AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Sean Phillips (216)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Sept, tome 1 : Sept Psychopathes

♫Il est d'une grâce fauve

Il est tranquille et brutal

Silencieux quand il se pose

Entre Dieu et l'Animal

Sous la peau brillant dans l'ombre

De longs muscles de métal

Homme seul, homme sombre

Où est le bien et le mal

Noir comme le diable

Chaud comme l'enfer

Insaisissable

Seigneur de guerre♫

-Bernard Lavilliers- 1986 -



Chiffre 7, correspond dans la Kaballe

au Triomphe, à la Victoire Totale

Parachuter sept mercenaires

pour assassiner Hitler

Signes particuliers, Caractéristiques singulières

Esprits authentiquement libres pour tuer le Fuhrer

Voleurs de feu, types incendiaires

opération Doppelganger

mission suicidaire

Voleurs de feu ou saigneurs de guerre.

Ils s'en lavent les mains

7 Psychopathes se traitent en bons aryens ...

Commenter  J’apprécie          824
Sept, tome 1 : Sept Psychopathes

Cela fait un bon bout de temps que je veux m'attaquer à cette longue série de one-shots. C'est enfin chose faite, je commence donc avec le 1er récit paru dans la collection.



Comme j'aime bien les films de commandos, "les 12 salopards", "de l'or pour les braves", "les canons de Navarone"..., ce 1er volet avait tout pour me séduire, d'autant plus avec l'ingrédient décalé savoureux et prometteur du commando entièrement constitué de cinglés.



Il faut bien avouer que "sept psychopathes" ne tient pas tout à fait ses promesses mais cela reste une lecture bien sympathique.

Si la phase de recrutement est bien développée et permet de présenter les différents membres du commando, le reste de l'intrigue est un peu expédié. Tout se passe trop vite, ces personnages si prometteurs sont sous-exploités. Dommage, cette bande de névrosés composait une galerie de personnages sacrément intrigante.



Reste le plaisir d'une série B musclée qui réserve son lot de surprises réjouissantes. Pas mal finalement !

Commenter  J’apprécie          392
Sept, tome 1 : Sept Psychopathes

Angleterre 1941, un colonel qui doit regagner la confiance de sa hiérarchie tente un opération démente, créer un commando improbable de psychopathes afin d'assassiner Hitler....

Cette bd, que l'on peut qualifier d'uchronie ne manque pas de qualités, notamment au niveau du scénario.

Difficile de prévoir le déroulement d'une opération si périlleuse avec des gens incontrôlables !

Parachuté en Allemagne, le commando passe vite à l'action, à sa façon peu orthodoxe.

Les nazis ont une parade, c'est d'ailleurs un petit point faible du récit, car l'évocation d'une section "Doppelganger" gâche un peu le suspense peu avant la conclusion.

A condition, toutefois, de savoir ce qu'est un doppelganger, ce qui n'est certes pas le cas de tout le monde !

Quant au dessin et aux couleurs, nous sommes plus proche du style comics réaliste que de la bd européenne.

Au final, un album intéressant mais pas franchement indispensable.

Commenter  J’apprécie          383
Night Fever

J'avais vraiment adoré Kill Or Be Kill de la même équipe, qui allait très loin dans ses thèmes et son style. J'avais donc des attentes élevées en lisant ceci.



Tout ça pour un comic qui est bon, sans plus.



Un américain blasé débarque en Europe quelques jours pour le travail. Les nuits, il sort et se laisse embarquer très passivement dans des histoires de drogues, de braquages et de meurtres. On ne sait pas exactement ce qui est réel, une psychose ou un trip d'acide.



Rien de nouveau pour qui connait Eyes Wide Shut, Fight Club ou d'autres trucs du genre.



Ce n'est pas mauvais, mais je recommanderais fortement Kill Or Be Killed, si le travail de ces artistes vous intéresse.



Commenter  J’apprécie          334
Sept, tome 1 : Sept Psychopathes

7 cinglés - mais avec chacun un style bien à lui. C'est l'arme secrète d'un colonel suicidaire (et dénigré par sa hiérarchie) de l'armée britannique pour tuer Hitler. Mais attention, ils sont VRAIMENT imprévisible, à tel point que cette arme pourrait se retourner contre son utilisateur,…



Le Professeur Foldingue ("échappé" de l'asile psychiatrique) et le Colonel suicidaire vont dans leur quête de l'équipe qui tue. Cet aspect du récit met le temps nécessaire pour qu'il soit crédible. Quant aux journées de missions en Allemagne, elles sont bâclées.



L'idée était sympa et promettait d'être drôle. Avec une ambiance inspirée des Marvel, mais bof.

J'ai trouvé le scénario un peu trop rapide. Tant pis.
Commenter  J’apprécie          323
Scène de crime

Club N°56 : Comics non sélectionné mais acheté sur le budget classique

------------------------------------



Roman noir moderne tout en respectant les codes.



Excellents textes, haletant avec des rebondissements de moins en moins convenus, une vraie réussite...



Vincent

------------------------------------



Bon petit polar comme ces auteurs savent le faire.



JH

------------------------------------


Lien : https://mediatheque.lannion...
Commenter  J’apprécie          310
Sept, tome 1 : Sept Psychopathes

Face aux dessinateurs de mangas qui sortent 48 pages en 2 semaines et face aux dessinateurs de comics qui sortent 48 pages en 2 mois, il est difficile de fidéliser un public avec des dessinateurs de bandes dessinées qui font 48 pages en 2 ans… Donc de plus en plus d'éditeurs ont opté pour la formule gagnante de la collection thématique où interviennent plusieurs auteurs (les puristes crient à l'hérésie, mais il fallait bien trouver une solution pour ne pas dépérir encore davantage face à la concurrence). C'est dans cette optique que les éditions Delcourt ont été les premiers a dégainé avec leur collection "Sept" dirigée par le vieux routard David Chauvel...





