Je n'y suis pas spécialement sensible, mais l'intervention du bistouri saute aux yeux. La paupière gauche de Sonia Massard s'étire vers la tempe, quand la droite a tendance à tomber en rideau. Une coloration impure cerne le cou. Les lèvres surtout débordent jusque sous les narines, dans les moments où l'indignation l'emporte, comme si les substances dont on les avait gonflées se répandaient sous la peau. J'aperçois en même temps, par-delà les traits remodelés, le fantôme d'une harmonie perdue, un reste de la personne charmante, intelligente et gauche qu'elle était autrefois et imaginant ce qu'elle a du traverser, l'humiliation, les insomnies, les solutions de désespoir, j'éprouve une de ces peines qui vous donnent envie de fuir.