Vivre avec une adolescente est un excellent exercice pour décoder la psychologie féminine. Je suis mis à l’épreuve à chacune de nos entrevues sur ma capacité à prendre sur moi. J’en profite pour consulter ma boîte mails. Je suis effaré par le nombre de messages qui s’accumulent chaque jour. Pas étonnant, quatre-vingt-dix pour cent du trafic mondial est composé de spams.
Pour elle, rien n'est grave et irrémédiable sinon la mort.
J'ai pris sa gentillesse pour de la faiblesse. Mauvaise appréciation de ma part. Elle avait espéré qu'avec le temps, je prendrai conscience moi aussi des choses véritablement essentiel.
Pour finir, j’ai franchi la ligne rouge, j’ai trompé ma femme. Terminé. Elle m’a asséné ses quatre vérités. Elle avait passé vingt ans à s’occuper de mon bien-être, elle voulait penser un peu à elle. Mon infidélité n’avait été que le déclencheur. Elle me reprochait de ne plus être attentif à ses désirs, ses envies, ses projets depuis trop longtemps. Sexuellement aussi, je m’étais reposé sur nos acquis tandis qu’elle était prête à explorer d’autres pistes. J’étais devenu fainéant. Je lui donnais du plaisir sans me fouler, j’avais les combinaisons gagnantes.
Je suis resté très traditionnel dans mon approche de la femme. Pour moi, il y a les filles sur lesquelles on fantasme et celle qu’on épouse parce qu’on les respecte. Je n’ai jamais franchi la barrière. J’ai l’impression que c’est ce qu’elle me reprochait finalement. Mon manque d’audace. Pour elle, la nuit était une vie parallèle où presque tout était permis si c’était consenti, une revanche sur la vie quotidienne lourde de contraintes et de conventions. Je crois que nous, les hommes, on remet rarement en cause notre quotidien. C’est un truc de femmes de se torturer l’esprit sur le sens de leur vie, à essayer de trouver des réponses dans les livres de développement personnel.
J’ai toujours eu une mémoire phénoménale. On me disait brillant mais impossible à maîtriser. Aujourd’hui, je serais probablement diagnostiqué enfant à haut potentiel mais il y a quarante ans, on ne se préoccupait pas des profils atypiques. Ma mère m’a gâté, beaucoup aimé, presque trop. Elle en devenait étouffante, pourtant aujourd’hui, son amour inconditionnel me manque. Tout donner, tout pardonner, ne rien attendre en retour, aucune autre femme ne peut aimer de cette manière.
Osons l'émerveillement au quotidien pour ne pas être victimes de l'habituation hédonique (une sorte d'obsolescence programmée du bonheur).
Je me demande toujours si un vieux ou une vieille ne serait pas derrière sa fenêtre avec une paire de jumelles à espionner le voisinage. C’est une distraction comme une autre quand on arrive au bout du chemin de sa vie et que les heures sont longues. Sans être exhibitionniste, je n’y vois pas d’inconvénient majeur.