Au Sommeil
Toi, enfant du Silence et de la Mort,
Père de visions, fictives et charmantes,
C’est sur tes pas sans bruit, Sommeil aimable,
Qu’au Ciel d’Amour souvent montent nos âmes ;
Lorsque chacun, sauf moi, au sein des ombres,
Légères et clairsemées, se repose et dort,
Laisse, je t’en prie, les grottes cimmériennes
Et l’Erèbe, aussi noir que mes pensées,
Et viens consoler mon désir inassouvi
Avec ton oubli, doux et tranquille, et avec
Son beau visage qui me ravit et m’apaise.
Mais, faute de jouir en toi de son image
Dont je suis fort épris, je jouirai du moins
De celle de la Mort, objet de mon désir.
// Giovambattista Marino (1569 - 1625)
/ Traduit de l’italien par Sicca Vernier