La série "Sept" explore toutes les palettes qui vont de l'epicness to the max des "Sept Samouraïs" au grimdark des "Douze Salopards", mais bien qu'elle soit née de l'idée de s'inspirer du premier ce tome inaugural fait carrément figure de remake complètement déjanté du deuxième... le colonel Thompson du SOE est un patriote mais il est brimé à répétition par ses supérieurs qui se moquent de ses passages au sanatorium pour soigner ses dépression successives, et il maudit la terre entière après une nouvelle humiliation et un nouveau bombardement quand il tombe sur la lettre d'un aliéné qui lui propose de réussir là où tout le monde a échouer  : gagner la guerre en assassinant Adolf Hitler, en utilisant des fous comme assassins puisque seules les méthodes non conventionnelles peuvent fonctionner là où les méthodes conventionnelles ne fonctionnent plus...

La phase de recrutement est assez longue mais permet de faire connaissance avec les membres du commando :

- Joshua Goldschmidt, un sosie d'Einstein à cheveux long en plein délire de persécution ^^

- Erik Starken, un ancien officier de haut rang persuadé d'être connecté à Adolf Hitler (sans doute à juste titre ^^)

- Susan, tireuse d'élite victime de crises d'angoisse depuis sa maternité

- Willy Writght, escroc et comédien, transformiste et mythomane

- Stewart, un loup en chasse se faisant passer pour une brebis égarée

- James Smith, fonctionnaire zélé et monstre de logique

- l'homme sans nom, un berserker autiste qui n'attend que de plonger à nouveau au coeur de la folie des causes perdues... (et un vétéran aussi baraqué que défiguré qui n'est pas sans rappeler le "Maniac Cop" de Larry Cohen et William Lustig ^^)

Nous sommes dans un récit à twists, donc sans trop spoiler disons que tout part en cacahuètes dès le départ, mais que chacun parvient quand même à remplir sa mission. Oui c'est antinomique, mais la vérité nous est révélée quand Joshua Goldschmidt découvre les secrets de son équivalent nazi qui dirigent les sections Nostradamus et Doppelgänger... Et le dénouement est à la fois tragique et ironique !

C'est dommage que Fabien Vehlmann utilisent deux personnages comme deus ex machina, et c'est un défaut récurrent de la série car plusieurs auteurs n'hésitent pas à se bazarder un ou plusieurs personnages pour que le récit tiennent en 60 pages... En fait chaque personnage aurait pu être développé sur un tome entier, et le stand alone aurait pu devenir une série en bonnes et dues formes car entre le télépathe qui s'ignore, le sociopathe cynique, le sociopathe naïf, le chasseur de nazi juif qui n'est pas juif, le sosie maudit, le champion du chaos, et la strong independant woman qui triomphe de la Peur il y avait de quoi faire... Mieux, le personnage du vieux chasseur bavarois arrive à lui tout seul à envoyer aux orties tous les préjugés du manichéisme !!!



Graphiquement le travail de Sean Phillips respire la tradition comics, qui faute de connaissances suffisantes en la matière je comparerais à ce que faisaient naguère Jae Lee et Tim Sale, mais c'est quand même un peu tiré vers le bas par un encrage et une colorisation un peu basique malgré 2 ou 3 planches plutôt réussies... Mais beaucoup d'autres tomes de série sont beaucoup plus réussi à ce niveau là (et à d'autres aussi)...



On est dans la série B totalement décomplexée certes, et cette BD aurait pu être le synopsis d'"Inglorious Basterds" s'il avait été écrit par Quentin Tarantino à l'époque de "Reservoir Dogs", mais elle n'est pas si bourrine que cela :

Qui sont les plus fous ? Adolf Hitler, vegan, artiste et suprématiste, les 7 cinglés envoyés pour le tuer, la hiérarchie des Alliés qui les renie comme ce haut gradé qui prend sur son temps libre pour casser du subordonné, ou les caciques du nazisme prêts à tout et au reste pour que continue le grand barnum qui leur donne tous les droits donc tous les pouvoirs ?

Qui sont les plus dangereux ? Ceux qui sont au pouvoir, ceux qui les ont mis au pouvoir, ou ceux qui veulent récupérer tout ou partie de leur pouvoir et s'y accrocher contre vents et marées ???
Commenter  J’apprécie          315
Fatale, Tome 1 : La mort aux trousses

Si je ne l’avais pas trouvé tout à fait abouti, j’avais pas mal apprécié ma lecture de l’ambitieux « fondu au noir » du duo Brubaker et Phillips. J’étais donc curieuse de découvrir d’autres ouvrages de ce duo. Me voilà donc à lire le 1er tome d’une série intitulée « Fatale ». Et quelle entrée en matière ! Ce 1er volet intitulé « la mort aux trousses » est tout simplement excellent.



J’ai préféré ne rien savoir de la B.D avant de commencer ma lecture, du coup je n’ai même pas lu la 4ème de couverture. Au vu du titre et du visuel de couverture, je m’attendais à du noir à l’ancienne. Je n’avais pas tort, « Fatale » relève bien du noir et en respecte les codes et les archétypes. Mais je n’avais pas tout à fait raison, « Fatale » n’est pas que ça. « Fatale » c’est du noir dans la plus pure tradition du noir et c’est aussi du fantastique assez dingue. Le scénario, totalement maîtrisé et parfaitement construit, mélange habilement ces deux genres sans que l’un ne soit au détriment de l’autre. La facilité aurait voulu qu’au fur et à mesure que les éléments fantastiques se dévoilent l’histoire délaisse peu à peu le côté noir. Ce n’est absolument pas le cas, l’équilibre est parfait. C’est comme si on mariait James M. Cain à Lovecraft. Le résultat est totalement addictif et vraiment réjouissant.



Ce 1er volet redoutablement efficace m’a enthousiasmée. Habilement construit et mené, le scénario est sublimé par le dessin de Phillips et les couleurs de Stewart, qui proposent des cadrages parfaits et de beaux jeux d’ombre. J’ai vraiment hâte de découvrir la suite.



Commenter  J’apprécie          302
Night Fever

Club N°55 : Comics non sélectionné

------------------------------------



Le duo Brubaker/Phillips nous propose un nouveau néo-noir des plus classiques.



Et encore une fois, ça marche plutôt bien.



On reste captivé tout du long, dans ces ambiances nocturnes Européennes où notre agent d'auteur dérive sans trop comprendre ce qui se passe, poussant toujours plus loin.



Dessins très cools, bonne écriture, prenant de bout en bout.



Après, ça ne révolutionne pas le genre, mais c'est un petit plaisir dont on ne se lasse pas.



