AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

4.3/5 (sur 125 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , le 18/07/1971
Biographie :

Ruth Zylberman est cinéaste documentariste et écrivaine.

Ancienne élève de l'Institut d'études politiques de Paris et de l'Université de New York, elle a étudié l'histoire et la littérature.

Elle a commencé dans le monde du documentaire en étant l'assistante du réalisateur Serge Moati avant de réaliser en 2002 son premier film, "Paris-Fantômes".

Son premier livre, "La direction de l'Absent" (2015) a été traduit en espagnol, allemand et anglais.

On citera parmi ses films "Dissidents, les artisans de la liberté" (2009), Prix Rendez-vous de l'Histoire du documentaire historique 2010, "Maurice Nadeau, le chemin de la vie" (2011), "Méditerranéennes : La Force des femmes" (2013).

Elle raconte dans un documentaire pour Arte diffusé en juin 2018, "Les Enfants du 209 rue Saint-Maur, Paris Xe", l'histoire pendant l'occupation d'un immeuble de cette rue et de ses habitants, dont un tiers étaient juifs.

Ce film remporte le Pyrénées d'or du meilleur documentaire au Festival de Luchon en 2018 et la mention spéciale du Prix du documentaire historique des Rendez-vous de l'Histoire de Blois, la même année.

Elle publie deux ans plus tard au Seuil le livre "209 rue Saint-Maur, Paris Xe. Autobiographie d’un immeuble" (2020).

+ Voir plus
Source : Wikipédia
Ajouter des informations
Bibliographie de Ruth Zylberman   (2)Voir plus

étiquettes
Videos et interviews (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de

Interview de Ruth Zylberman, 209 rue Saint-Maur, Paris Xe - Autobiographie d'un immeuble


Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Albert ne comprend pas à quoi peuvent servir ces détails si personnels. Pour lui, parler c'est dénoncer un système qui l'a condamné à mort. Au camp de Buchenwald, Albert a été sauvé par les communistes. Il l'est longtemps resté après la guerre. Sa tragédie personnelle, il veut la transmettre dans sa dimension collective, politique, universelle : "Plus jamais ça" n'est pas pour lui un mantra vide de signification, c'est une raison de vivre et c'est bien pour ça qu'il a accepté de me recevoir malgré la fatigue et la maladie. La fameuse phrase de Camus, elle aussi galvaudée, retrouve sa force quand Albert me la rappelle en se tenant si droit : "Qui répondrait en ce monde à la terrible obstination du crime, si ce n'est l'obstination du témoignage?".

Albert et ses yeux d'enfant implacable : c'est le tout premier visage que j'ai décidé de filmer. Le premier visage qui se superpose aux fenêtres, aux couloirs, aux escaliers du 209, la terre natale dont il est issu.

Page 84/85
Commenter  J’apprécie          270
Ces enfants amenés par des gendarmes français en autobus à Drancy étaient pour la plupart nés en France. Ils ont tous, sans exception, été assassinés à Auschwitz mais ce qu'on leur a fait subir sur le sol français, à quelques kilomètres de Paris et de la rue Saint-Maur, je n'arrive pas à l'écrire. Et ma rage est à ce point intacte que je veux bien, oubliant toute courtoisie et retenue de bon aloi, foutre tout bonnement mon point sur la gueule de ceux qui, aujourd'hui encore, prétendent que Vichy a tenté de protéger "ses" enfants juifs français.

