A la tombée de la nuit, nous dînâmes en vidant une bouteille d'alcool coupé d'eau. Puis nous prîmes nos bâts. En nous fixant de ses yeux bleus pleins de bonté, Muzanski, petit et comique, nous serra les mains :
- Je vous souhaite bonne chance, messieurs. Ne traînez pas, là-bas. Revenez au plus vite. Je me sentirais bien triste, sans vous...
De loin, du côté du village, une chanson biélorusse nous parvient :
Il fait une nuit d'encre.
J'ai peur, moi,
Raccompagne-moi donc,
Maroussia !
Les pas se rapprochent encore. Ils vont sans entrain, ils traînent longuement. Il me semble qu'ils sont tout contre nous.