Malgré tout, je me sentais honteux, sans bien savoir pourquoi. Au cours des semaines, puis des mois qui suivirent, je m'efforçais d'effacer cette journée de ma mémoire. J'avais pris part à ces agissements : je m'étais porté volontaire pour sermonner ceux que nous soupçonnions de comportement déviant ; j'avais fouillé, froissé et foulé aux pieds les affaires de Mendy. Je m'étais alors senti partie intégrante d'un groupe, élément insignifiant d'une volonté collective qui surpassait et enchaînait la mienne. J'avais mesuré, pour la première fois de ma vie, le pouvoir d'une foule en colère.