Page 217
Commenter  J’apprécie          272
Elle n'arrête pas de rire et même quand elle ne rit pas, sa voix conserve une onde de gaieté adolescente dans j'apprendrai, au fil du temps à percevoir les modulations mélancoliques qu'elle dissimule.
Commenter  J’apprécie          150
La dernière page du dossier Fuchs est la reproduction d'une lettre écrite en 1954 par le marchand de cycles Henri Descloux (...) qui certifie "avoir très bien connu monsieur Fuchs qui habitait dans l'immeuble et l'avoir vu partir en déportation en 1944".
Je suis frappée par ce terme "vu" (...) ; il y a dans ce "vu" une dimension plus vaste encore : le "vu" du témoin qui me rappelle le "il faut que tu voies" de Désiré Dinanceau à sa fille quand il l'avait emmenée à Drancy. Regarde de tous tes yeux, regarde et vois. Vois, en celui que tu as "très bien connu" ou que tu as juste vu passer au milieu de la cour, le père, le frère, l'ami. Ne détourne pas le regard : vois et reconnais-le. Et que de sa perte, de sa disparition, ton regard soit aussi comptable.
Commenter  J’apprécie          72
Les immeubles de Paris sont un peuple vivant. Ils foisonnent et depuis le temps que je marche à leur pied, toujours tête levée, j’ai appris à lire, comme on décrypte une langue, les signes qui distinguent chaque façade d’une autre, comme un visage se distingue d’un autre. Les immeubles de Paris sont un peuple vivant et dans cette foule mélangée, j’ai appris à reconnaître la hauteur dédaigneuse des immeubles en pierre de taille alignés comme à la parade sur le boulevard de Courcelles, l’avenue Henri-Martin ; la familiarité villageoise des bâtisses en plâtre des rues étroites de Montmartre ; la fausse modestie des façades habillées de persiennes, redoublées à l’identique tout au long de la rue Saint -Lazare.
Commenter  J’apprécie          70
Albert ne comprend pas à quoi peuvent servir ces détails si personnels. Pour lui, parler, c'est dénoncer un système qui l'a condamné à mort. Au camp de Buchenwald, Albert a été sauvé par les communistes. Il l'est longtemps resté après la guerre. Sa tragédie personnelle, il veut la transmettre dans sa dimension collective, politique, universelle: "plus jamais ça" n'est pas pour lui un mantra devenu vide de signification, c'est une raison de vivre et c'est bien pour ça qu'il a accepté de me recevoir malgré la fatigue et la maladie.
Commenter  J’apprécie          70
Ruth Zylberman
Je suis consciente que j'ai entraîné Albert sur un terrain dangereux où chaque parole a un coût, où chaque nouvelle évocation surgie hors des sentiers battus de la mémoire se paie au prix fort. Car il y a la grande route du souvenir, celle que l'on passe toute une vie à baliser, à tasser, à aplanir, à aménager et où le passé peut se relire, se dire, se répéter, figé, presque inoffensif, débarrassé des pics de douleur qui pourraient venir vous détruire ici encore. Et puis il y a le hors-piste: un espace sauvage, dangereux, où vous propulsent malgré vous un goût, une odeur, une image, un nom, un lieu - l'espace du bouleversement, celui qui menace l'équilibre précaire du nid de mémoire que l'on s'est bricolé jour après jour pour tout simplement survivre.
Commenter  J’apprécie          60
Je fais souvent ce rêve pas si étrange et même, je crois, assez commun. Je suis dans un appartement que je connais. Puis, sous le coup de je ne sais quelle intuition, je m’aperçois que dans le coin de la pièce où je me trouve, il y a une porte que je n’avais jamais vue. J’ouvre cette porte et je comprends qu’il existe toute une partie, souvent immense, de l’appartement, qui m’est inconnue. Étonnée, heureuse, j’arpente alors ce nouvel espace découvert en me demandant comment j’ai pu l’ignorer si longtemps.
Commenter  J’apprécie          60
Soit donc une petite fille de 12 ans qui habite un petit deux pièces avec ses parents avec ses cinq frères et sœurs au 209 rue Saint-Maur. Les sœurs aînées travaillent. Elle vient juste de réussir l'examen d'entrée au lycée Jules Ferry où elle doit faire sa rentrée en septembre. On est en juin 1942 et depuis quelques jours elle porte, comme toute sa famille, une étoile qu'il a fallu aller chercher au commissariat de police, avenue Claude-Vellefaux, et payer en "points-textile". Cette étoile, c'est un mystère. Pourquoi porter une étoile ? C'est l'une des questions qu'elle se pose et qui reste sans réponse. (...)
Soit donc une fillette qui s'est faite à l'idée qu'elle ne peut plus entrer aux Buttes-Chaumont, que le cinéma lui est interdit et qu'elle ne doit monter que dans la dernière voiture du métro, celle réservée aux juifs.
Commenter  J’apprécie          42
Et si je suis si avide de les entendre, ces voix, ce n'est pas pour accomplir un abstrait « devoir » de mémoire, l'expression seule me hérisse, ni afin d'élucider une énigme familiale, mais beaucoup plus simplement, égoïstement aussi, pour être invisiblement accompagnée sur le chemin de la vie. Ce chemin de la vie dont je crois avec ferveur qu'il est moins difficile, une fois enrichi des murmures et des silhouettes, même ordinaires et inconnues, qui peuplent ces lieux où, pour peu qu'on les regarde de tous ses yeux, s'abolissent parfois les frontières du temps. Et c'est ce lien avec ceux qui nous ont précédés, avec ceux qui nous suivront, ce lien mouvant, indestructible, qui ne relève ni de la révérence ni de la nostalgie mais de la vitalité même, que je tente, obstinément, de former.
Commenter  J’apprécie          41

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Ruth Zylberman (175)Voir plus

Quiz Voir plus

Testez vos connaissances footballistique

Quel est le joueur ayant le plus de ballons d'or

C.Ronaldo
L.Messi
Pelé
Mbappé

13 questions
30 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}