Greg

------------------------------------



Je suis assez client de ce genre mais ici, je n'ai rien trouvé de nouveau, en l'état, je ne suis pas du tout convaincu.



Benoit

------------------------------------



Pour les fans.



Je pense que l'on a lu un petit thriller pas mal mais pas à la hauteur de ce que nous propose ce duo habituellement.



JH

------------------------------------



Un beau graphisme, un bon scenario, mais sombre, tellement sombre...



JF

------------------------------------

Commenter  J’apprécie          270
Sept, tome 1 : Sept Psychopathes

Si le pitch de départ est une bonne idée - une sorte de 12 salopards revisités à la sauce psychiatrique- je ne suis pas vraiment conquise par ce premier tome de cette série qui compte quelques pépites.

Comme dans plusieurs tomes de cette série, un des grand défauts de ce tome est de créer 7 personnages pour rentrer dans le cahier de charge mais de très vite en négliger quelques uns.

Nous nous retrouvons donc avec des présentations fort longues pour des personnages dont les noms sont à peine cités et dont on a parfois un peu de mal à déterminer à qui on a à faire/de qui on parle.

Côté dessin, c'est efficace même si ça ne correspond pas trop à ce que j'aime.

Pas du tout le meilleur de la série malgré une bonne idée de départ.
Commenter  J’apprécie          250
Fatale, Tome 1 : La mort aux trousses

Une entrée en matière dans le genre polar noir, avec deux périodes qui se répondent, en 2011, Nicolas Lash, écrivain en 2011 enterre son parrain, Dominic Raines, écrivain lui aussi, et en 1957 ou on retrouve en parallèle un récit de ce dernier, avant qu'il ne publie son premier roman. La partie ancienne est dans le ton du polar classique, années 50, avec des flics ripoux, une étrange secte et bien sûr, une femme fatale, mais les passages récents nous perdent, que vient faire cette femme fatale en 2011. Puis petit à petit, on dérive vers le fantastique gore. J'ai été bluffé par le glissement progressif d'un genre à l'autre, il nous happe littéralement, le mystère est bien mené. le dessin est classique, quasi photographique, les plans et les cadrages sont cinématographiques, les noirs très intenses et très présents renforcent l'ambiance inquiétante et pesante. Beaucoup de surprises, du suspense et des tensions couronnés par quelques horreurs, du noir, très noir que les amateurs du genre adoreront forcément. C'est court mais c'est puissant.
Commenter  J’apprécie          240
Kill or be killed, tome 2

Qui dit nouvelle année dit (bonnes) résolutions. Et qui dit résolutions dit challenges. Et qui dit, bref vous avez compris c'est décidé, en 2021 je m'essaie aux challenges Babelio. Bon seulement à deux en particulier mais comme dit l'adage, « lentement mais sûrement ». Comme le Père Noël a été généreux cette année, on attaque avec le tome 2 de Kill or Be Killed.



Que c'est bon ce décapage au vitriol toute en subtilité du politiquement correct et des travers de la déviante communauté ricaine ultracapitaliste. Ed Brubaker, comme à son habitude, n'épargne personne et livre à travers ses (anti)héros de sombres réflexions aux tonalités acides sur toutes les strates sociétales.



L'ingénieuse ramification du récit aux allures cinématographiques alternant interactions avec le lecteur, enquête policière (grande nouveauté de ce second volet mais en même temps quand on sème des macchabés derrière soi c'est inévitable), flashbacks et pensées métaphysiques se révèle littéralement exquise.



Sean Philips de son côté fait preuve d'une extravagance plus que bienvenue dans le montage graphique en puisant son inspiration du côté du 7e Art. L'action est nerveuse mais parfaitement lisible, le coup de crayon toujours aussi charmant avec son céleste aspect pictural et la mise en scène ébouriffante.



Nul besoin d'un dessin vous l'aurez compris, cette saga du comics indé fait souffler un vrai vent de fraicheur sur le genre. Une fois l'ultime page tournée une seule envie nous obsède l'esprit : on veut en savoir plus. Cela tombe bien, j'ai le tome 3 en stock dans la bibliothèque. Je vous l'avais dit, Papa Noël m'a vraiment gâté cette année.
Commenter  J’apprécie          240
Fatale, tome 2 : La Main du Diable

J’avais tellement aimé « la mort aux trousses », 1er volet de la série « Fatale », que j’avais quelques inquiétudes en abordant ce 2ème tome intitulé « la main du diable ». Je craignais que, l’effet de surprise étant passé, le charme de la découverte n’opère plus. Et je n’étais pas certaine que les auteurs parviendraient à se hisser au niveau du 1er volume qui était un mélange parfait de noir et de fantastique. En effet, l’enthousiasme de la découverte n’est plus le même et il faut bien admettre que « la main du diable » est moins bon que son prédécesseur. Mais n’allez pas croire que je suis déçue. C’était quasiment impossible de faire aussi bien que le 1er tome qui était excellent. Celui-ci est seulement très bon.



Ce 2ème tome est vraiment dans la lignée du 1er. On retrouve d’ailleurs dans la trame narrative le même genre de construction et les mêmes motifs que dans « la mort aux trousses ». On est ici dans une sorte de variation. Mais elle est tellement bien faite qu’on n’a pas de sentiment de redite. Brubaker est un scénariste astucieux et il parvient à renouveler son récit, simplement en le situant dans un nouveau contexte. Fini les années 50, bonjour les seventies. Exit le flic usé, le 1er rôle masculin prend ici les traits d’un acteur de seconde zone. Ce changement de décor et de contexte permet aux auteurs de proposer un récit dans la continuité du 1er mais avec un ton et une atmosphère bien différents. Le mélange entre fantastique et noir est toujours là mais très atténué. L’aspect surnaturel se résume à quelques éléments disséminés çà et là et l’aspect polar revêt ici un autre style. On n’est plus dans le noir classique à la James M. Cain, on est plutôt dans du néo-noir avec une allure moins glamour et plus craspec. Le dessin de Philips accompagne joliment cette évolution de ton. J’ai trouvé que dans ce tome, il jouait moins sur les codes visuels du noir classique pour davantage coller à l’époque du récit, aidé en cela par la colorisation très pertinente de Dave Stewat. Visuellement, ça m’a fait penser à certains films du Nouvel Hollywood.



