque la sainte trinité Big-Money-Oil, les compagnies pétrolières, « La compagnie ne s’occupe que de leurs besoins physiques les plus basiques : manger, éjaculer, dormir. La télévision s’occupe du reste », les émissions de gaz à effet de serre… et les peuples amérindiens et leurs conception de l’humain…



Suit un dialogue entre Naomi Klein et Nancy Huston dont je n’extrais que « la manière dont ces machines ont pénétré la psyché humaine », la vie dans des camps de travail, les fictions développées, la haine des Autochtones…



Le livre se termine par un texte de Ruby Wiebe sur L’ange des sables bitumeux…



Un vrai monde de brut, de brutes, de brutalité. Un écocide et un ethnocide.
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Brut

Un recueil sur l'extraction de brut dans le grand nord canadien. Plusieurs voix, plusieurs styles: le témoignage de l'Autochtone, le reportage du journaliste français, le récit de Nancy Houston, le dialogue entre Houston et Klein et enfin la nouvelle de Wiebe. Tous dénoncent la folie de Fort McMurray, ville de tous les excès, principalement écologiques et capitalistes.
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