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Citation de Charybde2


Elle s’était assise sous l’ombrelle d’un énorme saule dont la chevelure, passant par-dessus elle, allait se tremper dans l’eau étale, de sorte qu’elle pouvait suivre sans être vue les évolutions calmes d’un canard de Poméranie. Deux hautains Suédois à cou noir émergèrent sans bruit des roseaux et vinrent mêler leurs arabesques aquatiques aux siennes. Un duo de rondouillards Pékin et une femelle d’Arlequin gallois au cou couleur de miel les rejoignirent. Puis un bruit du côté du cimetière déclencha un brusque envol général au ras de l’eau d’abord et depuis le faite des arbres ensuite. Les volatiles avaient disparu.
Une porte étroite et basse, que Sylvie n’avait pas remarquée jusque là, s’était entrouverte dans l’enceinte du cimetière. Des êtres de petite taille en sortirent, sur deux ou quatre pattes. Comme la troupe zigzaguait entre de gros massifs de rhododendrons aux corymbes bleus, la capitaine repéra quatre filles, trois garçons, trois chiens, deux chats et un lapin blanc. Ce dernier était juché sur les épaules d’un des garçons, un épagneul ouvrait la marche et deux patous à l’abondante fourrure blanche encadraient le cortège tandis que les chats, qui s’étaient glissés au-dehors juste avant que l’un des enfants referme la porte, semblaient suivre plus ou moins le groupe avec cet esprit d’indépendance qui caractérise leur espèce : en s’arrêtant pour se gratter, en revenant soudain en arrière pour examiner quelque chose à terre, en bondissant tout à coup sur le côté pour tenter d’attraper quelque chose de plus rapide qu’eux. Mais enfin, le mouvement général était bien celui-là : tout le monde se déplaçait ensemble. Ils contournèrent l’étang, chacun à son allure, jusqu’à se regrouper sur une plage de vase séchée à quelques mètres de Sylvie. Au bord de l’eau, comme une énorme canine gâtée, un tronçon de tronc noirci émergeait de la vase et la troupe se disposa devant lui en arc de cercle. Les deux filles les plus grandes, maigres et anguleuses, s’avancèrent en tenant entre elles, mains serrées sur les avant-bras, un garçon nettement plus petit.
Abritée des regards par les feuilles du saule, la capitaine observait le manège.
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