Serge Sabarsky

A L'EPOQUE DE L'INDUSTRIE DE LA PHOTOGRAPHIE PORNOGRAPHIQUE
Avec l'invention de la photographie, notamment celle du daguerréotype en 1850, se développe également la mode des photos pornographiques. Ces photos servaient de modèle aux artistes ; il en est ainsi de Schiele qui fit bon nombre de photos de ses modèles. Elles étaient des pièces, des pièces de collection pour les érotomanes. leur usage principal fut cependant de servir de carte de présentation dans les maisons closes, pour aider le client à choisir son "menu". Si la production des clichés érotiques n'était pas interdite, la publicité l'était. Tant les modèles que le photographe risquaient alors la prison. La première condamnation intervient en 1851. Le photographe français Joseph Antoine Belloc écope d'une peine légère de trois mois d prison lorsque l'on découvre chez lui 4 000 clichés obscènes et quatre gros albums de "femmes nues". [...]
En août 1911, Schiele se voit contraint à déménager avec Wally à Neulengbach situé à proximité de Vienne, en Basse-Autriche. le fait de se retirer à la campagne était un acte naïf et peu perspicace : il devait fatalement choquer la population locale conservatrice par son mode de vie extravagant. Il était prévisible que le fait de vivre en union libre avec Wally, encore mineure, allait monter contre lui les habitants de cette ville provinciale.

Nombre de biographes et d'historiens de l'art ont fait état de la mystique de la vie de Schiele, une vie qui est généralement présentée comme étant profondémenet tragique et névrotiqe. Leur image préférée de Schiele est celle d'un psychopathe, obsédé sexuel. D'autres voient en lui un fantaisiste révolutionnaire, un agitateur. La biographie des gens célèbres est d'autant plus intéressante et leur succès est d'autant mieux garanti que leur vie fut plus scandaleuse, malheureuse ou complexe. Et à défaut de traits de caractère extraordinaires ou si le sujet n'est tout simplement pas assez névrotique, l'histoire a tendance à inventer.

"Vienne fin de siècle". Depuis quelques années, cet apogée artistique à nul autre pareil fait l'objet d'une admiration quasi culturelle. De Londres à New York, de Venise à Tokyo, nombre d'expositions ont documenté les événements et performances culturels de Vienne vers 1900. Lors de ces expositions, Oscar Kokoschka est présenté la plupart du temps avec Gustav Klimt (1862-1918) et Egon Schiele (1890-1919) comme l'un des trois grand maîtres de l'Ecole Viennoise.