Raconter pour soigner.
L'hôpital est une photographie de la société et comme elle, il se mondialise : se côtoie en son sein des soignants, des patients aux identités et savoirs multiples ; chacun possède sa manière de penser la maladie, la souffrance et bien évidemment la mort.
Ce constat peut conduire à changer la prise en charge médicale dans des hypothèses où les professionnels ne trouvent plus de solution.
A travers sept histoires, les auteurs mettent en pratique la consultation/médiation interculturelle. Ce terme barbare désigne des consultations avec une équipe pluridisciplinaire qui entoure le patient : équipe soignante, médiateurs, traducteurs, membre de la famille du malade. La parole est donnée au patient et à ses proches pour s'exprimer (et c'est parfois la première fois !) sur leur perception de la maladie. A partir de ce récit les soignants vont repenser leur vision technique. Les deux points de vue ne s'opposent plus, mais se fondent pour créer une nouvelle dynamique pour affronter la maladie.
Cet essai est d'une lecture simple avec des concepts accessibles, ce qui n'est pas toujours le cas dans ce style d'ouvrage.
Les sept récits sont bouleversants d'humanité, d'humilité, de courage et d'espoir.
Commenter  J’apprécie         40
Le poisson, dit-on, ne se rend jamais compte avant d'être sorti de son bocal que l'eau lui est vitale. D'autres patients ont témoigné à leur manière : "C'est en France qu'on apprend l'Afrique".
Comment redonner l'espoir à cet homme brisé ? Nous allons passer deux heures avec Djibril au cours desquelles, faisant écho à son médecin, l'homme dialoguera presque sans pause avec Ismaël, le médiateur interculturel, donnant l'impression d'un homme assoiffé qui se désaltère enfin à l'eau fraiche.
Comme je vous le disais, chez nous, une personne n'existe pas seule. Nous ne sommes pas nés dans des sociétés individualistes comme en Occident. Qui que nous soyons, notre nom nous lie à notre clan, de notre vivant mais aussi après notre mort.
La plupart du temps, les soignants sont dans l’ignorance du monde des patients. D’ailleurs, la connaissance de ce monde ne leur est pas forcément utile. Sauf peut-être pour les malades sur lesquels ils « buttent ».