A la question : qu’est-ce que la philosophie en général ? il est impossible de donner une réponse directe. S’il était facile de s’entendre sur une notion précise de la philosophie, il suffirait d’analyser cette notion, pour se voir aussitôt en possession d’une philosophie susceptible d’acquérir une adhésion universelle, parce qu’ayant une valeur générale. La philosophie n’est pas quelque chose qui nous soit donné par la nature, qui soit immanent à notre esprit, sans que nous ayons jamais fait un effort pour l’acquérir. Elle est avant tout œuvre de liberté. Elle est pour chacun ce qu’il est lui-même, elle correspond à ce que chacun a fait de lui-même ; et c’est pourquoi l’idée de philosophie n’est que le résultat de la philosophie même qui, science infinie, est en même temps la science de soi-même.
Cette tendance à l’unité se manifestait également dans l’art, la science, la
philosophie et la poésie. On voulait avoir une conception du monde faite
d’une seule pièce, ce qui ne pouvait être obtenu qu’en ramenant toute la
connaissance à un seul principe. Telle fut en effet la tâche que s’imposa la
philosophie allemande, et c’est sous la poussée de cette tendance qu’on eut
l’idée de tirer Spinoza de l’oubli où on l’avait laissé pendant plus d’un
siècle, les assoiffés d’unité ayant découvert dans sa philosophie la source
propre à les désaltérer.
Une des principales caractéristiques de sa philosophie, une des tendances
dominantes de son esprit, c’est la recherche de l’unité, de l’universalité.
Cette tendance, il la partageait avec son époque qui ne vivait que sous le
signe de l’unité et cherchait à l’obtenir dans tous les domaines.