LA FLEUR D'ORCHIDÉE
Au moment même où je me demande
si elle va mourir,
l'orchidée fleurit
et je ne saurais dire pourquoi
mon cœur en est ému, pourquoi pareil plaisir
à cause d'un seul petit bouton
au bout d'une longue tige grêle, une
fleur rouge sang et or
s'ouvrant en plein été,
ténue, à son heure, parfaite.
Même pour un poète
chenu et buriné,
c'est purement érotique,
pistil, étamine, pollen,
rosée du monde, une cuillerée
de terre, et de l'eau.
Érotique parce qu'il y a la mort
au cœur de la naissance,
le drame, au soleil levant, dans ces prismes
anciens gouttant des branches de cèdres,
le plus profond des mystères,
en lavant la vaisselle du soir
ou en taquinant ma femme,
qui devient chaque jour de plus en plus belle, oui,
car l'un de nous va mourir.
le papier humide importé
de quelque part où je ne suis jamais allé
bénit mes doigts avec
des baisers frais, doux, cotonneux, tels
les murmures des défunts.
Si vivre signifie aimer,
travailler donne forme aux mots que nous prononçons ;
chaque jour,
nous luttons pour construire un monde nouveau.
mi-chemin de notre parcours, nous sommes
invisibles, nous sommes seulement des ombres
qui glissent dans la nuit, et font une pause pour donner
un nom aux choses qui façonnent notre passage
Somewhere someone is untangling the heavy nets of desire
beside a small fire at the edge of the sea.
He works slowly, fingers bleeding, half thinking, half listening, knowing only that the sea makes him thirsty.