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4.38/5 (sur 16 notes)

Nationalité : Japon
Né(e) à : Tōkyō , le 19/09/1919
Mort(e) à : Tōkyō , le 05/12/2008
Biographie :

Shûichi Katô est un historien des idées, encyclopédiste et médecin japonais.

Il sort diplômé en médecine hématologiste de la prestigieuse université impériale de Tōkyō. En parallèle à ses recherches en médecine, il s'intéresse à l'art et à la critique sociale.

Il est médecin à Tōkyō pendant la guerre et fait partie de la délégation de médecins japonais et américains qui se rendent sur le site d'Hiroshima après la capitulation du Japon.

Son séjour en France en 1951 fut pour lui l'occasion de ressaisir la culture et la littérature japonaises dans une perspective comparatiste : son essai, Une culture métisse (1956), insiste sur la diversité des éléments culturels au Japon, contrairement au mythe répandu de l'homogénéité de ce pays.

Ayant donné des cours de littérature japonaise dans plusieurs pays étrangers, il achève son étude monumentale, Histoire de la littérature japonaise (1975-1980), traduite dans plusieurs langues.

Katō a été professeur à la Freie Universität Berlin et à l'University of British Columbia, professeur invité à l'université de Ritsumeikan. Il a aussi enseigné à Yale University et à l'université Todai.

Opposant à la renaissance du nationalisme au Japon, il critiquera également le suivisme du Japon à l'américanisme.

Il écrivait également une chronique Paroles insensées à l'heure du couchant dans le grand quotidien Asahi.
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Source : www.larousse.f
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Bibliographie de Shûichi Katô   (6)Voir plus