Si les autres tomes sont aussi bons que celui-ci, je rangerai « Fatale » parmi mes séries préférées. Je vais vite réserver le tome suivant pour le vérifier.

Commenter  J’apprécie          234
Sept, tome 1 : Sept Psychopathes

Une BD folle.

Au Royaume-Uni, pendant la seconde guerre mondiale, un professeur, hôte forcé d'un asile d'aliéné, parvient à convaincre un agent des services secret de monter un commando de psychopathes pour tuer Hitler.

Évidemment l'histoire rappelle un peu les 12 salopards, en nettement plus délirant et avec une bonne grosse trouvaille finale.

Même si Sean Phillips, le dessinateur s'en sort avec les honneurs grâce à quelques trouvailles graphiques, l'histoire reste trop dans le n'importe quoi pour enthousiasmer.
Commenter  J’apprécie          220
Fatale, tome 3 : À l'Ouest de l'Enfer

Décidément, cette série est vraiment bluffante. Après un excellent 1er volet qui mélangeait harmonieusement noir et fantastique puis un 2ème tome qui jouait plutôt sur un registre néo-noir et atténuait franchement le côté surnaturel, ce 3ème volume rebat les cartes et renouvelle encore son univers tout en restant cohérent.



Après avoir visité les années 50 sombres et glamour puis avoir arpenté les trottoirs tristes des années 70, le duo Brubaker et Philips emmène le lecteur dans plusieurs époques : les années 30, le Moyen-Age, le Far-West, la seconde Guerre Mondiale. le côté surnaturel qui avait été atténué dans le 2ème tome reprend ici le 1er plan. Dans ce nouveau volet, c'est plutôt l'aspect polar qui est atténué. En fait le côté noir est ici réduit à l'archétype de la femme fatale. Et quel archétype ! Joséphine, qu'elle apparaisse sous ce nom ou sous un autre, est une magnifique incarnation de cette figure classique du noir. L'archétype de la femme fatale n'est pas aussi simpliste que certains pourraient le penser, il existe différentes nuances de cet archétype : la Cora du « facteur sonne toujours deux fois » sur qui la fatalité s'abat est assez différente de la vénéneuse et machiavélique Phyllis de « assurance sur la mort » (et pourtant ces 2 femmes fatales légendaires sont des créations du même auteur James M. Cain). le point commun de ces différentes incarnations de la femme fatale c'est bien sûr leur pouvoir d'attraction sur les hommes. Un pouvoir d'attraction quasi surnaturel, c'est sans doute pour ça que cet archétype s'insère très bien dans le registre fantastique. A moins d'ailleurs que la figure de la femme fatale ne trouve son origine dans des récits relevant du surnaturel (dans la mythologie ou même la Bible par exemple). Mais je m'égare… Pour revenir à Joséphine, la femme fatale créée par Brubaker et Philips, elle est plus proche de Cora que de Phyllis. Son pouvoir de séduction est une arme mais aussi une malédiction, elle est tout autant victime que bourreau, ce qui lui donne une dimension assez tragique et la rend attachante et émouvante. A chaque époque correspond une histoire presque indépendante. Je dis presque car l'ensemble tisse une toile très cohérente. Des réponses sont esquissées juste ce qu'il faut pour laisser planer le mystère. L'ambiance Lovecraftienne est bien marquée dans ce tome et je trouve que cette atmosphère étrange se marie aussi bien à un contexte médiéval qu'au western. Et surtout, de façon surprenante, la figure de la femme fatale s'intègre très bien à cet univers Lovecraftien. A ma connaissance, mais je suis loin d'avoir lu toute son oeuvre, Lovecraft n'a jamais utilisé ce genre de personnage.



Ce 3ème tome est vraiment excellent. « Fatale » est en train de devenir une de mes séries favorites. Mais j'avoue avoir une petite crainte pour la suite. La série compte 5 tomes. Est-ce que les 2 volets qu'il me reste à lire vont parvenir à maintenir ce haut niveau ? Difficile sans doute mais j'ai envie d'y croire et de faire confiance à Brubaker et Philips.

Commenter  J’apprécie          200
Pulp

La première chose qui m’a attirée dans cette bédé, c’est la couverture : ses tons orange, la chaleur qui s’en dégageait et l’illustration qui laissait présager bien des choses.



Sans compter le duo d’auteurs dont j’ai déjà découvert une partie de leur œuvre (Fondu au noir et Captain America).



Le récit commence dans un western.



Les couleurs sont dans les tons chauds : des oranges, des jaunes, coloriés à l’arrache, sans suivre les lignes, comme lorsque ma nièce de deux ans colorie… Mais ça donne vraiment mieux dans cette bédé que sur ses gribouillages !



L’histoire se déroulant dans ce western est un pulp (revues populaires très bon marché aux States) et nous comprendrons plus loin ce que ce récit vient faire dans l’autre récit.



Une fois revenu au récit initial, les couleurs reprennent leur juste place et on quitte les tons chaleureux du western en découvrant son auteur : Max Winters, vieil écrivain de nouvelle western qu’il vend 5 cents le mot à un magazine éditant des pulps. Oh, pardon, son éditeur vient de diminuer le prix au mot à 2 cents… Chienne de vie !



Le pire viendra ensuite pour Max et la vie se fera encore plus chienne… Bien que ce ne soit pas la vie qui soit une chienne, mais les autres : son patron qui le regarde de haut, l’éditeur qui veut faire des économies, les petites lignes sous le contrat de travail, les petites frappes qui agressaient un Juif dans le métro, les gens impassibles lorsque Max se fait passer à tabac, se fait dépouiller, les sympathisants nazis qui défilent à Times Square…



Les dessins de Sean Phillips sont minimalistes tout en étant rempli de détails dans les décors. Qu’ils concernent les dessins se déroulant en 1939 (le présent) ou ceux du western, qui est un récit dans le récit, avec un parallèle sur la vie de Max Winters en 1895.



Les dialogues sont au cordeau, sans chichis, sans circonlocutions. Ed Brubaker va à l’essentiel, sans pour autant que le fond de son texte en pâtisse. Hitler est au pouvoir en Allemagne et les relents atteignent l’Amérique où la populace acclame le moustachu dans les cinémas, portent le brassard avec la croix gammée et où des riches américains envoient du fric à l’Allemagne de Hitler.



