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Citation de Cannetille


À Saint-Louis, on se rend compte que tout a changé. Au port, il y a de grands entrepôts aussi hauts que des collines. Tous les affranchis se trouvent là, comme une moisson d’âme, et presque chaque visage qu’on croise sur les rives est une déclinaison du noir au marron clair. On a besoin d’eux partout. Pour transporter, suspendre, tirer. Mais ils ont plus l’air d’esclaves. Leur chef est noir, les ordres proviennent de poumons noirs. Il y a plus de fouets comme avant. Je sais pas trop dire, mais ça a l’air mieux. Winona et moi, on aperçoit pas une seule tête indienne. Mais c’est vrai qu’on traîne pas à la recherche des cafards et de la vermine des bas-fonds non plus. On fait que passer, et à vrai dire, il y a même quelque chose d’agréable, là. Saint-Louis, détruite par la guerre, avec ses maisons en ruine à cause des obus, commence à se reconstruire. L’impression que deux univers se confrontent. Est-ce que je suis américain ? Je sais pas. Winona et moi, on prend place dans les cales avec des pauvres hères comme nous. C’est un plaisir de faire un bout de trajet sur le fleuve. Ce bon vieux Mississippi. La plupart du temps, c’est une bonne fille raisonnable à la peau douce et lisse. Si vieille et pourtant dotée d’une jeunesse éternelle. Le fleuve prend jamais de rides, et si c’est le cas, ça dure que le temps d’un orage.
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