Sept iles du détroit de Macassa, dans l'archipel de Bornéo,
ont été englouties, suite à l'extraction intensive de sable, jusqu'à trois millions de mètres cubes par mois. Ce sable est exporté principalement vers Singapour, où on l'utilise pour étendre les terres. La pêche a aussi beaucoup diminué. Une enquête des Nations Unies a démontré que les fines poussières issues de l'extraction peuvent être emportées par les courants marins sur des distances de trente-sept à cinquante-cinq kilomètres, l'eau devient marron et cela impacte les mangroves, les plages
et les récifs de corail. Cercle vicieux, de nombreux pêcheurs pour survivre, sont devenus des extracteurs de sable. A Bornéo, l'extraction se poursuit sur les plages et les montagnes, ravageant les forêts de mangrove et l'ensemble de l'écosystème. Mais les dix-huit millions de tonnes de sable extraites chaque année ne sont pas uniquement exportées, elles servent aussi pour construire les autoroutes Trans-Bornéo et Trans-Papua, qui constituent des voies de transport pour le bois tropical, l'huile de palme et le minerai. Ainsi, on ravage d'un côté, pour construire des routes qui servent à détruire plus loin.
Dans certains endroits, les plages ont complètement disparu et ailleurs, on les voit reculer à une vitesse incroyable. C'est un phénomène de dégradation visible dans une vie d'homme. (...) en une génération, les hommes détruisent ce que la planète a mis des millénaires à créer.
Lui revint en mémoire le poème d'Elouard que sa mère lui faisiat apprendre quand il était enfant,
"comprendre qui voudra/moi mon remords ce fut/ la malheureuse qui resta/ sur le pavé/ la victime raisonnable..."
Il s'était pourtant juré de ne plus s'intéresser à de pareilles histoires. l'État français et ses entreprises multinationales jouaient un sale jeu en Afrique : quand on y mettait le nez, on était souvent déçu et, quelques fois pire...
Le sable, c'est vraiment le problème. C'est la deuxième ressource naturelle la plus consommée, après l'eau et loin devant le pétrole. Il n'y en a jamais assez, alors tous les moyens sont bons.