Cet album est un mélange réussi entre le western, le thriller, le roman noir et les nazis. C’est l’histoire d’un vieil homme au bout du rouleau, qui sait qu’il va y rester un jour, qui ne voit pas le bout du tunnel, qui a perdu son gagne-pain et qui aimerait que sa femme, plus jeune, ne se retrouve pas démunie une fois que sa mort sera venue. Le côté roman noir est bien présent, lui aussi.



Les épisodes western, loin d’être juste là pour distraire les lecteurs, possèdent leur place dans ce thriller et si au début, ce n’était pas vraiment clair, à un moment donné, tout s’éclairera dans notre esprit et les épisodes pulp acquerront toute leur force.



Max Winters n’a rien d’un super-héros, il est vieux, cabossé par la vie, n’a jamais été épargné par elle non plus, a morflé et après une crise cardiaque, il est encore plus diminué qu’avant.



Ne cherchez pas un chevalier blanc dans ce récit, il n’y en a pas et c’est ce qui le rend plus réaliste, lui donne toute sa force. Il n’y a que des gens ordinaires et certains, au lieu de regarder ailleurs, agissent.



C’est clair, c’est net, c’est concis, ça frappe juste où il faut et en peut de mot, l’ancien de la Pinkerton résumera toute la situation à Max Winters.



Un thriller roman noir western percutant, qui prend tout son sens au fil de la lecture, notamment dans le final rempli d’action, avec l’intensité qui monte crescendo avant l’explosion. C’est une pépite bien noire que nous offrent le duo d’auteurs.



C’est aussi un bel hommage au pulp western et au genre en particulier, soulignant la précarité salariale des auteurs de ces petits récits.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
Commenter  J’apprécie          190
Sept, tome 1 : Sept Psychopathes

L'idée de base était vraiment intéressante : envoyer en Allemagne 7 Anglais fous furieux , triés sur le volet, pour assassiner Hitler. Malheureusement, le charme n'a pas complétement opérer. Je m'explique.

La BD s'ouvre sur une mise en contexte vraiment intéressante : chaque fou est rencontré individuellement, nous racontant par le même fait, les raisons de l'internement de chacun. Ensuite, ceux-ci sont déployés en Allemagne. C'est là que ça se gâte. Tout se bouscule à ce moment-là... comme si les auteurs avaient une commande quant au nombre de pages. La fin vient malheureusement trop vite !

Mais malgré, j'ai trouvé quelques pépites très intéressante dans cette BD. Mais je ne les dira pas... pour pas gâcher le plaisir !
Commenter  J’apprécie          190
Pulp

Ce tome contient une histoire complète publiée pour la première fois en 2020, sans prépublication en mensuel. Elle a été réalisée par Ed Brubaker (scénario), Sean Phillips (dessins et encrage) et Jacob Phillips (couleurs). Elle comprend 67 planches de bande dessinée. Il s'agit d'une histoire indépendante de la série Cirminal, et qui ne nécessite aucune lecture préalable.



Max Winters ne sait pas trop par où commencer son récit alors qu'il vient de frôler la mort pour la troisième fois de sa vie. À New York, février 1939 correspond à son temps présent. Il évoque un de ses récits mettant en scène deux cowboys Red River Kid et Heck Randall, deux hors-la-loi. Le Kid se retrouve au milieu de la grande rue d'une petite ville du Far-West, pour un duel au soleil. Il réagit juste au bon moment et dégaine tuant son adversaire. Puis il s'enfuit à cheval avec Randall, juste avant l'arrivée des détectives de l'agence Pinkerton. Ils se dirigent vers le Mexique, en se demandant s'ils ne pourraient pas s'y mettre au vert pour essayer de changer de vie, et espérer de vivre vieux. Mort, le responsable éditorial, achève sa lecture de la nouvelle écrite par Winters et lui indique qu'il l'accepte, sous réserve qu'il en change la fin. Jamais les personnages du magazine Six Gun Western ne doivent envisager une évolution de leur vie : ils doivent rester les mêmes, aventures après aventure, car c'est ce qu'attendent les lecteurs. Winters objecte que Robert E. Howard avait fait vieillir Conan et qu'il lui écrivait des aventures à la fois en tant que jeune aventurier, et à la fois en tant que roi plus âgé. Mort lui répète qu'il est hors de question de dévier de la formule et lui remet un paiement de 120 dollars en billets, en lui expliquant que le prix au mot a baissé parce qu'il y a trop de concurrence et que la circulation du magazine a baissé. Winter tente de protester en indiquant qu'il ne voit pas pourquoi il devrait subir les conséquences d'un accroissement de la concurrence pour l'éditeur, mais Mort lui rétorque qu'il a encore de la chance d'avoir du boulot à son âge.



En rentrant chez lui, Winters marche vers la station de métro en pensant qu'il a du mal à supporter que Mort lui explique la vie, que ça le met bien en rogne de se faire ainsi flouer par un éditeur imbu de lui-même. Une fois sur le quai du métro, il voit un jeune homme juif se faire houspiller par deux gugusses costauds et bien blonds se moquant de ses papillotes. Winters avance pour s'interposer. Les deux gugusses le rouent de coup, et il tombe à terre faisant une crise cardiaque. Le plus agressif en profite, se baisse et lui fait les poches, lui dérobant ses 120 dollars. Winters perd conscience. Il se rappelle l'année 1892, la première fois où il a failli mourir. Il travaillait avec son père et son frère, au ranch à réparer une barrière. Ils avaient été pris dans une guerre de ranch et leur maison a été incendié, les obligeant à fuir à cheval. Il avait été blessé au dos et soigné par un médecin de campagne qui avait retiré la balle de manière archaïque. Un mois plus tard, son frère Spike et lui s'étaient vengé en abattant les incendiaires, et sa vie n'avait plus jamais été la même.



