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4/5 (sur 5 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : San Francisco , le 19/11/1942
Biographie :

Sharon Olds, née le 19 novembre 1942 à San Francisco est une poétesse américaine.

Elle a reçu de nombreux prix, dont le prix Pulitzer de la poésie en 2013, le National Book Critics Circle Award en 1984, le premier San Francisco Poetry Center Award en 1980 ; elle a été poétesse lauréate de l'État de New York en 1998-2000.

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Citations et extraits (6) Ajouter une citation
ODE À LA PENSÉE



J'ai presque l'impression de te voir,
flottant dans l'air ‒ comme une espèce
à part entière. Je pensais que c'était moi
qui t'avais créée, quand j'étais dans ma chambre,
seule, avec mes ciseaux, mon scotch et mon papier ‒
alors que tu étais déjà là, faisant dieu sait quoi
pendant que je découpais, mes mâchoires bougeant au rythme
des lames. Parlais-tu avec tes mots ? Jouais-tu avec tes
alphabets ? Ou moins entravée encore, tout simplement,
balançais-tu tes protons et neutrons, tes électrons
dans tous les sens ? Je sais ‒ tu étais quelque chose à mi-chemin
entre un courant électrique et une vague, dans la matière
grise et blanche du cerveau. Ô pensée, tu étais
en moi, mais on n'aurait pas dit,
je pensais à toi dans les marges d'un éblouissement,
planante. Toi, ma chérie, tu dépasses l'entendement,
tu entres et sors de nos têtes
à ta guise, et nous sommes innocents
de tout ce que tu dis ‒ il n'y pas de sang sur tes mains,
chère pensée, alors que j'ai étranglé tellement
de tes semblables que les miennes
sont couvertes du tien ‒ ça suffit, va,
vagabonde, emplis la pièce, sors
et parcours le monde, de-ci, de-là,
en-haut, en-bas, au cœur de la terre, je sais que tu
reviendras: vois comme mes yeux se troublent quand je dis que
— Je ne suis pas folle.


/traduction (de l’anglais, USA) de Guillaume Condello.
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ODE À LA BARBE NAISSANTE.



Rumi l'a bien dit : le prix d'un baiser
c'est ta vie. Après mon divorce, j'ai compris
que ma passion pour les points, les dominos,
pour les ocelots et les coccinelles,
les étoffes brodées de pois — pour la barbe du papier,
les petites mouchetures — faisait partie intégrante de mon
amour pour les joues rasées, de mon adoration blasphématoire
pour la barbe naissante. Elle incarne des idées d'addition,
de racines carrées et de multiplication,
de coefficient, elle incarne la réalité
du désir, son équation :
peau rasée que multiplie la caresse, à la puissance
du feu du rasoir. Je n'aimais rien
autant que ces clous de fakir dans le lit de
la passion — la facilité avec laquelle ils poussent,
comme s'il était simple d'être un homme,
comme si c'était aussi magnifique, pour eux,
d'être cela, que pour nous, d'être pressées contre cela —
beauté d'être ce que l'on est, beauté
de ce que l'on n'est pas. Parfois, il posait sa
joue sur la mienne si lentement que les masculines
piques de fer, brillantes d'excitation,
plongeaient dans ma peau, comme si des passages
étaient prêts pour les y recevoir. Cette communication
directe entre la mâchoire
masculine et le genou féminin — ces aiguilles
qui changeaient les épines en eau — semblait imaginée
par des avocats de la reproduction
au plaidoyer devenu fou. Autrement
dit, je crois que les saints, agenouillés dans leur
grotte, brûlaient autant de revoir leur dieu que je
brûlais de revoir cette ombre de la barbe renaissante.
J'avais parfois du mal à croire
combien de temps je devais attendre, avec ce désir.
J'ai parfois regretté de ne pas être capable de flirter, mais j'ai
essayé, une fois, alors que j'étais une femme récemment
abandonnée, de sortir avec un homme qui n'était pas intéressé
par l'amour, j'ai cru mourir, mon cœur
c'est mon corps, le prix d'un baiser, c'est ta vie.


/traduction (de l’anglais, USA) de Guillaume Condello.
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ODE DES VENTS



Quand les températures chutent, que le vent commence
à gémir, dans les spirales de l'air conditionné,
et que je me demande comment le vent choisit
ses notes, miaulant doucement
sur un mode mineur,
je réalise soudain
que les tuyaux de l'appareil sont formées
de telle sorte qu'elles produisent un ré bémol, qui monte en un
mi, fa, fa dièse, et qui
redescend, à mesure que la brise qu'il souffle rafraichit
et faiblit. La conque contient des notes,
des notes siluriennes, et les cornes du bélier,
le chofar, en contient aussi — les instruments
ont été faits à la ressemblance des grottes, avec des tunnels
éoliens, à travers lesquels parlaient les dieux,
comme à travers le didgeridoo avec sa longue
gorge de deuil et sa bouche en cire
d'abeille, ou à travers les cuivres.
Et pendant combien de siècles avons-nous
écouté la puissante plainte sexuelle
des chats, avant de prendre leurs intestins et d'en faire
des cordes, pendant combien d'époques nos
prédécesseurs primates ont-ils grogné, en
fabriquant la prochaine génération,
avant qu'un, ou une, homo sapiens,
regarde un, ou une, autre homo sapiens,
et son corps, comme une
forme produisant des mélodies, et se demande quelles
notes il pourrait
en tirer ?
Et les parents qui battent leurs enfants, est-ce
pour la sentir passer, la mélodie – pour entre, à nouveau
la musique qu’on jouait sur eux
au commencement, pour les siècles des siècles et sans amen.


/traduction (de l’anglais, USA) de Guillaume Condello.
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Ode à la cuillère

Cuillère d'O, cuillère de rien,

cuillère d'ankh, cuillère de poonss ,

cuillère de la dame à la coiffeuse,

cuillère de , cuillère de femelle,

cuillère de , cuillère de guerre,

cuillère du monde, cuillère de Guerre de la

Mondes, cuillère de bonhomme allumette,

cuillère de fille, cuillère de garçon,

cuillère de lanceur de lance, cuillère de feu,

cuillère d'oeuf, cuillère de course d'oeufs,

cuillère de plat, cuillère de s'enfuit avec,

cuillère de s'est enfuie et est revenue, cuillère de n'est jamais revenue,

cuillère d'argent, cuillère d'or,

cuillère de lait, cuillère de Saturne,

cuillère de vulve, cuillère de vagin,

cuillère de Fourmi, cuillère d'Abeille,

cuillère de Vénus, cuillère de Serena,

cuillère de vugg, cuillère de vum,

cuillère d'araignée, cuillère de soleil,

cuillère de taxe, fie, ennemi, fum.

Cuillère de tout le monde. Cuillère

du ventre. Cuillère du ventre vide.

Cuillère de la pleine. Cuillère de personne

faim. Cuillère pour tout le monde.
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Mon compagnon dit que ce que j’écris

sur les femmes ne concerne que moi – « Tu as

soixante et quelques balais » s’exclame-t-il « et tu

écris encore sur la première fois où tu as baisé ! »
« Deuxième ode à l’hymen », p. 109
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Mais ce n’est pas que mon hymen –

certains parlent bien de Beauté ou de Vérité,

alors pourquoi ne pas s’occuper, directement, de la virginité

humaine, de l’Idée platonicienne

de l’hymen
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