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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Les intellectuels de l'époque, notamment les moines de la secte Zen et les confucianistes, soutinrent le nouvel ordre [du shogunat] en jouant quatre rôles différents. D'abord, il y avait les érudits officiels (goyô gakusha) qui étaient des fonctionnaires au service des autorités Tokugawa ; ensuite, ceux qui étaient au service des familles samouraïs qui avaient joué un rôle dans les guerres civiles ; puis ceux qui s'occupaient de l'homme ordinaire, c'est-à-dire des non-samouraïs ; enfin, un nombre restreint de poètes qui renonçaient au monde pour se dévouer aux arts littéraires. Qu'on puisse distinguer quatre groupes aussi bien démarqués indique la manière dont le nouveau système social commençait à stratifier la société. Il y avait des écoles intellectuelles indépendantes pour les puissants samouraïs de haut rang, pour les samouraïs de rang moyen et de bas rang, pour les masses et pour les intellectuels eux-mêmes. Bien entendu, l'état des arts à l'époque était analogue. Alors qu'au XV°s tout le monde, à commencer par le shôgun, assistait aux mêmes représentations de sarugaku [théâtre de poupées], au XVII°s les samouraïs regardaient le Nô et les chônin [bourgeois et artisans], le kabuki : c'est un exemple exceptionnel et frappant de la division sociale.
p. 23
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Avec tes bras
Blancs comme une corde de fibres de taku
Tu m'enlaceras
La poitrine, vibrante de jeunesse,
Douce comme la neige légère ;
Nous nous embrasserons
Et nos corps s'étreindront,
Tes mains, comme des joyaux,
S’enlaceront avec les miennes ;
Et les jambes étendues ;
Tu te coucheras et tu dormiras
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La tendance à tenir pour idéal le fait de ne pas s'appesantir sur le passé est, afin de faciliter la vie présente, particulièrement marquée dans la société japonaise. Mais après la Deuxième Guerre mondiale par exemple, comme cela a été souvent relevé, la société allemande n'a pas cherché à laisser filer "Auschwitz", mais la société japonaise a cherché à rejeter le "massacre de Nankin". Résultat : tandis que la relation de confiance franco-allemande a été "rétablie", elle ne s'est pas construite entre les peuples chinois et japonais.
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Littérature féminine de cour au Japon médiéval : le journal intime.
... Ce genre de journal, qui était très répandu au cours des deux cents ans qui vont du milieu du X°s au milieu du XII°s, a été écrit par des femmes qui appartenaient, pour la plupart, à la moyenne aristocratie, surtout celle des gouverneurs de province. Ensuite, beaucoup étaient apparentées entre elles et appartenaient à des familles d'où étaient issus également les poètes masculins qui écrivaient ou en japonais ou en chinois. Enfin, on sait que les meilleures d'entre elles servaient comme dames de cour (nyôbô) de haut rang, et avaient des appartements indépendants... Il est difficile de trouver un autre exemple, au Japon ou ailleurs, de femmes qui jouèrent un si grand rôle dans la littérature à une époque donnée et l'on est en droit de se demander pourquoi il en est ainsi. (...)
Comme l'accès au pouvoir gouvernemental leur était complètement fermé, alors qu'elles se trouvaient très proches de ce pouvoir, il ne fait pas de doute qu'elles étaient fort bien placées pour observer la vie de cour. Comme elles éraient dans l'impossibilité de modifier le monde, elles le scrutèrent et l'interprétèrent. (...)
pp. 204-208
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XII°-XIII°s
La fin du régime aristocratique conduisit une partie de la noblesse à établir une distinction entre culture et système social ; elle devint plus consciente de ses valeurs culturelles. Elle développa une prise de conscience des valeurs culturelles et esthétiques en marge des croyances politiques et religieuses ; c'était comme si la défense de la culture et des valeurs culturelles était devenue la raison d'être de l'aristocratie vaincue dans ses aspirations politiques. C'est dans de telles circonstances que Fujiwara no Teika écrivit ses oeuvres théoriques sur le waka (forme poétique), et que les poètes du Shin kokinshû* se consacrèrent à l'art.
Une autre réponse réside dans la prise de conscience de l'histoire. L'effondrement du système politique permit d'envisager d'autres alternatives. On s'interrogeait sans doute sur la question de savoir comment de tels régimes commençaient et finissaient. Répondre à ces questions impliquait non seulement de répertorier les événements du passé en fonction d'un ordre chronologique, mais aussi de traiter l'histoire selon les causes et les effets et de l'interpréter comme une entité structurée. C'est sur une telle toile de fond que fut rédigé, par le chef de la hiérarchie Tendai*, Jien, le remarquable livre d'histoire, le Gukanshô.
Shin Kokinshû : anthologie poétique impériale compilée en 1201.
Tendai : secte bouddhique.
p. 251
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... les écrivains se sont toujours intimement associés au groupe auquel ils appartenaient, ce qui crée une attitude plutôt fermée vis-à-vis d'autres groupes. Il y a, à cela, deux aspects : le premier est l'intégration parfaite de la littérature de la classe dominante. Le littérature de l'époque de Heian fut écrite par et pour l'aristocratie, alors que celle de l'époque des Tokugawa ressortait à la fois du domaine de la société guerrière bureaucratisée, et de celui des chônin [bourgeoisie citadine] qui présidaient à l'économie des villes (kabuki, yomihon, sharebon etc ...)
(...) Les écrivains professionnels étaient devenus si intégrés dans leur bundan [groupe] qu'ils ignoraient tout du monde extérieur. Un auteur qui est parfaitement intégré dans la société ne peut vraiment critiquer le système de valeurs de cette société ; il lui est impossible, à travers la critique, de transcender ses valeurs, mais en se fondant sur elles, il peut au moins en raffiner la perception. Sei Shônagon, par exemple, n'a aucunement transcendé la société de cour de l'époque de Heian, mais elle a bien réussi à en décrire les banalités avec une perspicacité remarquable. Sa tradition est toujours vivante dans la littérature japonaise moderne, et reflète nettement les traits distinctifs qui caractérisent la structure générale de la société japonaise.
p. 26 et 30
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Pour m'en souvenir
Dans l'autre monde,
Comme je voudrai le voir encore une fois.

Izumi Shikibu, XIe siècle
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La pratique d'apaiser l'esprit et le corps au moyen de la méditation fut présente dans l'Inde ancienne. Cette technique fut absorbée par le bouddhisme, où le Zen (dhyâna en sanscrit, c'est-à-dire méditation) devint une des six pratiques fondamentales du moine bouddhiste mahayaniste. Une secte chinoise - Tch'an, Zen en japonais - fit de cet exercice la base de son activité religieuse. En Chine, la secte Tch'an trouve ses racines dans l'époque des T'ang (618-907) et arrive à son apogée au cours de celle des Song (960-1279).

Le Zen est censé avoir été introduit au Japon à la fin du XII°s par le moine Eisai (1145-1215).... L'homme qui transmit le Tch'an le plus pur au Japon était le moine Dôgen (1200-1253) ; il se rendit en Chine avec Myôzen, disciple d'Eisai et il parvint à l'Eveil sous l'égide du maître Jou-Tsing... Dôgen écrivit de nombreux ouvrages, mais sa philosophie ... est exposée et développée en détail dans son oeuvre principale, le Shôbo genzô...

