S. Shade

Comment choisir les bons mots pour parler d’un roman ?
Comment trouver ceux qui reflètent le plus ce qu’on ressent ?
C’est difficile… difficile de montrer à quel point un livre a pu nous bouleverser ou nous faire rêver. C’est le cas pour Cinquante-deux.
Ce premier roman est tout simplement une pépite. Vous me direz que c’est facile de parler de coup de cœur ou de pépite à tout va mais c’est vraiment le cas. L’auteure nous parle d’un sujet grave à travers les yeux de Zacharie, un jeune homme touchant et plein de sensibilité : la mémoire. Celle qui nous forge et façonne notre quotidien. Celle qui fait ce que nous sommes et régie nos émotions.
À travers son parcours et sa quête, il va rencontrer Joshua, un électron libre, tatoueur de son métier, faisant vivre ce qui n’est plus. La relation qui va naître entre eux va nous bouleverser, nous faire vibrer et nous amener loin dans le futur mais aussi dans le passé. J’ai adoré partager ce moment de vie avec eux, rentrer dans l’intimité de Zach et mieux connaître Josh. Les personnages secondaires sont tout aussi attachants.
Un moment de lecture fort en émotions diverses, une auteure à suivre qui a mis la barre haute dès son premier roman. Merci S-Shade Auteure pour cette évasion bouleversante.

L’important n’est pas de guérir, mais de vivre avec ses maux. Albert Camus 

De toute manière , à quoi bon se protéger, je sais que la chute sera fatale. Mais que vaut une vie sans risques ? Que vaut une vie sans amour ? Rien ! Je le sais à force de rester seul, caché j'ai stagné et ne n'ai pas réussi à apprécier ce qu'il se passait autour de moi.

Les contes de fées ne disent pas que les dragons existent. Les enfants savent déjà que les dragons existent. Les contes de fées disent aux enfants que les dragons peuvent être tués.

Chaque jour, j'en apprends davantage sur lui, pendant nos moments volés au reste du monde. Ces quelques minutes, loin de tout, cette parenthèse dans notre quotidien. Lui dehors, moi dedans, oubliant cette vitre qui nous sépare. Durant cet instant, j'annihile mes peurs, je découvre l'extérieur par ses mots, à travers ses yeux. Je me sens libre...

Ses gestes commencent à ralentir, montrant qu'il arrive sur la fin. Il repasse d'une zone à l'autre pour ajouter ou corriger certains points. Puis je sens un liquide frais me toucher, calmant ainsi la douce brûlure qui s'est propagée sur mon mollet, preuve indéniable qu'une nouvelle page de mon histoire est visible sur ma peau.

- Vous passez vos journées à regarder dehors et pourtant vous ne sortez jamais de chez vous. Si au contraire vous ne faisiez que fuir les fenêtres, je saurais où aller. Mais vous, c'est bien l'inverse. Votre cœur vous souffle d'y aller, mais votre corps refuse de l'écouter.

Alors que je devrais m'inquiéter et m'enfermer dans ma chambre, je ne peux empêcher mon coeur de faire des loopings dans ma poitrine. D'abord avec ses gestes et maintenant avec ses mots, il a rallumé en moi ce feu que je pensais éteint à jamais

J'ai envie de sentir le souffle du vent sur ma peau, sentir les fleurs de mon jardin, l'odeur de l'herbe fraichement coupée et celle de la pluie avant l'orage, un soir d'été.

Que la mémoire est douce. Elle qui parfois ancre en nous des odeurs, des sons, des images, tous ces petits détails qui font la différence.