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Citation de Charybde2


Jacques et Raymond lui avaient demandé de retirer un tableau d’une exposition, un tableau qui n’était pas assez cubiste, une œuvre qui n’entrait pas dans les corsets des vieilles avant-gardes du moment. Marcel Duchamp décrocha sa peinture sans rien dire. Il n’en voulait pas à ses deux frères qui avaient été mandatés pour faire le sale boulot. Ils s’étaient mis en habit pour ce moment qu’ils sentaient solennel. C’en était un. Le décrochage de ce tableau allait initier la bascule de l’art moderne. Marcel Duchamp ne serait jamais un peintre français. Il ne serait bientôt plus peintre du tout, et finirait par ne plus être français non plus. Une chose était certaine, il ne serait plus l’homme de ce milieu. Jusqu’ici, il fallait faire partie d’un cercle pour exister, appartenir à un groupe, être un génie, ou un docile suiveur. Duchamp inventerait les portes de sortie, et construirait les moyens de s’échapper. Il irait là où, parfois, l’histoire s’invente par hasard. Il avait suffi d’un tableau, toujours le même : l’œuvre décrochée à Paris allait devenir à New York l’objet de toutes les attentions et de tous les scandales. C’est grâce à ce Nu descendant l’escalier que Duchamp allait passer d’un monde à l’autre. C’est curieux le hasard.
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