Selina Valentines

— Ce sont eux qui ont tué les miens ! Je vais leur faire payer !! Et tu es des leurs !
Le jeune homme n’était pas surpris de sa véhémence. De ce qu’il savait, le Pasteur avait ordonné plusieurs massacres de femmes qu’il pensait être des sorcières. Nathanaël ne les avait jamais vues en dehors des exécutions. Il était totalement contre ces pratiques barbares qui le remplissaient d’effroi. Il aurait juste voulu qu’on le laisse tranquille, et avoir une vie normale. Mais puisqu’il y était mêlé, il ne risquait pas de rester en retrait à les laisser agir impunément.
— Je suis désolé pour tes amis ou ta famille. Sache que je n’ai jamais pris part aux chasses aux sorcières. D’ailleurs, je ne crois même pas à la magie.
— Oui, mais si tu ne fais rien pour les empêcher, tu cautionnes leurs actes. Quel genre de lâche es-tu ?

Les jours qui passaient étaient si semblables et pourtant ils ne se ressemblaient pas tant. Lyanda était effrayée par l’âme si sombre qui était dévoilée dans les pages du journal. Elle ne l’avait pas revu en rêve et c’était tant mieux ! Elle ne voulait plus rien avoir à faire avec un tel monstre. Et pourtant, elle était totalement obsédée, au point que son meilleur ami était inquiet de la voir si renfermée, pratiquement en catatonie. Il avait même hésité à prendre une semaine de congé pour passer du temps avec elle, mais lorsqu’il le lui avait proposé elle avait littéralement hurlé après lui. Il ne savait donc plus comment agir.
Ce jour-là, la jeune femme avait allumé son pc portable et avait tapé un seul mot sur sa barre de recherche Google : « vampire ».
Malheureusement, tout ce qu’elle lisait était loin de tout ce qu’elle savait au sujet de Thadée. Les premiers liens l’emmenaient vers des séries et des films et, quand elle approfondissait ses recherches, elle tombait sur des forums de fanatiques qui s’amusaient à se « déguiser » en vampire. Certaines personnes demandaient même à avoir des implants pour avoir des crocs en guise de canines. Des allumés…

Sans trop comprendre elle-même ce qu’elle était en train de faire, elle se hissa sur la pointe des pieds, car elle avait au moins une tête de moins que lui, et déposa délicatement ses lèvres sur les siennes. Elle était hésitante, redoutant d’être rejetée. Pourtant, cela lui semblait être la réaction appropriée. Comme si une force la terrassait et la poussait aux confins de ses émotions. Gênée, elle baissa la tête, lorsque Maud et Diane les huèrent en rigolant. Quant à Nathanaël, il était trop sous le choc pour réagir et elle prit cela comme du rejet. Elle allait se détourner, lorsqu’il l’attira au plus près de lui et l’embrassa avec une passion qui lui coupa le souffle. Son cœur battait la chamade contre sa poitrine, faisant écho à celui de cet homme si spécial à ses yeux. C’était comme si le temps s’était figé. Comme si la Terre avait arrêté de tourner. Plus rien d’autre ne comptait que cet instant et ces sensations qu’elle ressentait. Elle passa ses bras autour de son cou pour se coller davantage à lui, les yeux fermés pour ne pas voir le monde chavirer.

Alors, il passa un bras autour de ses épaules et la serra contre lui. Évidemment, il ne pouvait s’empêcher de profiter de la situation. ça aurait été une autre femme, cela n’aurait surement pas été le cas. Mais cette magnifique blonde l’obnubilait et le faisait fantasmer. Près d’elle, il avait le sentiment que le reste du monde arrêtait de tourner.
Nael embrassa sa tempe et lui caressa les cheveux pour la détendre. C’était mal. Elle avait un petit ami. Mais ils étaient peut-être en train de vivre leurs derniers moments. Il comptait les vivre à fond. S’il pouvait trouver un peu de bonheur dans la terreur, il n’hésiterait pas. Et puis, c’était plus fort que lui, il ressentait comme un besoin primitif de la protéger du mal.

-Eh les filles écoutez ça ! "Le cinquième élément est par essence celui de l'éther, l'énergie qui constitue les astres. Ce pouvoir n'est à la base, ni positif, ni négatif. Au cours des siècles, très peu de Wiccian développèrent ce pouvoir, mais les seules qui le possédaient le transformaient en énergie sombre, devenant elles-mêmes des Wikje..."
- Et ton livre il explique ce que sont des Wikje ? demanda Diane.
- Attends... Je cherche. Ah voilà ! "Les Wikje étaient auparavant des Wiccian qui se sont laissées entraîner par le pouvoir obscur." Blablabla... En gros, ce sont des Wiccian qui ont mal tournées. Des "méchantes sorcière" pour la faire courte.

Je ne me souviens pas de ce qui m’a donc conduite à me donner ainsi en offrande à un homme qui n’a pas la moindre once de respect envers moi. Tout ce que je sais, c’est que ce petit malin a cru pouvoir me garder en me faisant croire qu’il allait abandonner sa femme pour moi. Pourtant, on sait toutes que ce sont des craques quand un homme nous dit cela. Alors, pourquoi moi, j’ai voulu y croire ? Je vous aurais bien dit que c’est parce [que] j’avais décidé d’aller aider des personnes pauvres dans les pays du tiers monde. Que je suis tellement altruiste que je cherchais à me servir de son argent pour aider autrui.

Elle l’entraînait dans toute cette folie, tout cela parce qu’elle n’avait pas la force de s’éloigner de lui. Une petite voix dans son esprit lui disait qu’il méritait tellement mieux que ce qu’elle lui offrait. Il n’était pas récompensé à sa juste valeur. Il s’esclaffa face à sa réaction, ses yeux pétillants de malice.

— À vos ordres, ma Dame. Mais… tu ne voudrais pas venir t’installer un petit peu mieux que ça ? Tu n’es pas la seule à être en manque de contact. Avoir failli te perdre a créé une blessure profonde en moi. Mon corps a besoin de te sentir pour s’assurer que tu es bien là, vivante.

Le temps sembla s’étirer inexplicablement, alors qu’il regardait son reflet dans le miroir. Sauf qu’en réalité, ce n’était pas lui qu’il était en train d’observer, mais une jeune femme aux cheveux de blé, aux yeux de la couleur d’une pierre de lune grise et à la peau laiteuse. L’apparition ne dura pas plus longtemps qu’un battement de cils, si bien qu’il crut l’avoir imaginée.
- Ne dis pas de conneries. Je ne peux pas être amoureux d’une fille que je n’ai même pas bien vue et à qui je n’ai même jamais parlé !

- Ce sont des êtres différents, certes, mais ce n’est pas une raison de les torturer ! Les humains ne savent que ça, faire du mal ! Ce sont des monstres !
- Ce sont les vampires qui sont des montres , croyez-moi. Vous n’en avez jamais rencontré, je me trompe ?
- Peut-être bien que si ! On traite de monstre ce qu’on ne comprend pas, ce qui est différent de nous. Cela ne cautionne pas les immondices que vous leur avez fait subir !

- Je vous prie de bien vouloir accepter mes excuses pour avoir fait montre d’un tel emportement. Néanmoins, je dois vous apprendre que votre mari n’est rien d’autre qu’un couard qui aime se glisser entre les cuisses de jeunes femmes innocentes en leur promettant mont et merveilles. Je reconnais que ces femmes sont bien naïves pour accepter une telle chose. Cependant, il doit payer pour son mauvais comportement.