Découvrez trois sorties littéraires immanquables de septembre dans notre nouvelle vidéo !
----------------------
Les livres dont on vous parle dans cette vidéo :
- La Coupure de Fiona Barton : http://bit.ly/2oNBkxH
- Lucky boy de Shanthi Sekaran : http://bit.ly/2QcsZQn
- Ash Princess de Laura Sebastian : http://bit.ly/2NmlmZe
Rejoignez notre Bookclub Bookeen : http://bit.ly/2ASauI7
et ne manquez pas notre article sur les 10 immanquables de septembre : http://bit.ly/2M5Oak2
----------------------
Vous pouvez également venir parler littérature et lecture numérique avec nous sur :
- Twitter : https://twitter.com/Bookeen
- Facebook : https://www.facebook.com/Bookeen
- Instagram : https://www.instagram.com/bookeen_cafe/
----------------------
Musique de fond : I Will Not Let You Let Me Down (Instrumental Version) by Josh Woodward (licence CC) http://bit.ly/2qSEksB
+ Lire la suite
Kavya souleva les plis de son sari pour marcher sur l’herbe humide. Une fois que leurs filles eurent grandi et quitté le foyer, les Patel avaient emménagé dans ce quartier résidentiel en périphérie de la ville, au pied de la Sierra Nevada. Là, les maisons avaient des baignoires de la taille des bungalows de Berkeley, et des pelouses s’étendant à perte de vue, dénuées de tout autre végétal, ponctuées seulement par des piscines ou d’occasionnels belvédères. Parler de communauté aurait été exagéré. Les maisons – ou plutôt, les manoirs – se dressaient de façon si clairsemée sur les collines verdoyantes que les voisins étaient quasi indétectables.
Elle trouvait du réconfort dans ses souvenirs d’Ignacio, dans les détails de sa personne : la tache de naissance sur sa cuisse potelée, ses deux dents naissantes, sa manie d’attraper le manche du balai lorsqu’elle l’avait en mains. Le flux était incontrôlable. Elle repensait à toute ses fois où elle l’avait posé sur le sol malgré ses larmes, car elle avait de la vaisselle à faire et des oignons à émincer, aux fois où ses neuf kilos lui avaient parus trop lourds, où elle n’aspirait qu’à se mouvoir sans entrave, à la liberté de s’affaler sur un canapé avec un verre d’eau fraîche et de rêvasser paresseusement. Elle pensait à ses petits bras tendus vers elle, à sa façon d’appuyer le front contre le sol et de pleurer, théâtral et inconsolable. Ces nuits-là, lorsqu’elle s’abandonnait, elle rêvait de son petit corps blotti contre le sien, moelleux mais tonique, à ce poids qui lui faisait mal aux épaules.
Pour la première fois, elle se mit à observer les enfants. Les bébés. Sa poitrine se serra à leur vue. Elle aurait voulu en tenir un contre son cœur, sentir le poids doux et chaud d’un nouveau-né dans ses bras. Aimer et être aimée. Concocter une vie toute neuve à partir de son propre sang, de son propre corps. Devenir le foyer d’un être, un nid rassurant et doux dans un monde aux contours tranchants.
Son accent respirait l'instruction, et comme c'était le cas de certains Indiens expatriés, son anglais était si parfait qu'il était à peine compréhensible.
[...] n'était il pas déplacé de s' arroger des droits sur un enfant dont la mère biologique était bien vivante ?
[...] désormais, elle comprenait que l'impossibilité n'était que de l'ignorance voilée par la pauvreté.