D'un côté, Brubaker & Phillips ont relancé leur série Criminal en 2019, de l'autre, ils ont commencé à produire des récits complets publiés, sans prépublication mensuelle. Le présent récit fait partie de la deuxième catégorie. La couverture annonce un récit de genre de type Western. Passé la première séquence, le lecteur comprend qu'essentiellement le Western correspond aux nouvelles écrites par Max Winters et publiées dans des magazines imprimés sur du papier bon marché, des pulps. Ce type de magazine a été publié de 1896 à la fin des années 1950, et est passé à la postérité grâce à des personnages emblématiques comme Conan, The Shadow, Doc Savage et bien d'autres. Il y a une deuxième forme de Western qui correspond cette fois-ci aux souvenirs de Max Winters, à sa vie d'avant son installation à New York et sa carrière d'écrivain. C'est un homme d'une cinquantaine, peut-être une soixantaine d'années : c'est apparent dans les rides de son visage, dans son maintien un peu raide, dans sa tenue vestimentaire un peu stricte, et bien sûr dans sa moustache blanche. L'artiste en fait un individu au visage fermé, assez dur, ne se détendant que lorsqu'il est chez lui avec son épouse Rosa.



Le ton de la narration visuelle est également assez sec et factuel. Sean Phillips impressionne toujours autant le lecteur : ses dessins ont une apparence un peu fruste, avec des traits irréguliers donnant une sensation de contours rugueux, et pourtant le niveau de détails est élevé et les représentations sont précises. Il recrée les environnements avec une réelle conviction : les vêtements des cowboys, les constructions en bois, les chevaux et leur harnachement, une diligence. Le lecteur voit les conventions qu'il associe au genre Western, à la fois des stéréotypes, à la fois assez consistantes pour être plausibles. Jacob Phillips utilise une mise en couleurs très spécifique pour ces passages Western, une couleur jaune orangé avec des teintes violettes, et des aplats de rouge pour la chemise de Red River Kid, sans respecter les limites des contours avec un trait encré, comme s'il y avait un filtre appliqué, une sorte de brouillard pour bien marquer qu'il s'agit d'une fiction, d'un récit écrit par Max Winters.



L'artiste se montre tout aussi précis dans les scènes au présent du récit avec des reconstitutions de grande qualité : les meubles et les accessoires dans le bureau du responsable éditorial Mort, les tenues des passants sur les trottoirs, la station de métro, le petit appartement de Rosa et Max, le hall du cinéma, etc. Jacob Phillips change son mode de mise en couleurs : le lecteur n'a plus l'impression qu'il applique un filtre orangée vieilli. Il applique des couleurs dans les formes délimitées, avec une approche naturaliste. Toutefois, s'il y prête attention, le lecteur constate qu'il joue très discrètement sur les tons pour développer une ambiance lumineuse, un peu terne pour rendre compte de la faible luminosité hivernale, un peu plus vive quand la scène se déroule en intérieur sous une lumière artificielle. Il se montre tout aussi discret pour aller vers des couleurs un peu moins ternes quand Max Winters interagit avec Jeremiah Goldman, un ancien employé de l'Agence nationale de détectives Pinkerton, comme s'il aidait Winters à vivre dans une réalité plus précise. Le lecteur peut très bien ne pas analyser cette mise en couleurs et juste ressentir ses effets qui participent à la narration, qui apporte des éléments supplémentaires d'une manière parfois très subtile.



Une fois passée la surprise de découvrir que le récit Western est en fait une fiction (dans la fiction) écrite par Max Winters, le lecteur se rend compte qu'il retrouve les éléments récurrents des récits de ces auteurs : une évocation du monde de l'écriture, une sorte d'attaque à main armée. Bien sûr, la situation professionnelle de Max Winters fait écho à celle des auteurs qui écrivaient pour les pulps, la puissance évocatrice de leurs écrits, leurs personnages plus grands que nature, les contraintes imposées par le mode d'édition (en particulier s'en tenir à une formule, sans pouvoir faire évoluer un personnage), le fait que les auteurs n'étaient pas propriétaires des personnages. S'il est un amateur de comics de superhéros, le lecteur y voit un écho de la situation présente des auteurs travaillant pour DC et Marvel, ainsi qu'une filiation historique dans ce mode de production avec des contrats de main d'œuvre pour les auteurs produisant à la chaîne, et susceptibles d'être remplacés par des auteurs moins chers du jour au lendemain. Il voit que Max Winters vivote avec ses revenus de misère et comprend qu'il est à la recherche d'une solution pour se constituer un petit pécule, une assurance pour ses vieux jours en cas de coup dur. Il repère également les deux références historiques majeures : la grande dépression (1929-1939) aux États-Unis, et la Fédération germano-américaine (Nazi Bund) crée en 1936. Il sait que les auteurs ont pris l'habitude de faire reposer la tension dramatique de leur récit sur un casse ou un acte criminel caractérisé il découvre ce qu'il en est pour ce récit : nature du vol, déroulement, réussite ou non. Il sourit en voyant que pour le perpétrer Max Winters se met un foulard rouge devant la bouche tout en conservant son chapeau, évoquant fortement The Shadow, mais sans le rire démoniaque, ni les Uzis. Il ne s'attend pas forcément à la suite de ce qui arrive à Max Winters. Pourtant les auteurs ont bien placé toutes les pièces du récit devant les yeux du lecteur. Il s'agit bien d'un roman noir, exécuté avec habileté et élégance, sans romantisme.



Les récits de Sean Phillips & Ed Brubaker se suivent et se ressemblent : personnage désabusé, pas forcément gâté par la vie, embringué plus ou moins consentant dans une opération criminelle de petite envergure. L'art de Sean Phillips est devenu totalement invisible, intégré à la narration, et pourtant épatant si le lecteur souhaite prendre le temps de s'arrêter sur une case pour mieux voir ce qui paraît si évident, si naturel. Au départ, il peut émettre des réserves sur le travail de Jacob Phillips, un peu imprécis, jusqu'à ce qu'il découvre la fin du récit et prenne la mesure de ce qu'a accompli cette mise en couleurs. Le scénariste raconte l'équivalent d'un roman noir avec légèreté et naturel, Max Winters étant désabusé, mais pas abattu, ne se voyant pas comme une victime. Une fois le récit terminé, le lecteur se rend compte qu'il envisage différemment le personnage principal, qu'il a eu une vie avant d'être auteur de western, que l'histoire était plus dure et plus impitoyable que ce qu'il avait envisagé, un roman très noir.
Commenter  J’apprécie          180
Sept, tome 1 : Sept Psychopathes

Dans la collection des "Sept..." de chez Delcourt, je vous présente une histoire aux accents Hollywoodiens, au scénario aux multiples rebondissements, aux personnages déjantés, mais au traitement insuffisant, j'ai nommé "Sept psychopathes".



