Raconter pour soigner.
L’hôpital est une photographie de la société et comme elle, il se mondialise : se côtoie en son sein des soignants, des patients aux identités et savoirs multiples ; chacun possède sa manière de penser la maladie, la souffrance et bien évidemment la mort.
Ce constat peut conduire à changer la prise en charge médicale dans des hypothèses où les professionnels ne trouvent plus de solution.
A travers sept histoires, les auteurs mettent en pratique la consultation/médiation interculturelle. Ce terme barbare désigne des consultations avec une équipe pluridisciplinaire qui entoure le patient : équipe soignante, médiateurs, traducteurs, membre de la famille du malade. La parole est donnée au patient et à ses proches pour s’exprimer (et c’est parfois la première fois !) sur leur perception de la maladie. A partir de ce récit les soignants vont repenser leur vision technique. Les deux points de vue ne s’opposent plus, mais se fondent pour créer une nouvelle dynamique pour affronter la maladie.
Cet essai est d’une lecture simple avec des concepts accessibles, ce qui n’est pas toujours le cas dans ce style d’ouvrage.
Les sept récits sont bouleversants d’humanité, d’humilité, de courage et d’espoir.
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Comprendre l'âme pour soigner le corps c'est ainsi qu'on pourrait résumer "Quand les esprits viennent aux médecins". A travers 7 récits émouvants ces deux médecins spécialistes de médecine transculturelle percent les cloisons qui séparent les civilisations pour mieux soigner. Des hommes et des femmes qui n'arrivent pas à guérir, brisés de douleurs, n'osent pas s'avouer ou ne comprennent pas que les rites ancestraux de leurs origines les aideraient . En suivant, le parcours de ces deux médecins qui sont appelés à l'aide par leurs collègues hospitaliers nous nous retrouvons au coeur de la complexité de l'humain, de sa profonde fragilité et surtout de la relativité de tout savoir. Pourquoi Djibril a-t-il renoncé à suivre ses traitement sachant qu'il risque à tout moment de mourir d'une septicémie s'il ne se soigne pas ? Christelle qui n'a que 13 ans est hospitalisée depuis 4 mois pour des douleurs abdominales qui font craindre le pire. Jacinthe, elle, est paralysée depuis 10 ans mais comme pour les autres patients son état s'est brusquement aggravé,les enfants d'Alice atteints d'une maladie rare meurent les uns après les autres et elle semble s'en désintéresser, Cyril lui a une maladie de peau invalidante... pour chacun les médecins s'aperçoivent qu'il manque des éléments de compréhension à ces situations dégradées. Grâce aux savoirs de l'ethnopsychiatrie, aidés d'un médiateur culturel parlant la langue et connaissant la culture, Serge Bouznah et Catherine Lewertowski vont permettre à chacun de faire le lien entre leurs maux et leur culture. Il s'agit d'aller au delà de l'histoire personnelle chacun presque à l'inverse de la psychanalyse occidentale. En effet, pour ces malgaches, congolais, tunisiens... les mondes s'entrechoquent et s'ils ont confiance en la médecine technique qui est pratiquée en France, ils ont aussi besoin de recourir à des pratiques rituelles pour chasser les mauvais sorts qui les empêchent de guérir. Malgré l'apparente naïveté des croyances évoqués, ce qui est en jeu dans ces échanges c'est de retrouver le chemin qui lie l'homme malade à son groupe culturel et social, à sa famille symbolique ou réelle, seule capable de le soutenir dans sa maladie.
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