Le Shôbo genzô est un des chefs d'oeuvre en prose du XIII°s. La raison pour laquelle il ne fut pas écrit en chinois conformément aux habitudes de l'époque n'était pas due au fait que Dôgen désirait que l'ouvrage fût d'accès facile aux masses ... [ni parce que] Dôgen, qui avait vécu quatre ans en Chine, était moins bien versé en chinois que Shinran ou Nichiren, mais parce qu'il connaissait trop bien cette langue...

Dôgen désirait décrire objectivement l'expérience zen, car ... le japonais était plus apte à exprimer le caractère immédiat de la chose, alors que le chinois répondait mieux à la discussion objective... Dôgen ouvrit un chemin à un monde nouveau grâce à son usage élégant des possibilités de la langue japonaise qu'il avait découvertes par l'intermédiaire du chinois. Voici un exemple au moyen duquel Dôgen associait le concret à l'abstrait :

" Pourtant, malgré tout, les fleurs que nous aimons se fanent, et la mauvaise herbe que nous détestons croît."

Ce genre d'association trouve ses origines dans la poésie chinoise, mais Dôgen l'utilise de façon tout à fait personnelle : il mélange des sentiments très ordinaires à des idées hautement abstraites en parlant du monde phénoménal. Les fleurs et la mauvaise herbe sont des images concrètes porteuses de significations abstraites.

Ainsi, au cours de l'époque de Kamakura (1185-1333), furent introduits dans la prose japonaise de nouveaux éléments qui ne trouvent leurs origines ni dans le chinois de l'Ojoyoshu, ni dans le japonais du Genji Monogatari.
pp. 267-272
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Les Japonais, qui utilisaient les caractères chinois pour écrire leur propre langue, inventèrent aussi une méthode qui leur permît de lire, dans le texte, la poésie et la prose chinoises - mais à la japonaise. En utilisant les "kaeriten" (sortes de marques-guides), ils arrivèrent à établir l'ordre correct, en japonais, des mots de la phrase chinoise ; désinences et terminaisons des mots individuels étaient indiquées au moyen d'"okurigana" (autre genre de marques-guides). Grâce à ces méthodes qui permettaient de "traduire" le chinois, les Japonais purent écrire leur propre poésie et leur propre prose en chinois. Par conséquent, depuis le VII° jusqu'au XIX°s, la littérature japonaise s'écrivit en deux langues : en japonais et en chinois (ou plutôt une version japonaise du chinois).
p. 17
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Les poètes japonais du début du IX°s, qui écrivaient en chinois et qui commençaient à être versés dans la technique poétique chinoise, n'avaient pas encore maîtrisé la langue au point de pouvoir exprimer leurs propres émotions. Les trois anthologies impériales illustrent combien les Japonais avaient fait de progrès dans l'art de la composition poétique en chinois ; mais ce n'est qu'à la fin du IX° ou au début du X°s qu'ils furent en mesure d'utiliser la langue chinoise pour exprimer, en poésie, de véritables émotions. C'est le cas de Sugawara no Michizane.
(...)
On trouve, dans les deux anthologies, Kanke bunsô et Kanke kôshû, , quelque 555 poèmes de Michizane. Les meilleurs sont sans doute "Cent distiques sur mes pensées". Il les écrivit après son exil de Kyoto, dans l'île de Kyushu, et il y traite de beaucoup de sujets : paysages le long de son chemin, pensées sur la vie, bouddhisme et nostalgie du pays, souvenirs de Kyoto, désespoir et sentiments profonds... En parlant de sa déchéance, il se compare à un grand arbre courbé sous le vent et prétend qu'il n'est pas possible, pour un homme, de vivre honnêtement dans la société de son temps. Sur les conditions de son exil, il écrivit les lignes suivantes :
"J'ai écrit ce qui m'est venu à l'esprit
J'ai composé des poèmes que j'ai ensuite brûlés." (...)
IL brûlait ses textes et, ce faisant, il en écrivait d'autres. Composer lui semblait une perte de temps mais il s'y acharna. C'est ainsi que fut écrit un des plus grands chefs-d'oeuvre de la poésie lyrique japonaise. Compte tenu de l'étendue des thèmes, du pittoresque des descriptions, et surtout de l'intensité du cri amer qui jaillissait du plus profond de son coeur, la poésie du Kanke kôshû, notamment les "Cent distiques sur mes pensées", ne fut jamais dépassée dans toute la littérature japonaise, ni auparavant ni par la suite.
Pages 135 et 144.
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