Quand je parle d'accents Hollywoodiens je veux évoquer ce qui me semble en être là substantifique moelle : le Deus ex machina grandiloquent. Ici, on en voit un par page, et le lecteur un peu critique aura vite fait de s'ennuyer à force de répéter "mais bien sûr...".

Mais attention, il faut parfois savoir s'accrocher un peu ou laisser sa chance à l'œuvre : le scénario vaut ici le coup, et même s'il ne tient pas sur grand chose, il est très divertissante car rectiligne au possible jusqu'à un revirement de situation plutôt pas mal (celui qui connaîtrait un certain Frennedan saurait de quoi je veux parler ^^) auquel je ne m'attendais pas.



Le côté graphique est plutôt moyen et j'ai parfois eu du mal à distinguer les différents personnages (sans parler du fait qu'hormis deux ou trois, ils ne sont pas très attachants). D'ailleurs, ce titre aurait gagné à être plus (et mieux) développé, certains des personnages pourraient faire l'objet d'une narration plus poussée. Mais on aurait perdu le côté rythmé de ce one-shot un peu frustrant de par le traitement qui lui est réservé.



Des perles aux pourceaux, de la confiture aux cochons.



J'ai failli oublier : les adeptes de la théorie du complot pourraient trouver dans ce tome du grain à moudre :)
Commenter  J’apprécie          180
Destroy All Monsters : A Reckless Book

Ce qui tient à cœur

-

Ce tome fait suite à Friend of the Devil (A Reckless Book) (2021) des mêmes auteurs. Il n'est pas indispensable de l'avoir lu avant, car les auteurs rappellent les éléments indispensables à la compréhension, en cours de route. Pour autant ce tome exhale plus de saveurs si le lecteur a lu les deux premiers. Il est paru sans prépublication initiale en chapitre, en 2021. Il a été réalisé par Ed Brubaker pour le scénario, Sean Phillips pour les dessins et l'encrage et les couleurs sont l'œuvre de Jacob Phillips. La quatrième de couverture comprend des commentaires élogieux Publishers Weekly, Patton Oswald, et de Joe Hill. Il se termine avec une postface d'une page rédigée par le scénariste.



1988 : c'est l'année où Ethan Reckless a commencé à se sentir vieux. Il avait alors trente-sept ans, et chaque matin il éprouvait des raideurs et des douleurs dans plusieurs endroits de son corps, de vieilles blessures. Sa routine matinale commençant par une demi-heure d'étirements. Il était comme une voiture ayant subi un accident, ayant été réparée, mais ne fonctionnant plus exactement comme avant. Ce jour de 1988, un incendie s'est déclaré au premier étage du bâtiment qui abrite le cinéma El Ricardo dont il est propriétaire. Reckless pénètre dans la salle de visionnage, l'extincteur à la main. Il appelle son assistante Anna. Elle n'est pas là. Il se rend alors dans la cabine de projection : personne. Puis il va dans la réserve où le feu est en train de se propager aux bobines de film : il commence à faire usage de l'extincteur. Quelqu'un lui assène un coup de pied de biche sur la joue gauche, et il tombe à terre. L'agresseur porte un masque à gaz à cartouche, et il répond qu'il n'est pas Anna. 1988 : c'est l'année où Ethan a bien foiré.



Quatre mois auparavant, en avril 1988, Ethan vient de garer son mini-van Dodge devant la boutique où il s'approvisionne en bobines de copie de film. Il vient chercher le cadeau qu'il a commandé pour l'anniversaire d'Anna, espérant qu'elle acceptera de le pardonner pour ses propos très critiques sur son petit copain. Il rentre dans la boutique et salue le propriétaire Byron. Celui-ci lui indique qu'il allait justement le contacter car il a reçu sa commande. Il est assez surpris car il n'aurait jamais imaginé qu'un tel film soit du goût d'Ethan, sauf évidemment si celui-ci voue une passion à Judy Garland. Cela fait lui penser à la manière dont il a rencontré Anna. C'était en 1979, et il venait d'entrer en possession du cinéma El Ricardo. Il avait occupé son premier mois à effectuer lui-même de menus travaux de réparation pour le remettre en état. Régulièrement quand il arrivait le matin, il trouvait un grand A dans un cercle tracé à la bombe de peinture sur la double porte vitrée d'entrée. Il sortait alors les chiffons et le dissolvant pour enlever la peinture. Mais quelques jours plus tard, il retrouvait le symbole Anarchie à l'identique. Finissant par trouver la blague lassante, Ethan avait passé une nuit à attendre pour surprendre le petit malin en flagrant délit. Il avait observé une jeune fille peindre le A, puis pénétrer dans le bâtiment avec ses clés.



Le lecteur achète ce tome les yeux fermés et s'y plonge avec délice, en ayant pris bien soin de ne pas être dérangé. Comme il s'y attend, les auteurs commencent par une scène d'action de 4 pages, présentant la phase la plus violente de l'enquête. Il retrouve immédiatement cette sensation unique à la découverte des dessins : un équilibre extraordinaire entre des éléments représentés avec un détail minutieux, et des éléments esquissés pour ne pas alourdir les cases. Dans le premier registre se trouvent la façade extérieure du cinéma ainsi que les deux projecteurs de film dans la salle attitrée. Dans le second registre se trouvent les fauteuils de la salle, les bobines de film, ou encore la tenue de l'agresseur. Le lecteur éprouve la sensation de s'y trouver : la chaleur des flammes sinistres, grâce à la mise en couleurs, la fumée noirâtre qui commence à envahir les pièces, dans un noir profond et des formes irrégulières qui se confondent avec l'ombre des pièces non éclairées, sauf par les flammes de l'incendie. Le lecteur retrouve cette approche sophistiquée de la représentation descriptive dans la suite de l'ouvrage.



