AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de alzaia


Moi, je ne parlerai plus de corps et de trajectoire, du ciel et de la terre je ne sais pas ce que c'est. Ils me l'ont dit, expliqué, décrit, comment c'est tout ça, à quoi ça sert, mille fois, les uns après les autres, aux propos les plus divers, dans une unanimité parfaite jusqu'à que j'ai eue l'air d'être véritablement au courant. Qui dirait à m'entendre que je n'ai rien vu, rien entendu que leur voix ? Les hommes aussi qu'est-ce qu'ils ont pu me chapitrer sur les hommes, avant même de vouloir m'y assimiler. Tout ce dont je parle, avec quoi je parle c'est d'eux que je le tiens. Moi je veux bien, mais ça ne sert à rien, ça n'en finit pas. C'est de moi maintenant que je dois parler, fût-ce avec leur langage, ce sera un commencement, un pas vers le silence, vers la fin de la folie, celle d'avoir à parler et de ne le pouvoir, sauf de choses qui ne me regardent pas, qui ne comptent pas, auxquelles je ne crois pas, dont ils m'ont gavé pour m'empêcher de dire qui je suis, où je suis, de faire ce que j'ai à faire de la seule manière qui puisse y mettre fin, de faire ce que j'ai à faire. Ils ne doivent pas m'aimer. Ah ils m'ont bien arrangé, mais ils ne m'ont pas eu, pas tout à fait encore. Témoigner pour eux, jusqu'à ce que j'en crève, comme si on pouvait crever à ce jeu-là, voilà ce qu'ils veulent que je fasse. Ne pas pouvoir ouvrir la bouche sans les proclamer, à titre de congénère, voilà ce à quoi ils croient m'avoir réduit. M'avoir collé un langage dont ils s'imaginent que je ne pourrai jamais me servir sans m'avouer de leur tribu, la belle astuce. Je vais le leur arranger, leur charabia. Auquel je n'ai jamais rien compris du reste, pas plus qu'aux histoires qu'il charrie, comme des chiens crevés. Mon incapacité d'absorption, ma faculté d'oubli, ils les ont sous-estimées. Chère incompréhension, c'est à toi que je devrai d'être moi à la fin. Il ne restera bientôt plus rien de leurs bourrages. C'est moi alors que je vomirai enfin, dans des rots retentissants et inodores de famélique, s'achevant dans le coma, un long coma délicieux.
Commenter  J’apprécie          50





Ont apprécié cette citation (3)voir plus




{* *}