C’est un livre qui aurait pu être écrit à la première personne, tant la sensibilité, la rage, la folie et les réflexions de son héroïne sont rendues présentes au lecteur et attribuées directement à l’auteur. Et pourtant, en préférant la troisième personne et l’effet de distanciation consciente que cette convention entraîne, Sandrine-Malika Charlemagne crée un lien plus fort non seulement avec son lecteur, mais avec ses personnages, ses deux héroïnes, ennemies de chair, ennemies d’origine et de parcours, ennemies de classe dans une certaine mesure, et liées à la vie, à la mort, mère et fille, opaques et transparentes l’une à l’autre, indissociables dans leur haine réciproque, si forte qu’elle en devient une autre forme de l’amour
Tu connais des parfums / Tu connais des couleurs / Tu connais des musiques / Tu connais des nuits constellées
Ne rasez les murs d’aucune citée
Alice se sentait comme une taupe là-dedans, asphyxiée par la profusion des galeries, en veux-tu des boîtes, en veux-tu des barquettes, en veux-tu des paquets, en veux-tu des sachets, en veux-tu des bouteilles, et en veux-tu, en veux-tu…
Ce qui me fait vibrer dans la vraie vie / Ce sont ces mille et une parcelles autour de nous / Des sensations, des images, des rencontres / Des voix, des visages, / Et tout ce qu’on imagine
Me vider de ton sang / Le tien, qu’il me faut pourtant reconnaître / Et que des hommes me battent à mort / Qu’ils prennent eux, ce sang /Qu’ils le sucent, oui…
Un jour ces mains sur toutes les caisses cesseront de frapper / Et brûleront pour elles-mêmes le beau feu de joie
Là-dedans, tout semblait si rigide qu’elle en éprouvait une sorte de suffocation
c’était une sorte de déchirement qui lui flanquait un blues monstre