Sean Phillips maîtrise à la perfection le dosage entre ce qu'il représente avec précision, et ce qu'il représente de manière plus lâche en laissant l'imagination du lecteur projeter le reste des caractéristiques et des textures. Une fois passée l'introduction de l'incendie du cinéma, la première page montre la vue du personnage principal sortant de son combi Dodge : la plage, avec une longue jetée de bois. Le lecteur identifie immédiatement ces éléments dans la case supérieure de la largeur de la page, et il passe à la deuxième image qui occupe la largeur du deuxième tiers de la page, puis à la dernière qui occupe également la largeur du dernier tiers. Il se souvient que l'artiste a pris le parti de se tenir à ce découpage très rigoureux : 3 bandes pour chaque tiers de page. Le lecteur rejette un coup d'œil à cette page pour mieux s'imprégner de l'atmosphère, et il remarque la complémentarité remarquable entre les traits encrés et les couleurs. En particulier, il se rend compte qu'il voit plutôt l'impression que donne la vue sur l'océan, qu'une description photographique. Avec des traits encrés irréguliers, Phillips fait apparaître la jetée avec ses pilotis irréguliers un peu de guingois, les vagues également rendues apparentes par de simples traits noirs irréguliers, et c'est quasiment tout. Avec ce qui pourrait s'apparenter à des coups de pinceau irréguliers, son fils Jacob esquisse des masses nuageuses, les dernières lueurs d'un coucher de soleil maussade, l'eau sombre de l'océan, l'irrégularité du sable, comme ça, de manière aussi naturelle que grossière, pour un résultat évident pour l'esprit du lecteur qui voit aussi bien des détails qui n'y sont pas, qu'il se prend à humer l'air pour essayer d'y déceler l'odeur du sel.



À chaque page, le lecteur retrouve ce dosage incroyable entre ce qui est représenté finement, et ce qui est plus esquissé, ainsi que cette complémentarité si sophistiquée qu'elle en devient invisible, entre les dessins et les couleurs. En fonction de ses envies et de ses inclinations, il ralentit pour mieux apprécier telle ou telle composante du dessin. Il voit bien que chaque personnage dispose d'une forte personnalité graphique cohérente du début jusqu'à la fin, même si en apparence ils semblent plus croqués que dessinés dans le détail. Il voit l'âge et l'expérience d'Ethan Reckless, la jeunesse et le solide caractère d'Anna, le sérieux un peu figé d'Isaac Presley, la morgue méprisante de Gerard Runyan. Ils ont des postures et des comportements d'adulte, sans exagérations de mouvements ou d'expression de visage. Les décors s'inscrivent également dans une veine naturaliste, recréant des endroits de cette zone de Los Angeles dans la fin des années 1980 : les rues avec des immeubles ou des pavillons suivant les quartiers, une zone en déshérence et malfamée, un diner tout-venant, un club huppé, une salle de stockage, et bien sûr plusieurs pièces du cinéma El Ricardo. L'artiste continue de doser la densité d'informations visuelles avec élégance et justesse, tout en recréant ces lieux et leur ambiance. Il fait en sorte de se montrer cohérent avec les modèles de voiture de l'époque, et représente même un personnage utilisant un des tous premiers téléphones portables on disait plutôt portatif à l'époque. De son côté, le scénariste intègre également des marqueurs temporels dans les conversations, avec parcimonie, comme la chanson Your song (1970) d'Elton John. Il intègre également ses propres goûts de l'époque au travers des personnages avec leurs films préférés : Beyond the valley of the dolls (1970) de Russ Meyer, Blow out (1981) de Brian de Palma, The Easter Parade (1948) de Charles Walters, avec Judy Garland.



Le lecteur entame ce troisième tome de la série en sachant qu'il sera narré par Ethan Reckless âgé d'environ 70 ans au temps présent, et évoquant son passé. Cela confère une impression un peu étrange : le temps présent du récit est déjà un passé inscrit dans le marbre, et le personnage principal a survécu à l'évidence, ce qui amoindrit d'autant la tension dramatique. Il flotte également un état d'esprit mélancolique : le narrateur se souvient de cette époque avec les regrets des erreurs commises, comme d'un temps qui ne reviendra plus. Mais, par contraste avec les deux premiers tomes, l'auteur insiste plus sur la relation unissant Ethan à Anna, et à la trajectoire de vie de cette dernière. Cela apporte une chaleur humaine qui faisait un peu défait dans les deux premiers tomes. Le lecteur se sent ainsi plus impliqué, et il y a plus de surprises émotionnelles car Anna est plus jeune (à peu près vingt ans) et moins blasée, moins anesthésiée qu'Ethan. L'intrigue repose sur de gros enjeux financiers, l'enquêteur allant fourrer son nez dans les affaires très sales de gens puissants, tout en côtoyant des individus d'autres strates de la société. Brubaker utilise avec un art consommé les conventions et les figures du polar, les mettant au service de son histoire, en adoptant le point de vue spécifique de son personnage, une maîtrise totale du genre. Comme tout polar qui se respecte, l'enquête met en lumière des fonctionnements de la société peu reluisants, des conflits d'intérêt financiers, mais aussi de valeurs, et des motivations qui exposent la noirceur de l'âme humaine.



Il est possible que le lecteur soit aussi blasé qu'Ethan Reckless en entamant sa lecture : forcément encore une réussite d'Ed Brubaker & Sean Phillips, peut-être pas beaucoup de neuf ou une implication émotionnelle émoussée. Effectivement, il y a de cela, et c'est confortable et agréable de retrouver le savoir-faire de ces deux créateurs arrivés à un si haut niveau, et une telle complémentarité. Mais cette histoire révèle plus de saveurs que les deux précédents, une émotion plus profonde, un enquêteur plus conscient de ce qui est important dans sa vie, une jeune femme plus enjouée et parfois espiègle, un regard sur la vie désabusé mais pas déprimé.
Commenter  J’apprécie          130




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Sean Phillips (617)Voir plus

Quiz Voir plus

La culture manga, niveau difficile

"Manga" est un mot japonais, ça veut dire quoi en français?

'Dessin sublime'
'Image dérisoire'
'Bande dessinée'
'Le Japon vaincra'

7 questions
147 lecteurs ont répondu
Thèmes : manga , japon , bande dessinéeCréer un quiz sur cet auteur

{* *}