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Citation de laulautte


Il leur avait fallu fuir devant l'irrésistible avance des moines austères qui jamais ne riaient et tenaient les plaisirs de la chair en grande exécration. Il leur avait fallu se replier en désordre, incrédules, et déjà vaincus, ne comprenant pas qu'on leur préférât une religion si contraire aux appétits du corps, une croyance où la peau des femmes était considérée avec autant de défiance qu'une charogne porteuse de peste. Ils avaient dû s'échapper tandis qu'on abattait leurs temples blancs, solaires, lumineux, pour dresser d'obscures églises aux allures de citadelles. Et partout de l'encens, l'eau bénite, la maigre hostie de farine, là où ils avaient instauré l'usage du vin épais mêlé au miel et des viandes rôties. Une religion à la sombre figure les chassait, une religion sans rires, dépourvue de danses, et où les femmes, les hommes cachaient leur corps comme s'ils en avaient honte. Effrayés, perdus, ils avaient sauté de leurs piédestaux fendillés pour chercher refuges dans les bois, au cœur même de cette nature dont ils avaient symbolisé durant tant de siècles les forces vives. [...] Encerclés, ils s'étaient retranchés derrière le rempart des troncs centenaires, osant à peine bouger, à peine respirer, de peur que les moines à face de cire ne les voient et ne décident de faire des bois environnants un gigantesque bûcher dont la fumée s'élèverait si haut qu'elle noircirait le ventre des nuages.
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