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Citation de lanard


En résumé, l'apparition de la cellule familiale centrée sur l'enfant rendit nécessaire une institution qui puisse structurer l'"enfance" de telle sorte qu'elle garde les enfants le plus longtemps possible sous la dépendance des parents. Les écoles se multiplièrent, remplaçant l'étude et l'apprentissage par une éducation théorique, dont la fonction était de "discipliner" plutôt que d'enseigner la connaissance pour elle-même. Il n'est donc pas étonnant que l'instruction scolaire moderne retarde le développement de l'enfant au lieu de l'accélérer. Si l'on séquestre les enfants loin du monde adulte - les adultes ne sont après tout que de grands enfants qui ont l'expérience du monde - et si on rassemble dans la proportion artificielle de un adulte pour vingt enfants et plus, comment le resultat final pourraît-il être autre chose qu'un égalisation de l'ensemble de ces enfants à un niveau moyen (médiocre) d'intelligence? Et comme si cela ne devait pas suffire, une distinction selon les âges fut instaurée après le XVIIIè siècle, avec un cloisonnement rigide des "classes". Il n'était même plus possible aux enfants de se guider sur leurs aînés en peu plus âgés et plus expérimentés. La plus grande partie de leurs heures de veille était confinée à l'intérieur d'un groupe soigneusement limité à leurs contemporains(note 9), et on leur donnait à absorber un "programme". Une aussi rigide gradation des classes augmentait les étapes qu'il fallait franchir pour devenir adulte, et il était ainsi plus difficile à un enfant de trouver son propre rythme. La motivation qui le poussait à l'étude devenait extérieure, c'était une recherche de l'approbation, qui tuarit à coup sûr toute originalité. Les enfants, autrefois considérés simplement comme des êtres jeunes (de la même manière que dans un jeune chiot qui grandit, on voit le futur chien), formaient maintenant une société bien distincte de celle des adultes, avec sa propre classification interne encourageant la compétition; "Le type le plus formidable du quartier', "le garçon le plus fort de l'école", etc. Les enfants pensaient obligatoirement en termes de hiérarchie dont l'expression suprême est: "Quand je serai grand..." L'école reflétait en cela le monde extérieur où, selon les âges et les classes sociales, s'instaurait une ségrégation de plus en plus marquée.


note 9: Cette situation est poussée à l'extrême dans les écoles contemporaines, où des enfants parfaitement capables doivent attendre une année avant d'entrer dans la classe qui pourrait être la leur, parce que, par rapport à une date arbitrairement fixée, ils sont trop jeunes de quelques jours.
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