Scarlett DGSP

Je te veux…
Je veux sentir tes lèvres
Sur mes lèvres et sur ma peau.
Je veux sentir ta fièvre, te sentir avoir chaud.
Je veux que tu sois roi,
Et que tu me fasses reine.
Je veux que tu sois toi
Et que savamment tu me prennes…
Je veux me sentir belle
Dans tes yeux et sensuelle
Pour te faire perdre la tête…
Je veux que tu t’entêtes
Et que tu ne t’arrêtes
Que lorsque je serais prête !
Je veux que tu me dises
Tout un tas de bêtises :
Des mots que jamais
Tu n’aurais osé dire…
Je veux que ton désir
Soit aussi grand qu’un palais
Et que nous l’explorions
En empestant la passion,
En défiant la raison.

Embrasse-moi les seins,
Viens te nicher dans mes reins…
Je veux que tu me fasses
Tout, en me laissant des traces
Pour que je repère tes fantasmes…
Je ne veux pas être chaste
Et pour toi je serais chatte…
Je veux que nos corps forment une natte
Dans ce lit aussi vaste
Que le ciel de nos frasques.
Sois à moi pour une nuit
Mon amant, dis moi oui !
Que tes mains m’apprennent
Juste avant que tu ne viennes…
Explose dans mon corps
Dans ma bouche et au-dehors
Jusqu’à ce que l’amour
Epuise nos deux corps
Et que se lève alors
Ennuyeux et sérieux : le jour…

Jean-François Robel était un homme dans la bonne cinquantaine. Ancien adepte du rugby, il avait gardé la stature propre à ces sportifs. D’un naturel taquin, il avait coutume de faire des jeux de mots avec ses collaborateurs ou son entourage. Mais lorsqu’il fallait travailler ou recadrer ses collègues, il savait changer de visage et prenait un air bourru : dans ces moments là il ne fallait absolument pas le contrarier. Les douleurs au dos, héritage de ses entrainements au rugby, le rendait aussi parfois inaccessible et froid.
A cet instant, il était contrarié. Extrêmement contrarié. Assis au fond de son fauteuil, ses lunettes sur le nez, il tapotait son bureau avec la gomme perchée au bout de son crayon de papier. Débraillé, déchaussé… en pleine réflexion. Aucun indice, début de piste, rien. Et pourtant, il n’était pas question de laisser ce crime impuni. La perquisition au domicile de la victime n’avait pas donné grand-chose : des empreintes mais inexploitables, des renseignements sur sa vie somme toute banale, pas de relation intime sérieuse ou suivie, pas d’ennemi affiché, de parents, collègues ou voisins rancuniers…… RIEN.

- Voilà ce que j’en dis : manifestement, nous nous accordons bien. Je n’ai que toi dans ma tête et être avec toi est l’opposé du supplice. Je pense que nous avons toutes les chances d’être un couple heureux… Maintenant, mon expérience est telle que la rengaine selon laquelle les histoires d’amour finissent mal en général semble prouvée… Je ne vais pas te promettre monts et merveilles, d’autant que nous ne nous connaissons peu, même si nous nous comprenons. Imagine, je ne connais même pas le prénom de mes futurs beaux-parents… L’attitude que j’ai avec toi est sincère. J’ai été heureux de te présenter hier comme ma compagne, parce que c’est ainsi que je te considère. Est-ce que je veux t’épouser ? Un peu précipité, peut-être, il me faudra étudier la liste de tes défauts, parce que même si mon cerveau s’ingénue à me faire croire le contraire, il y en a bien quelques uns, enfin j’espère, parce que vivre avec la perfection, ça doit finir par être assommant… C’est d’ailleurs pour cela que personne n’arrive à vivre avec moi ! Et puis, je ne vois pas ce que le mariage apporte à un homme. Et toi ?